Recherche avancée       Liste groupes



      
POP  |  STUDIO

Commentaires (1)
L' auteur
Acheter Cet Album
 

ALBUMS STUDIO

2025 Addison

Addison RAE - Addison (2025)
Par ARCHANGEL le 28 Juin 2025          Consultée 343 fois

Son histoire rappelle celle de Rebecca BLACK, moquée et propulsée trop tôt dans la lumière crue de la pop. Comme sa collègue, Addison RAE revient prendre sa revanche. Addison, c’est une jeune danseuse du Sud des États-Unis, une star sur TikTok et le visage photogénique d’une génération qui scrolle plus vite que son ombre. Quelques rôles pas très glorieux dans des films pourris, on aurait pu la classer dans la case des produits d’Internet, mais RAE a décidé de réécrire le script. Avant Addison, l’album qui affole aujourd’hui les charts, il y a eu l’E.P AR en 2023 qui lui permet de trouver son public mais aussi beaucoup de condescendance.

Addison incarne depuis toujours ce que beaucoup refusent encore d’accepter : qu’une femme jeune, populaire, venue du numérique, puisse aussi nourrir une véritable ambition artistique et puisse vouloir créer. Alors on l’a réduite à ça, comme si la beauté et la célébrité annulaient toute ambition sincère, rendant tout projet suspect. Mais ce que personne n’avait prévu, c’est qu’elle allait revenir, motivée par CHARLI XCX qui voit en elle une innovatrice ; mais aussi grâce au duo de productrices-compositrices Elvira Anderfjärd et Luka Kloser, toutes deux signées par Max Martin.

Dès l’ouverture, "New York" donne le ton (Love New York/Love New York/Feel so free/It’s my religion). Ce titre claque comme une porte de taxi à l’aube, dans une ville qui ne dort jamais, et son tempo frénétique l'apparente résolument à la tech-house avec un kick martelé en boucle. La production hyperpop refuse tout compromis : synthés stridents, basses compressées, voix pitchée, distordue, prise dans un vortex numérique et une liberté de ton qui évoque sa pote CHARLI XCX ou encore SOPHIE. Dans le même esprit, Addison déroule sur le single "Aquamarine" sa propre version du dancefloor : liquide, vaporeux, affirmé alors que le chant d’Addison se teinte d’une froide sensualité (Baby come touch the pearl/The world is my oyster/And I’m the only girl). Le beat devient aquatique et les synthés s’étirent, faisant penser à MADONNA, de quoi se prendre pour une sirène pendant tout l’été.

Si certains doutaient encore, "Summer Forever" vient clore le débat : Addison est l’album pop de l’été. Le genre de disque qui ne plaira pas à tout le monde, mais qu’on met à fond, fenêtres ouvertes. Les vocalises effleurées des couplets, chantées du bout des lèvres avec un souffle léger très Britney-esque, glissent sur l’instru avec douceur et insouciance, avant que le refrain ne s’ouvre, baigné dans une production plus ample où les nappes de synthés brumeux rappellent la signature atmosphérique de Lana DEL REY. D’ailleurs, RAE cite ses influences dans "Money Is Everything", un morceau qui m’a un peu moins convaincue, bien qu’il reste cohérent avec le reste de l’album. Son texte, aussi ironique que désinvolte, m’a fait sourire (And when I’m up dancing, please DJ, play Madonna/Wanna roll one with Lana, get high with Gaga/And the girl I used to be is still the girl inside of me) mais musicalement, c’est le moment le plus faible du projet.

"In The Rain" met en avant une production et des percussions qui penchent vers un R&B très esthétique, filtré à travers l'ambiance tamisée qui traverse l’album, à l’image du single "High Fashion". On y entend un beat électro-synth-pop où la basse pulse lascivement tandis que les paroles revendicatives (I don’t need your drugs/I’d rather get high fashion) reflètent à la perfection la signature de cette équipe girl power qui puise dans un savoir-faire scandinave redoutable. Ce qui rend cet album puissant, c’est qu’il a été façonné par cette alliance 100% féminine qui revendique une musique pensée à travers le prisme de ce que le cinéma nomme le female gaze - et qu’on pourrait bien appeler, pour la musique, l’oreille féminine.

Il s'agit d'un regard sonore, subjectif et sensible, porté par et pour les femmes. Cette pop sexy et feel-good célèbre les désirs, les émotions et les complexités féminines sans se soucier des regards masculins ou des attentes patriarcales comme sur les singles "Diet Pepsi" et "Fame Is A Gun". Le premier est un banger synth-pop, une décharge de sex-appeal irrésistible, contenant des vocalises aériennes et des paroles un brin provoc’ qui flirtent entre tentation et pouvoir de séduction (When we drive in your car I’m your baby/Losing all my innocence in the back seat/Say you love, say you love, say you love me). "Fame Is A Gun" est tout aussi envoûtante et scintillante, mais la production, plus sombre, ne se prive jamais de son intensité narrative (God gave me the permission/And when you shame me/It makes me want it more).

L’album se referme sur deux titres plus mélancoliques : la ballade "Times Like These" bercée par des touches d’orgue et une ligne de chant murmurée, puis le single "Headphones On", un dernier refuge sonore dont le concept interpellera même les plus réticents (Guess I gotta accept the pain/Need a cigarette to make me feel better/Every good thing comes my way, so I/So I put my headphones on/Listen to my favorite song). Quelques notes de violoncelle viennent se glisser dans cette électro-pop alternative qui rend hommage à l’évasion par la musique et aux heures solitaires passées avec un casque sur les oreilles.

Avec Addison, RAE signe bien plus qu’un énième projet pop : elle impose une vision artistique solaire et culottée, preuve qu’elle a su se réinventer intelligemment, avec la volonté d’exister en grand. Alors que la pop et ses sous-genres restent encore trop souvent raillés et regardés de haut, Addison RAE affirme ici une vérité simple, celle qui dit que la pop peut être savoureuse, intelligente, sexy et excessive, tout en restant viscéralement humaine. Peut-être qu’un pan de l’avenir de la pop se joue ici, entre autres, dans cette proposition solide et addictive, aussi légère dans son approche que puissante dans ses intentions. Addison joue des clichés et s’en amuse, canalisant avec panache la modernité de l’hyperpop et le son des années 90-2000. Peut-être a-t-elle longtemps cru que ses rêves étaient trop grands pour elle. Mais aujourd’hui, elle le prouve : elle n’est ni trop féminine, ni trop accessible, ni trop commerciale pour mériter qu’on l’écoute sérieusement ; à sa place en haut des charts, en tête d’une pop qui s’assume comme un art dont les femmes savent parfaitement tenir les commandes.

A lire aussi en POP par ARCHANGEL :


Britney SPEARS
Blackout (2007)
It's Britney, bitch !




Lana DEL REY
Chemtrails Over The Country Club (2021)
Théorie du complot ou pas, lana reste au top


Marquez et partagez





 
   ARCHANGEL

 
  N/A



Non disponible


1. New York
2. Diet Pepsi
3. Money Is Everything
4. Aquamarine
5. Lost & Found
6. High Fashion
7. Summer Forever
8. In The Rain
9. Fame Is A Gun
10. Times Like These
11. Life’s No Fun Through Clear Waters
12. Headphones On



             



1999 - 2025 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod