TEXAS (le groupe, pas l'Etat) étant en stand by depuis maintenant plusieurs années, Sharleen SPITERI qui en est donc la chanteuse depuis les débuts, a eu tout le temps nécessaire pour préparer non pas un, mais deux albums studios, sortis à intervalles quasi-réguliers. Le premier, Melody, paru en 2008, nous donnait un bon aperçu de ce que Sharleen voulait réellement nous offrir, à savoir une pop plutôt rétro et c'était franchement réussi. Elle avait même fait paraître un ou deux singles dont "All the Times I Cried" qui avaient eu droit à leur succès.

Le premier contact que l'on a avec un disque, ainsi que l'a fort bien dit mon collègue Gegers, c'est la pochette, et avec celle de The Movie Songbook, on ne peut pas parler de dépaysement. On voit Sharleen la bouche entr'ouverte qui porte la main à ses cheveux sur un côté. Sur la pochette de Melody, c'était la même chose mais de l'autre côté... Ah si quand même, il y a le design en négatifs, qui nous confirme que cette fois, le contenu de cet album sera plutôt différent de celui du précédent. Sur le fond seulement... Parce que Sharleen fait ici toujours dans la pop rétro et plus ou moins sucrée, mais elle a ici porté son dévolu sur quelques musiques de films célèbres. Quand je dis "célèbres", je parle des musiques, pas forcément des films. C'est en quelque sorte un petit plaisir qu'elle s'accorde, en voulant remettre ces chansons au goût du jour, sans chercher véritablement à les moderniser. Dans cette réalisation, on peut saluer particulièrement l'apport du ciaviériste Jim COX qui a longtemps fait partie du groupe de Mark KNOPFLER post-DIRE STRAITS. Puisque l'on parle des musiciens, c'est avec amusement qu'on retrouve ici deux hommes parmi les anciens accompagnateurs de Phil COLLINS, le choriste Arnold McCULLER et le trompettiste Dan FORNERO, des VINE ST HORNS.

Des musiques donc parfois plus célèbres que les films qu'elles ont illustrés, la preuve avec notamment "Xanadu" qui ouvre l'album. Sharleen a préféré se contenter de quelques tubes dont celui-ci fait partie. Elle y a incorporé en guise d'arrangements ce qui faisait l'ossature instrumentale de Melody, à savoir beaucoup de cordes et de cuivres. On peut même dire d'emblée que c'est à peu près la même chose pour une bonne partie des titres de ce The Movie Songbook. Cela rend la musique très belle il faut bien l'avouer, et la voix de velours de Sharleen se fond bien dans l'ensemble, en y mettant les intonations. Sur les deux titres les plus jazzy, "Between the Bars" et "God Bless the Child", elle passe en un instant de quelques paroles presque murmurées à de grandes envolées vocales.

Si l'ensemble de ce disque est pour le moins intéressant, certaines chansons sont évidemment plus susceptibles que d'autres de remporter les faveurs de l'auditeur. Dans mon cas, je place en tête les premiers titres, y compris la chanson des BEE GEES, "If I Can't Have you" qui reste fidèle à l'originale, mais aussi et surtout l'hommage à SIMON & GARFUNKEL par "The Sound of Silence", qui est ma chanson préféré du duo américain. Difficile de retranscrire par des mots l'émotion que j'ai ressentie lorsque j'ai entendu la ligne de piano puis le premier couplet, alors que je n'avais même pas regardé la track-list au verso du boîtier ! Et puis cet arrangement de cordes... De plus Sharleen a vraiment la voix pour chanter ce type de chansons. Elle s'aventure sur un terrain parfois plus blues ("Many Rivers to Cross", avec des choeurs soul très marqués), voire swing ("Cat People (Putting Out the Fire)", où le solo de saxophone est plutôt "réduit" je trouve), et n'hésite pas à faire un crochet par le rock du "Pretty Woman" de Roy OBISON (très fidèle là encore), et même par du folk (le magnifique "Take my Breath Away").

Il est clair que sans réelle volonté d'innovation, le but de Sharleen, dont le talent n'est plus à prouver, est de nous faire part de certains de ses goûts musicaux, tout en laissant sa propre empreinte comme pour dire "Je suis heureuse d'avoir pu rendre hommage à ces artistes, à ces chansons". C'est donc surtout comme cela qu'il faut voir la ligne directrice de The Movie Songbook qui, sans être destiné à faire partie des chefs-d'oeuvre musicaux que nous ont offert ces dix dernières années, permet de passer un bon moment et de redécouvrir quelques joyaux.