Depuis le confinement, l'artiste français MIDRONE établi en Espagne a décidé de revenir sur ses premiers albums en les réenregistrant. Après ReFascination en 2021, c'est au tour du quatrième conçu en 2013, Foreverness, de passer par la case 'MAO satisfaisante' et de voir un Re(visited) accolé à son titre. On sait que MIDRONE, alias Paul J. No, est un one-man band qui s'enrichit de musiciens intervenants, et notamment ceux du groupe véritable dont il fait partie depuis une dizaine d'années, à savoir LUNEAR, trio pour le moins compétent ayant un pied à la fois dans la pop et dans le rock progressif.

Cette véritable cohésion d'équipe se retrouve sur les autres projets des uns et des autres, comme celui-ci et les albums de MIDRONE qui ont précédé. Comme souvent, Paul J. No en profite de son côté pour développer son amour de la synth-pop et les messages plus ouvertement politiques. Ainsi, après un "Arabian Wonders" qui retrace de façon personnelle et 'magique' (rythmique tendance hip-hop et sample doux de flûte orientale, marche plus 'rock' ensuite) la présence de la civilisation musulmane pendant les siècles d'histoire et à travers l'Europe, "The Party is Over" use de discours radios multiples pour décrire la fin de grands idéaux comme le rêve américain, l'hégémonie occidentale.

En dépit de belles idées musicales, ces titres ne sont pas les meilleurs de l'ensemble, un peu trop sucré pour le premier et le deuxième, malgré sa pop héroïque appréciable, trop soumis à ce caractère socio-politique oral à de multiples moments. On préfère "A Miracle is in the Air", pop-rock à la fois rétro et moderne/cosmique, aux choeurs et crescendos superbes, qui met en place l'ensemble du trio de LUNEAR mais hors de son contexte habituel et pour une bonne part du disque.

Pour l'aspect sonore luxueux, tout comme l'album précédent de MIDRONE (Sangomore, 2021) et le dernier de LUNEAR (From Above, 2024), David Paredes vient déployer ses bons services au mixage/mastering de Foreverness Revisited. S'il y a toujours le côté 'fait maison' bien visible, il est doté d'une puissance certaine. Un titre comme "The Little Walk Down Memory Lane" en bénéficie, débutant comme de la pop-folk californienne, prolongé avec une partition batterie sympathique (tout en mini-breaks) et présentant un beau rapport guitare/piano électrique.

Il y a également la profondeur acoustique de "Don't Mean Anything" avant une envolée plus pop à tendance progressive, le heavy lent de "The Story of Jimmy Jack", le slow rêveur "Halo" à mélodie fine, et saupoudré de Mellotron, la maîtrise rock clair-obscur de "Many Ways to Say Goodbye". Si l'artiste s'oriente vers des artistes comme PINK FLOYD, MARILLION, DURAN DURAN ou encore TAME IMPALA, on trouve beaucoup de GENESIS et notamment Tony Banks dans ce "Springtime Nights" au final Mellotron voix/piano, ainsi que celui de "Foreverness", superbe ballade groovy et planante, dont le beau piano final réverbéré sonne très A Curious Feeling (1979).

Si l'on ajoute le chant toujours agréable de Paul J. No, pour ceux qui le connaissent grâce à LUNEAR, une instrumentation plutôt bien menée avec tantôt la douceur (même si un brin trop sucrée) de KEANE, tantôt la vibe pop créative et 'branchée' de DEPECHE MODE, tout ici est fait pour plaire à des amateurs de pop-rock inspiré. Certains titres usent de l'effet longueur et n'en tirent pas avantage, il reste quelques moments moins convaincants, mais pour le reste, c'est un beau travail.

Note réelle : 3,5
Pour écouter sur BandCamp : https://midrone.bandcamp.com/album/foreverness-revisited