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VARIÉTÉ FRANÇAISE  |  STUDIO

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Christophe MIOSSEC - Finistériens (2009)
Par SUNTORY TIME le 5 Juillet 2010          Consultée 2922 fois

Le projet était connu depuis quelques temps : pour son nouvel album, Christophe MIOSSEC prévoyait une collaboration avec Yann TIERSEN. Pour resituer TIERSEN, pensez à Amélie Poulain… c’est bon, vous vous remémorez la musique du film ?

Il y avait de quoi être inquiet, tant la rage douloureuse de MIOSSEC semble incompatible avec les mélodies entêtantes de TIERSEN… Mais après tout, pourquoi pas ? Les deux hommes ont en commun d’être nés à Brest, le grand port de Bretagne, et plus précisément du Finistère. La solidarité bretonne peut-elle accoucher d’une symbiose musicale réussie ? C'est la question à laquelle tente de répondre ce nouvel album, intitulé tout logiquement « Finistériens ».

Ne nous y trompons pas, TIERSEN se veut uniquement collaborateur, il ne s’agit pas là d’un album signé MIOSSEC & TIERSEN. La pochette en est d’ailleurs révélatrice, c’est le nom MIOSSEC seul qui apparaît en gros au-dessus d’une très belle photo du chanteur au visage grave. Grave, comme le ton général du disque.

Bon, OK, c’est du MIOSSEC, et on sait que son fond de commerce n’est pas vraiment la franche rigolade et autres humeurs festives où l’on fait « tourner les serviettes ». Cependant, notre brestois préféré semble toucher ici un point de non-retour. Dès le premier titre « Seul Ce Que J’ai Perdu », on sait que la musique sera de la même couleur que la pochette : noire. Les ingrédients typiquement « miossequiens » sont présents ; des chansons aux amours échoués, comme une barque sur les récifs, « A Montparnasse », « Hais-moi », « Nos Plus Belles Années », « Fermer la Maison »... C’est triste, dur et désespéré… du pur MIOSSEC en somme.

Mais en plus des déboires sentimentaux, l’ami Christophe fait dans le social, se demandant à quoi pensent « Les Joggeurs du Dimanche », évoquant également la souffrance des travailleurs « Chiens de Pailles », ou les angoisses du chômage sur « CDD ». Il n’en faut pas plus pour que l’on donne une image de chanteur engagé à MIOSSEC qui, si on connaît ses tendances écolos, ne s’est jamais mis au devant de la scène pour des causes politiques.

Et Yann TIERSEN dans tout ça ? C’est évidemment à la musique qu’il s’attelle, jouant de presque tous les instruments de l’album, et composant la totalité des titres (dont certains sont coécrits avec MIOSSEC). Et c’est bien au niveau de la musique que réside les principales qualités comme les principaux défauts de cet opus. La majeure partie des titres perd en énergie rock ce qu'elle gagne en richesse d’arrangement (seul « Hais–moi » garde cette violence rock). Cependant, et c’est évidemment le style de TIERSEN, ces mêmes titres délivrent au final des mélodies gentillettes avec ces intros au piano qu’on a l’impression d’avoir déjà entendu mille fois (« Les Joggeurs du Dimanche », « Les Chiens de Paille »…). On a aussi la désagréable sensation que MIOSSEC s’est assagi, qu’il a perdu cette douleur qui faisait sa force et son talent, qu’il se « boboïse », loin des ambiances de bistro brestois des précédents disques.

Impression à moitié vrai car, à la lecture des textes, il ne fait pas de doute que MIOSSEC est resté le même. De plus, certains morceaux sont vraiment au-dessus du lot, en particulier les plus longs, comme l’entêtant « A Montparnasse », « Seul Ce Que J’ai Perdu », ou encore la suite des trois derniers morceaux, plus tristes les uns que les autres. On touche particulièrement au sublime avec le dernier titre, « Une Fortune de Mer », au texte merveilleusement sombre et poétique, parlant de la mer comme MIOSSEC sait si bien le faire. La musique nous plonge dans une mer grise, démontée, accompagnée d’un vent humide et glacial. Et le protagoniste de la chanson s’avance nonchalamment vers ces vagues angoissantes, dans lesquelles il finit par disparaitre... « Une Fortune de Mer » ou l’une des plus belles chansons de toute la carrière du finistérien, un peu dans la même veine que « Pentecôte », mais en plus lourd et froid.

Malgré des ambiances des plus réussies (frissons garantis à l’écoute de « Une Fortune de Mer »), nombreuses sont les chansons qui peinent à convaincre, non pas par manque de qualité, mais par manque d’efficacité. Ces titres-là ne marquent pas directement l’auditeur, contrairement à l’opus précédent, L’Etreinte, où chaque chanson s’ancrait directement dans nos têtes. Autre défaut, ce disque est particulièrement déprimant, et n’est pas conseillé si l’on traverse des moments pénibles. MIOSSEC fait dans le pessimisme à l’excès, même s’il peut prendre un côté drôle et surréaliste sur « Jésus au PMU » (le titre en lui-même est tout un programme).

Finistériens est un bon album, beaucoup moins accessible que ses prédécesseurs, mais avec de la patience, on arrivera à en apprécier la saveur. L’association avec Yann TIERSEN était risquée, tout comme il était prévisible de se retrouver avec un disque qui ne soit pas une totale réussite. Mais au fur et à mesure, on fera abstraction de ses faiblesses et on se laissera emporter par le climat glauque, mais magnifique, de « Une Fortune de Mer ».

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   SUNTORY TIME

 
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- Christophe Miossec (chant, guitare, piano, tambour)
- Yann Thiersen (tous instruments, réalisation, …)
- Dave Collingwood (batterie)


1. Seul Ce Que J’ai Perdu
2. Les Joggeurs Du Dimanche
3. Les Chiens De Paille
4. A Montparnasse
5. Cdd
6. Nos Plus Belles Années
7. Jésus Au Pmu
8. Haïs-moi
9. Fermer La Maison
10. Loin De La Foule
11. Une Fortune De Mer



             



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