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John ADAMS - The Dharma At Big Sur (2003)
Par TARTE le 30 Mars 2011          Consultée 2320 fois

Cher John Adams.

N’y vois aucun manque de respect, mais je me permets de te tutoyer, même si cette notion est plutôt abstraite pour ta langue natale. Alors là tu m’as bluffé ! Dois-je te préciser à quel point tu peux être surprenant ? Ta pièce « On The Transmigration Of Souls » m’avait laissé de marbre, ton esprit minimaliste laissant éclater des gerbes complexes de mélodies s’entremêlant dans de grandioses maelströms semblait faiblir (bien que tu te sois plutôt bien rattrapé avec « My Father Knew Charles Ives »). Mais là mon ami, tu as entièrement regagné mon estime, et grand bien m’en fasse !

J’ai entendu ça et là que tu avais composé cette œuvre pour l’inauguration du Walt Disney Hall de Los Angeles, un impressionnant ensemble de salles de concert dessiné par l’architecte Frank Gehry. Je le connais, Frank ! La lecture architecturale qu’il donne à ses édifices néglige totalement l’idée d’échelle, à la manière dont tu dissimules la structure de ta musique pour mieux faire ressortir l’harmonie et les détails orchestraux. Suprême supercherie.

Je fais un petit arrêt sur ce titre nébuleux, le terme « Dharma » est intimement lié à la culture hindoue, on le retrouve dans plusieurs croyances orientales et désigne l’enseignement de Bouddha (et accessoirement une puissante et mystérieuse firme exploitant le potentiel magnétique d’une île perdue, mais c’est une autre histoire). Quant à Big Sur, c’est une étendue de la côte californienne principalement connue pour son relief accidenté bordant l’océan Pacifique (d’où le paysage désolé de la pochette( ?)). Le lien entre les deux éléments du titre se trouve dans l’hommage que tu rends à un écrivain du nom de Jack Kerouac qui, en bref, a contribué à la transmission de la culture « zen » à la jeunesse du pays aux 50 états.

Je dois dire que le scepticisme était le premier sentiment qui me prit lors de l’écoute de « The Dharma at Big Sur », mais il ne m’a fallu que le temps de la première partie pour être totalement séduit. Ah mon cher ! Toujours cet esprit d’innovation, où as-tu dégotté ce violon électrique ?! J’avoue que faire de cet instrument le centre de ton œuvre, il fallait oser ! Rassure-toi, il sonne divinement bien, grâce à ses six cordes il possède à la fois la vivacité et la clarté d’un violon classique et la douce chaleur d’un violoncelle, de plus les nombreux effets de glissando lui donnent une teinte fantastique, presque onirique même !

Avec grand plaisir je constate que tu n’as pas perdu ta main de maître dans la composition, ta pièce est d’un équilibre sublime, une toile de sonorités rythmiques lévitant dans un nuage d’harmonies, se laissant porter par le souffle mélancolique du violon. Une partition dont j’ose à peine imaginer la complexité et diffusant en permanence ce si doux parfum de spontanéité.

Nostalgique au début, la première partie « A New Day » gagne en intensité, une force lui tend la main et l’espoir renaît, le reste des cordes complètent à merveille l’énergie croissante du violon soliste. On ne s’y trompe pas mon ami, tu sais toujours utiliser l’attente pour mieux mettre en valeur les variations, un dosage juste (calculé ?) de chaque phrase pour introduire la suivante. Je te retrouve bien dans ces magnifiques crescendos dans lesquels l’insistance devient indéniablement source de frissons. La seconde partie « Sri Moonshine » se met à tourbillonner dès le début, et s’improvise une évolution là encore en amplification instrumentale.

Quel coda mon ami ! Ca me rappel le bon vieux temps ! L’époque « Harmonielehre » est évoquée, mais tu as fais le nécessaire pour créer une toute autre atmosphère. A l’image de la plupart de tes autres œuvres, « The Dharma at Big Sur » est un monde à lui tout seul, et il est aussi fascinant que splendide.

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- Bbc Symphony Orchestra
- John Adams (direction)
- Tracy Silverman (violon électrique)


1. A New Day
2. Sri Moonshine



             



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