Putain, cinquante ans !

Cinquante balais le Finistérien ! Comme le temps passe vite, quand on repense à l'album 1964, dans lequel MIOSSEC laissait planer ses angoisses de la quarantaine (surtout la chanson justement titrée "En Quarantaine"). Mais dix ans après et trois albums de plus dans une discographie qui commence à sérieusement s'étoffer, Ici Bas, Ici Même semble vouloir faire le point. Entre 1964 et ce dernier opus, on retrouve une similitude dans la pochette, un portrait en noir et blanc, sobre. Mais ici (bas, ici même ! Tadaaa !), le visage de notre Breton préféré est immergé dans l'eau. C'est presque funèbre d'ailleurs, comme si le fait d'atteindre le demi-siècle était une situation des plus dures à vivre pour MIOSSEC...

Il faut dire que la cinquantaine se lit sur son visage marqué, cette gueule d'une classe dingue burinée par le vent marin et l'alcool. Mais voilà, l'alcool, cela fait quelques années qu'il n'en boit plus, le MIOSSEC. Selon ses propres dires, le moindre verre d'alcool pourrait le tuer. Un comble pour celui qui avait débuté dans le monde de la musique avec l'album Boire !

MIOSSEC contraint de s'assagir... voilà donc la trame de ce neuvième album. Et c'est vrai qu’Ici Bas, Ici Même s'inscrit dans une opposition radicale au très rock et impulsif Chansons ordinaires qui le précéde. Toutes les chansons sont calmes, posées, et la production est délicate, mettant en avant le timbre si particulier du Brestois. Les arrangements, s'ils sont discrets, sonnent toujours justes, même si les mélodies ne sont pas évidentes à retenir à la première écoute, mises à part « On vient à peine de commencer » ou « Bête comme j'étais avant » et ses beaux arpèges de guitare. « Bête comme il l'était avant », MIOSSEC ? Peut-être plus bordélique, alcool aidant, mais sa carrière n'a rien d'une bêtise. Et Ici Bas, Ici Même, s'il n'inaugure pas une nouvelle période, contrairement à ce que j'ai lu ici et là, semble faire abstraction des arrangements ambitieux de 1964, L'Etreinte ou encore Finistériens, pour retrouver la sobriété (niveau boisson et musique !) sur ces onze chansons qui ne font jamais guère plus de 3 minutes.

Réflexions sur l'amour et sur la mort, sur le temps qui passe... MIOSSEC ne change pourtant pas sa recette, mais y met plus de retenue, paraît moins torturé, comme si ses tripes étaient appelées à la mettre en veilleuse. Cela nous donne un album très réussi, mais néanmoins frustrant quand on repense aux merveilleuses et puissantes compositions de 1964 et L'Etreinte (je sais, je me répète, par rapport à Chansons Ordinaires...). Ce n'est clairement pas avec Ici Bas, Ici Même, malgré la beauté des textes, que nous retrouverons cette même grandeur.

Mais comme le dis ce brave MIOSSEC :
« Ce n'est pas fini
On vient à peine de commencer »

Faites que ça dure vingt ans de plus !