Illustre inconnu de ce côté-ci de l'Atlantique, DAVE GUNNING est considéré comme le fer de lance d'un folk rock racé dans son pays natal, le Canada. A juste titre? Roulant sa bosse depuis une douzaine d'années, DAVE GUNNING croule sous les récompenses diverses et variées et, au même titre qu'un Bruce Guthro, vient s'imposer comme un artiste incontournable de la scène folk rock canadienne.

Et pourtant, le bonhomme ne propose rien de neuf. Une guitare sèche, une voix medium passe-partout (et rappelant par moments un certain Jon Bon Jovi), et des compos ayant un arrière-goût de déjà entendu. Rien de vraiment emballant de prime abord. Pas de moments de bravoure musicaux ou vocaux, pas de compo immédiate vous gâchant la journée en refusant de quitter votre esprit, rien de tout cela. Il serait néanmoins malheureux de ne pas pousser ses investigations plus loin. Car si DAVE GUNNING ne réinvente pas la roue, il l'optimise avec conviction!

Débutant par une ballade acoustique narrant les états d'âme d'un pionnier débarquant sur cet énorme bout de terre qui allait devenir le Canada, Smith's Rock, We're All Leaving instaure très rapidement une ambiance simultanément mélancolique et optimiste, véhiculée par le timbre solennel d'un DAVE GUNNING contrebalancée par une guitare solo dansante et entraînante. Ce type d'ambiance se retrouvera sur le plus anecdotique There's a song in there, ou sur le très réussi Something I'm missing, dont les intonations westcoast ne détoneraient pas sur un album de Rick Springfield.

Bien que profondément folk, We're All Leaving voit DAVE GUNNING se frotter à un répertoire plus rock. Évoquant cette fois un Lynyrd Skynyrd, Made on a monday prend rapidement ses galons de titre rock à écouter à fond les ballons au volant d'une Impala sur la route 66 (activité du dimanche préférée de nous autres maudits français, c'est bien connu).

Mais ce sont bien grâce à ces ballades intimistes et secrètes que We're All Leaving parvient véritablement à convaincre. Before the Morning Sun, agrémentée d'une montée en puissance imparable et d'une ambiance western, nous narre les dernières heures d'un condamné à mort devant construire lui-même son échafaud. Chœurs et guitare électrique prennent le pas sur les autres instruments avant de se mélanger pour un final dantesque. Et notons également la ballade Ashen Town, dont les nombreux bruitages (pluie sur des carreaux, etc.) viennent soutenir un titre voix/guitare d'une beauté à couper le souffle. Décrivant une ville fantôme telle qu'il pouvait en exister après l'époque de la ruée vers l'or, Ashen Town s'impose comme la grande réussite de cet opus, au même titre que le morceau précédemment cité.

We're All Leaving n'est pas un album indispensable. Bien que doté de nombreux titres plaisants et agréables, il n'en est pas pour autant synonyme de l'explosion d'un artiste majeur. Moins convaincant qu'un Bruce Guthro, Dave Gunning a néanmoins le mérite de nous proposer un album sincère et intemporel, qui se laisse écouter avec un plaisir non dissimulé!