Mais bon sang « chaud » de bon sang, que voilà une idée extra ! Qui aurait pu imaginer l’engouement mondial pour un phénomène qui, au départ, se voulait artistiquement confiné dans quelques endroits non exposés médiatiquement ? Personne. L’astuce fut simple mais l’application ardue. Quoi de plus inventif que de remettre le Tango, cher à certains de nos - arrières (grands) - parents , aux goûts du jour ? Surtout que l’intérêt musical était d’abord de mettre en avant une danse, une musique, un monde à part et ce, en le dépoussiérant !

GOTAN (Tango en verlan) est un projet fou qui démarra d’un constat : les jeunes s’empiffrent de conneries - y compris auditives - pourvues qu’elles soient mises en publicités. En fait, leur choix est biaisé en amont par une ligne directive du tout puissant marché du disque. Ce n’est donc pas le leur (de choix), et ils bouffent ce qu’on leur donne sans réflexion ! Qu’à cela ne tienne, des artistes, DES VRAIS, existent. Et Alors ? Hé bien, créons une alternative non commerciale - du moins, l’intention n’était pas première - qui sort du lot et contrecarrons cette sous culture lobotomisante en en proposant une autre… Quoi de plus insolite que de mélanger un sentiment argentin sur des nappes électroniques ? Qui plus est soft ! GOTAN PROJECT l’a fait de manière éclatante. Lisez plutôt :

Trois nationalités sont représentées par de fortes personnalités telles que celle du Français Philippe Cohen Solal, de l’Argentin Eduardo Makaroff et du Suisse Christoph H. Müller ! Vous voilà prévenus, ça part dans tous les sens… pour une cause commune. Et le plus inattendu se produit : ce premier album - sorte d’essai transformé - augura un avenir plein d’entrain pour cette alchimie combinatoire jamais entendue avant eux. Bref, Cette Revanche du Tango est en marche et va éclater au grand jour dans le monde entier. Tout le monde se l’arrache, y compris les productions télé en vogue du moment (Sex And The City, Nip Tuck, pour l'exemple). Pourquoi ? Phénomène de mode ? Si vous pensez que c’est le cas, dites-moi alors ce qui nous pousse encore et encore à les écouter, après bientôt 10 ans et ce, au vu des quatre albums qui suivirent d’une bien belle carrière… C’est tout simplement bien fait !

Association d’idées raffinées où le dosage de musique traditionnelle combinée à de l’électro distinguée, voire feutrée (si, ça existe !) donne une dimension au-delà de tout clivage. C’est une réussite. Que nous adhérions ou pas, nous sommes bien obligés de reconnaître que le concept farfelu est libérateur du carcan de la catégorie. Ce dernier, à bien y regarder, tue les styles s’ils ne se renouvellent pas un tant soit peu. GOTAN PROJECT l’a compris.

Et que dire des voix ? Saupoudrées deci delà, tantôt masculine dans un phrasé tout en nuance (entendez par là plus porteuse d’ambiance que d’expérience vocale), parfois féminine et chantée au confinement de la sensualité, de la passion, cette notion positive et chaleureuse que nous procure cet album. Le tout est rendu dans un espagnol ouaté, doux, velouté. Attention, des rythmiques « Dance » sont présentes mais en petit nombre et ne dénotant pas dans l’harmonie générale. J’irai même jusqu’à dire qu’elles dynamisent l’effort en le renforçant par son aspect dansant, chatoyant, vivant !

Au final, cette démarche artistique plaira-t-elle aux anciens ? No Lo Sé mais cela les poussera peut-être à lancer des ponts entre les générations. La Revancha Del Tango, comme son intitulé l’indique, permet de remettre le Tango à la page : soit comme un hommage, soit comme la continuité d’un genre avec une personnalité forte et pleine d’entrain. A découvrir pour les plus aventureux d’entre-vous…