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John ADAMS - Harmonielehre (1985)
Par TARTE le 18 Avril 2010          Consultée 2348 fois

John ADAMS est un artiste plutôt difficile à cerner, mais une chose est sûre, il est passé maître dans le mélange de styles. Alors que ses intentions premières étaient d’explorer la musique minimaliste sous toutes ses formes, il a malgré tout traversé les genres, se gratifiant à chaque passage d’influences et d’idées. « Harmonielehre » reprend là où « Grand Pianola Music » s’était arrêté, une musique hybride plutôt imprévisible, mais assurément grandiose et savante. Pour finir, cette édition contient également trois pièces du compositeur intitulées « The Chairman Dances (Foxtrot for Orchestra) » (1985), « Tromba Lontana » et « Short Ride in a Fast Machine », ces deux dernières composent « Two Fanfares for Orchestra » (1986). Le tout a été merveilleusement interprété par le Birmingham Symphony Orchestra et magistralement dirigé par Simon Rattle.

En bref, Harmonielehre est une métaphore musicale portée à grande échelle et réalisée avec une telle maestria qu’elle en devient incroyablement riche. Pourquoi « métaphore musicale » vous demandez-vous ? Ce titre signifie « étude de l’harmonie », l’œuvre est donc conçue sur une hiérarchie mélodique assez évidente, cependant la composition ne se contente pas que d’offrir à l’écoute une musique qui devient de plus en plus complexe, elle évolue selon plusieurs structures, thèmes et contextes. Elle est divisée en trois parties, en référence au plan traditionnel des sonates, à ce sujet, John ADAMS s’inspire beaucoup de l’œuvre d’Arnold Schönberg qui fut un des plus grands théoriciens de la musique classique.
La première partie (sans nom) commence brutalement par d’imposants phrasés ne se limitant guère qu’à une dominante mineure, je vois déjà quelques uns d’entre vous froncer les sourcils (n’oubliez pas la métaphore), la simplicité est justifiée, qui plus est ne dure que quelques minutes… sous les influences de Steve Reich et de Gustav Mahler, la musique se perd alors au milieu d’une pléthore de fragments mélodieux qui s’accumulent en un brouillard duquel on se surprend à discerner la timide rythmique des violons. Une introduction typiquement minimaliste qui se dissipe doucement pour laisser place à de véritables envolées longues et berçantes mettant un terme à l’uniformité stylistique du morceau. La fin du tableau est illustrée par une mise en abîme ré-exposant les lignes courtes de cordes et de cuivres, s’entremêlant dans un chaos et montant en puissance jusqu’à des ultimes et sévères affirmations, celles là même qui avaient introduit l’œuvre 17 minutes plus tôt.
Le second tableau « The Anfortas Wound » est bien plus énigmatique… on s’en rend compte dès la sinistre entrée en matière portée par les violoncelles, la pesante mélodie se métamorphose alors en crescendos occasionnels d’un effroyable ton mineur, grossièrement, c’est une stylisation de la mythique bande son de « Psychose » du Maître Alfred Hitchcock. La pesante ombre de Gustav Mahler et de son « Inachevée » Symphonie N° 10 se fait également ressentir, et enfin, on peu aisément reconnaître dans l’intro une habile et brève reformulation de « Neptune - The Mystic » et de « Saturn – The Bringer Of Old Age » du compositeur Gustav Holst.
Et les sublimes dentelles légères et scintillantes, fragiles comme un souvenir et merveilleusement envoutantes introduisent Harmonielehre Pt. 3 « Meister Eckhardt and Quackie » comme les premières lueurs d’un sombre et triste jour, baignant encore dans l’épaisse brume d’une nostalgie peut-être trop persistante… une intro magnifique. ADAMS a donc choisi de tirer sur la corde sensible de l’auditeur - à point nommé si je puis dire - et de démontrer une fois de plus sa faculté singulière à créer une musique évolutive, chavirant pêle-mêle du minimalisme au classique, il met à profit l’orchestre dans son intégralité, et comme un mage furieux, déchaîne sa puissance phénoménale dans un dénouement unique portée par deux dominantes. Un mouvement qui vous prend aux tripes !
Composition majeure d’ADAMS, Harmonielehre reste sur le piédestal de son Œuvre, inspirée d’un rêve dans lequel le compositeur assistait depuis le Bay Bridge au décollage d’un pétrolier au dessus de la baie de San Francisco, elle est complétée par une multitude de références et d’hommages. Tendez l’oreille !

Les morceaux qui suivent sont tout aussi intéressants, on pourra apprécier une pièce paisible et pas loin d’être monotone (« Tromba Lontana ») et deux exercices de styles très bien composés, « The Chairman Dances » et « Short Ride In A Fast Machine », tous les deux très rythmés, mais absolument uniques en leur genre, on retiendra la frénésie croissante de « The Chairman Dances » brusquement interrompue par un slow-fox qui semble s’envoler très haut sous les bourrasques mélodieuses des violons, on s’imagine facilement l’homme en question (the chairman) se laisser prendre par une euphorie hallucinatoire… plutôt marrant comme image, et franchement efficace.

Ce qu’il y a de meilleur pour se lancer dans le vaste travail de John ADAMS. Pas loin d’être culte de mon point de vue.

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- Birmingham Symphony Orchestra
- Simon Rattle (direction)


1. Harmonielehre Pt. I
2. Harmonielehre Pt. Ii (the Anfortas Wound)
3. Harmonielehre Pt. Iii (meister Eckhardt & Quackie)
4. The Chairman Dances (Foxtrot For Orchestra)
5. Tromba Lontana
6. Short Ride In A Fast Machine



             



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