Joe TALBOT les tient en très haute estime, les qualifiant de meilleur groupe de Brighton, sinon du monde. Une belle marque d’amour que le chanteur d’IDLES matérialisa concrètement en invitant les DITZ à leur tournée de 2024 pendant laquelle ces derniers purent troquer leur expertise des salles confidentielles contre la découverte d’enceintes plus imposantes.

Élaboré en partie sur la route, le nomade Never Exhale est ainsi le produit de ce changement de dimension demeurant malgré tout purement relatif, le quintet ayant conservé sa confiance à l’égard d’un label indépendant afin de distribuer son nouveau disque, milieu underground où il se sent décidément comme un poisson dans l’eau depuis ses premiers jours en 2016.

La formation met cependant un laps de temps avant de trouver sa composition optimale, intervenant finalement via l’arrivée du batteur Sam EVANS en 2019, rejoignant les amis d’enfance Cal FRANCIS (chant) et Caleb REMNANT (basse) auxquels se sont rapidement greffés les guitaristes Anton MOCOCK et Jack LOOKER. Le patronyme choisi, monosyllabique et tout en majuscules – a contrario de black midi – au sein d’une époque où l’aspect stylistique a acquis une importance indéniable, exprime l’impact d’un groupe aussi foudroyant qu’une décharge électrique, le z final rendant en outre possiblement hommage à certains gangs expérimentaux et obscurs des années 60 tels les GODZ.

Un EP en 2020 puis un premier longue-durée en 2022 lancent pleinement l’aventure musicale des DITZ, caractérisée également progressivement par une réputation scénique incendiaire. Never Exhale continue de tracer une route authentique mais maintenant sa tension palpable, à l’image du visuel choisi montrant un visage n’ayant plus grand-chose d’humain, déformé par quelque vision d’horreur ayant presque mené notre personnage au statut de pré-cadavre, ces orbites proéminentes ayant peut-être rencontré rien d’autre que la mort elle-même.

Ce trouble, on le ressent en continu tout au long de morceaux se plaisant à jouer avec nos nerfs tel un chat tenant entre ses griffes meurtrières une souris. Rythmes jamais avares de ruptures, basse pachydermique, constructions alambiquées, riffs tranchants recréant à l’occasion alarmes inquiétantes ou sonneries téléphoniques stridentes déformées, DITZ balade son imposante carcasse entre un noise rock tapageur et un post-punk aux frontières du post-hardcore. Le vocaliste Cal FRANCIS adjoint à cette mixture un chant imprévisible, alternativement hurlé ou parlé, ton monocorde devant autant à SLINT qu’au leader de PULP Jarvis COCKER.

Les influences sont ainsi multiples chez DITZ, même si celle du grand frère IDLES est indéniable. "V70" lance le disque via un manifeste instrumental où SONIC YOUTH revisiterait le "Speak to Me" inaugural de The Dark Side of the Moon lui octroyant force bruits inquiétants et industriels, cette interlude mènerait sans transition à la porte du taxi auquel serait confiée l’éventuelle fuite. Plus loin, "18 Wheeler" convoque les intellos de SHELLAC le temps d’un canular final à la lourdeur assumée quand "Smells Like Something Died in Here", sans doute la pièce décisive du recueil, porte en son sein une insurpassable solennité, se matérialisant en ultime instance par l’irruption d’un clavier irréel, rai de lumière traversant un vitrail que les SWANS avaient déjà emprunté en gravant le formidable "Children of God" ou les DAUGHTERS en actant leur revirement stylistique vers des rivages inédits.

L’album se termine sur le volumineux "Britney", sept minutes introspectives inconfortables, l’auditeur ballotté ne sachant jamais réellement ce qu’il va trouver derrière chaque porte qu’il parvient à ouvrir non sans une certaine difficulté. Une constante tout au long d’un enregistrement palpitant.

3.5 arrondi à 4.