Au milieu des années 90, Christophe Miossec fût, avec Dominique Ané (entre autres), l'instigateur de ce que l'on appelle maintenant la "nouvelle chanson française", basée sur des textes sans complexes, loin des tracas commerciaux des grandes maisons de disques. Miossec donna d'ailleurs sa première baffe au public avec "Boire" en 1995, album rageur aux textes imbibés et aux arrangements dépouillés.

Mais avec "1964", son cinquième opus, la rage n'est plus la même, l'heure est plutôt aux bilans. En effet, 1964 est l'année de naissance de Miossec et il va donc fêter ses quarante printemps ce Noël. Et même s'il ne peut pas s'empêcher de penser que la mort se rapproche ("Dégueulasse", "Rester en vie", le poignant "Brest"), il ne faut pas lâcher prise et aller de l'avant ("En quarantaine", "Essayons").

Heureusement, malgré le stade de la quarantaine atteint, le breton n'oublie ses thèmes de prédilection : l'amour et le triptyque "l'homme, la femme, la fidélité". Là encore, Miossec s'est quelque peu assagi sur les mots, moins crus que précédemment, ce qui accentue l'émotion de l'ensemble. "Je m'en vais" en est certainement le meilleur exemple avec ses couplets sur fond de piano et de violon, sa montée en puissance et son refrain, complètement bouleversant.

Cette fois-ci, Miossec a décidé de mettre les petits plats dans les grands en s'offrant l'appui d'un orchestre lyrique pour quelques titres ! Judicieusement utilisé, ce "petit" plus fait des merveilles : discret sur "Ta chair ma chère", beaucoup plus grandiose ("Désolé pour la poussière"), impressionnant à la fin de "Pentecôte" pour venir clore l'album. L'expérience est assurément à recommencer.

Quarante ans, l'âge de la maturité (de la sagesse ?) a sonné pour Christophe Miossec, et cet album en est la preuve. Même si certains regretteront son côté plus agressif (pour cela, allez le voir en concert, il n'a rien perdu de sa fougue), "1964" est certainement un album "charnière" dans sa carrière et en tout cas un des meilleurs albums français paru en 2004. Bon anniversaire Monsieur Miossec.