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MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  COLLABORATION

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Guy BOYER - Musique Polyphonique (avec Maurice De Courpalay) (1981)
Par NANAR le 29 Juillet 2025          Consultée 39 fois

Voilà un album inattendu de la part de Guy BOYER, coincé entre ses albums de jazz lounge (Ballade Pour Un Vibra, Jazz In Vibes), ses divers travaux orchestraux et ses incursions dans la pop électronique (In The Moog, Sport News). Musique Polyphonique, réalisé avec le concours de Maurice Coignard (alias Maurice DE COURPALAY), compositeur de style néo-classique, détonne de par son écriture complexe et recherchée, d’un style radicalement impressionniste. Ne tournons pas autour du pot, cet album est une grande réussite.

Autant le dire tout de suite, cette musique ici présente n’est pas vraiment joyeuse. L’album démarre en trombe sur une "Ballade Infernale" d’une aliénante urgence, poussant l’auditeur au cul jusqu’à l’épuisement dans une névrose cyclique hantée par des demi-tons effilés. La piste suivante, "Brouillards Sous-Marins", est de toute autre nature, s’opposant même à la précédente. Elle laisse l’auditeur à la merci des remous aveugles raclant le fond meuble et charriant de la poussière de sable. "Chorale Chez Les Fous" est plus terrible encore. L’auditeur est lâché pour de bon dans la Fosse des Mariannes.

D’autres morceaux, qui paraîtraient presque anodins en comparaison des sommets susmentionnés, se révèlent très significatifs. L’humeur y est nettement moins sombre, assez neutre en fin de compte. "Histoire De L’Autre" entraîne avec espièglerie l’auditeur dans des sous-bois ombragés. "Fugue Magique" est la piste la moins impressionniste de l’album, mais sublime son statut de pastiche, non sans laisser transparaître une certaine gravité. Ces moments de répit ne sont que des faux-semblants, avant que la musique ne reprenne l’auditeur aux tripes de plus belle.

"Hommage À Pompéi" est un véritable tour de force. Le rythme monolithique forme la base de mélodies à la beauté irréelle, aux relents de suie et des cendres écrasées par les lourdes bottes cloutées de l’orchestre. L’harmonie et la mélodie y sont véritablement émouvantes et puissantes. L’hymne mortuaire "Hier Et Aujourd’hui" parachève ce glaçant défilé. Et le destin de tomber comme un couperet. "La Ballade De Pic Et Pic" renoue avec la folie insidieuse de "Ballade Infernale". Mais Musique Polyphonique, c’est aussi un titre exceptionnel. "La Route Abandonnée", avec ses entrelacs de chant, de nappes, de Mellotron et de piano électrique, est un baume au cœur. Féerique, ni plus ni moins.

Le son de cet album est très singulier, habile alliage de synthétiseurs, de Mellotron, de chant, de piano électrique Yamaha CP-70 (dont on reconnaît le timbre si reconnaissable), xylophone et vibraphone – après tout, Guy BOYER est réputé dans le domaine –, et… de RMI Keyboard Computer, imposant synthétiseur du milieu des années 1970, très puissant pour l’époque mais très rare, importé des États-Unis notamment par Jean-Michel JARRE, et permettant de jouer des séquences préprogrammées sur des cartes perforées. On en entend une belle démonstration sur le premier thème de "Brouillards Sous-Marins", séquence qui sera reprise en accéléré sur "La Ballade De Pic Et Pic".

Cette œuvre n’est pas parfaite. Le son d’ensemble a vieilli, et les deux musiciens s’adonnent occasionnellement au copier-coller. "Ballade Infernale" est ainsi rallongée d’une minute, le thème du début étant répété à l’identique à la fin, avec un fade-out bien voyant. "Brouillards Sous-Marins" subit un traitement similaire, nous entendons exactement la même piste deux fois au début et à la fin, encadrant le bref passage dissonant au Mellotron. La partie de batterie de "Hommage à Pompéi" est le bouclage d’une piste de quelques secondes. Enfin, ce n’est pas pire que les tours de passe-passe infernaux d’Alan FEANCH et Michel GONET chez Flash Resonance.

"Générique Pour Toi" et "Seule Pour Un Soir", s’ils prolongent l’esthétique et la force émotionnelle de l’album, me semblent plus surannés que les autres morceaux. Le premier est très similaire au superbe "La Route Abandonnée", en plus sucré. "Seule Pour Un Soir" est proche de "Brouillards Sous-Marins" dans sa séquence pincée. C’est une musique de deuil. Et enfin, survient la libération. "Losange D’Or" est la lumière au bout du tunnel. Une échappée belle pour l’auditeur, après tant de déroute, d’espoir hâtif et chétif. Cette merveille combine le smooth jazz dont Guy est coutumier, avec une harmonie fusion et une esthétique planante du plus bel effet.

Quelques mots sur les Publications Francis Day. Filiale française de la maison d’édition anglaise Francis, Day & Hunter Ltd., ce label comprend une série de librairie musicale, avec neuf disques publiés entre 1978 et 1983, dont celui-là. Si quelques-uns sont suffisamment bons pour mériter un coup d’oreille (notamment ceux du trio BARBIER / FERCHIT / RÉMY), aucun n’atteint le niveau de Musique Polyphonique. Musique Polyphonique aurait peut-être été publiée par le label Montparnasse 2000 (duquel Guy BOYER était un habitué) si celui-ci n’avait pas périclité aussi tôt.

4 ½ sur 5

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   NANAR

 
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- Guy Boyer (synthétiseurs, batterie, percussions)
- Maurice De Courpalay (piano électrique)


1. Ballade Infernale
2. Brouillards Sous-marins
3. Histoire De L’autre
4. La Route Abandonnée
5. Fugue Magique
6. Chorale Chez Les Fous
7. Hommage À Pompéi
8. Hier Et Aujourd’hui
9. La Ballade De Pic Et Pic
10. Générique Pour Toi
11. Seule Pour Un Soir
12. Losange D’or



             



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