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John ADAMS - El Dorado (1991)
Par TARTE le 3 Mai 2011          Consultée 2733 fois

Chacun d’entre nous possède une œuvre fétiche. Une chanson, un morceau, une symphonie que l’on se garde en réserve et que l’on écoute que très occasionnellement pour protéger sa précieuse teinte de l’érosion de l’habitude. Le designer Philippe Starck faisait cette comparaison assez pertinente : « Une musique qui nous plaît est comme un espace sonore dans lequel on se sent bien », eh bien moi cher lecteur, j’ai incontestablement trouvé mon espace, et il est vaste à s’y perdre…
El Dorado est la onzième œuvre pour orchestre de John Adams, nous sommes en 1991 et son nom brille déjà dans l’esprit des mélomanes américains au travers de pièces telles que « Nixon In China », « Shaker Loops » ou encore « Harmonium », il a démocratisé sa réputation de compositeur « thématique » et n’a plus rien à prouver ni à ses pairs, ni à son public. Mais fort heureusement, sa reconnaissance n’a pas suffi à le détourner de son travail.
La présente œuvre est conçue en diptyque, deux tableaux représentant deux facettes s’opposant au travers d’une interprétation toute relative. La première est ironique, la seconde sincère. Cette notion manichéenne est le fondement même de l’ensemble et toute sa force réside dans ce contraste extrême et magnifique.

1ere partie : « The Machine in the Garden »

« The Machine in the Garden », aussi appelée « A Dream Of Gold », est une curieuse mystification du genre humain, c’est une pièce aux échos profondément misanthropes réduisant l’Homme à un être sans vie d’une avidité absurde, prêt à creuser sa tombe dans l’espoir d’y trouver de l’or (quand je vous parlais d’ironie, je ne pesais pas mes mots), il devient irrémédiablement une machine sans foi et sans âme. Pourtant c’est bel est bien un Eldorado qui y est évoqué, l’Eldorado du profit. Celui que les publicités vous vendent par matraquage médiatique. Un endroit nauséabond régit par l’avidité et l’abus, bref, le pays de l’Homme moderne quoi (moi, misanthrope ?).
La transposition de cet esprit est parfaite. L’ensemble paraît totalement déstructuré, dénué de toute harmonie, l’orchestre part en vrille dans un tableau décadent mené de nombreuses percussions. Pourtant, même au travers de l’atonalité la plus absolue, on devine toute la recherche qu’a effectué le compositeur pour donner à cette pièce un aspect fascinant, malgré toute sa violence.

2e partie : « Soledades »

« Soledades » signifie « solitudes » en espagnol, mais ici, le terme possède une cote profondément positive, car à l’inverse de la première partie, « Soledades » représente l’Eldorado véritable, ce mythe si longtemps recherché par les Conquistadors. En termes de contexte, on franchit un abyme !
« Soledades », où un somptueux panoramique d’un univers regorgeant de vie et fourmillant d’énergie, cette fois ci, l’Homme est littéralement catapulté hors du décor. Après une longue et lancinante intro parsemée de mélancolie, attachez vos ceintures et décollez vers une terre emplie de promesses. Se développant comme des fractals, les violons suraigus valsent de tous côtés dans une fabuleuse chorégraphie rythmée par des tambourins exotiques, le tableau se concentre sur les détails pour ensuite prendre du recul en offrant à l’écoute une vision grandiose et extraordinaire de cette lande lumineuse et colorée, laissant passer toute autre musique comme totalement désuète. Cette fois ci, ce n’est pas dans un épilogue monumental dans lequel se termine la pièce, en toute modestie, la musique se retire avec sagesse pour s’évanouir au loin, sous la brume luminescente d’un coucher de soleil relevant les derniers reliefs de l’Eldorado, nous laissant comme présent une douce nostalgie.

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- Kent Nagano (direction)


1. Part I : The Machine In The Garden
2. Part Ii : Soledades



             



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