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ROCK ALTERNATIF/PUNK  |  STUDIO

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ALBUMS STUDIO

1988 Patchanka
1989 Puta's Fever
1991 King Of Bongo
1994 Casa Babylon

E.P

2005 Mini Negra

ALBUMS LIVE

1992 In The Hell Of Patchinko

COMPILATIONS

1991 Amerika Perdida
2005 Best Of
 

- Style : Les Garçons Bouchers , Les Ogres De Barback
- Membre : Les Wampas , Manu Chao
 

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MANO NEGRA - Puta's Fever (1989)
Par JOVIAL le 2 Septembre 2010          Consultée 7340 fois

Le second album est toujours le plus dur à sortir, surtout lorsque son prédécesseur a déjà mis la barre très haut. Car c’est celui de la confirmation. Confirmer que sa première œuvre n’était pas qu’un simple coup de chance et que l’on a bel et bien du talent. Certains groupes n’y arrivent pas, d’où de magistrales prises de tête entraînant de magnifiques ratés. Pour d’autres en revanche, cela ne pose aucun problème, le deuxième album est un album comme un autre, pas de quoi paniquer. Et la MANO NEGRA est à classer dans cette deuxième catégorie d’artistes.

Après un premier album qui, malgré quelques petits défauts, reste de très bonne facture, la bande à Manu CHAO sortait donc Puta’s Fever en 1989. Opus le plus connu du groupe parisien, en partie grâce à sa pochette rentrée dans l’histoire du rock français et de ses innombrables classiques (« King Kong Five », « Soledad », « Sidi 'H Bibi », « Peligro » et « Pas Assez de Toi » pour ne citer qu’elles), c’est la clé de voûte de la discographie de la MANO NEGRA. Sans lui, le groupe n’aurait jamais eu le même visage, et sa renommée ne serait sans doute pas aussi grande.

À première vue, Puta’s Fever ressemble beaucoup à Patchanka. Cependant, j’aurais plutôt tendance à le décrire comme plus travaillé et plus varié. Que ceux qui souhaiteraient écouter un album homogène passent leur chemin, car Puta’s Fever donne plutôt dans l’hétéroclite à grande échelle. Aucune chanson ne se ressemble, chacune aborde un style propre. Au contraire de Patchanka, dont on pouvait encore « grouper » certaines chansons par genre, Puta’s Fever ne peut se chroniquer que morceaux par morceaux. Un seul point commun pourrait les rassembler, celui d’avoir été très soignés et de ne jamais verser dans le bordélique furieux tel qu’on pouvait en trouver à quelques endroits sur l’album précédent.

L’entrée en matière est fracassante. « Mano Negra » est complètement revisitée, cette fois-ci sous des tons plus westerniens, et la MANO NEGRA se paye le luxe d’écrire un hymne au rock ‘n roll avec la bien nommée « Rock ‘n Roll Band ». Parfait compromis entre une rythmique imposante et une mélodie entraînante, je n’arrive cependant pas à réellement l’apprécier, sans doute à cause d’un texte d’une niaiserie qui, voulue ou non, me déçoit profondément. Mais je ravale très vite ma salive, car « King Kong Five » est déjà commencée. Qu’on se le dise tout de suite, la MANO NEGRA a assez peu abordé le rap dans ses premières années. Sur Patchanka, « Killin’ Rats » déchirait déjà, mais alors ici c’est une véritable tuerie. Un hip-hop agressif, très 90’s et sans concession. Une descente de piano plus tard, c’est la folie du punk-latin qui s’installe avec « Soledad », dramatisée par des vocaux très réussies.

Maintenant, je vous demanderai le silence. Le silence total. Car voici venu la meilleure chanson de la MANO NEGRA, du moins de mon humble point de vue, j’ai nommé « Sidi ’H Bibi ». Reprise d’un chant traditionnel marocain, mêlant mélodies arabisantes à une énergie punk-rock très bien mesurée, elle voit pour la première fois Manu CHAO céder sa place au chant au percussionniste Philippe Teboul. Pour tout vous dire, j’en suis dingue, et les versions live sont encore plus gigantesques. Cependant, cette chanson n’aura jamais pu avoir la reconnaissance qui lui était due par la simple connerie des hommes : parce que chantée en arabe en pleine guerre du Golfe, elle sera tout bonnement boycottée par les radios françaises.

La MANO NEGRA aime toujours autant mélanger les styles, même les plus opposés. C’est d’ailleurs tant mieux, puisque le gospel-punk sur « The Rebel Spell » est une vraie réussite. Un peu déroutante au premier abord peut-être, elle aurait peut-être méritée d’être un peu plus longue, mais qu’importe, car elle laisse place à la seconde perle de l’album, « Peligro ». Reggae calme et posé, d’une douceur étonnante aux refrains cependant déchirants, c’est la chanson la plus travaillée de l’album, surtout au niveau des cuivres et des percussions. « Pas Assez de Toi » est une énigme. Comment un morceau aussi violent dans son texte que dans sa musique est-il devenu le plus grand succès du groupe ? Mystère. Quoi qu’il en soit, force est de reconnaître que la MANO NEGRA nous écrit ici un très bon morceau, qui clôt la première partie d’un album déjà très réussi.

Pourquoi ai-je divisé Puta’s Fever en deux parties ? Tout simplement car sa seconde partie n’a rien à voir avec la première. Les morceaux sont plus anecdotiques et ne peuvent rivaliser avec tous ceux cités plus hauts. Foncièrement parlant, ils sont loin d’être mauvais, mais sont bien attrayants. La sympathique comptine « Magic Dice » et le rock névrosé de la « Mad House » introduisent d’ailleurs avec brio cette seconde partie, qui compte cependant deux gros ratés : « La Rançon du Succès » et ses textes d’une profonde débilité, que la plupart des membres du groupe déteste d'ailleurs, et « Patchuko Hop », trop festive à mon goût. La MANO NEGRA redonne de nouveau dans le reggae avec l’apaisante « Guayaquil City », ou dans le rock des 60's avec « The Devil’s Call », deux bonnes petites chansons, mais rien d’extraordinaire non plus. Le groupe écrit également la chanson référence de son style, avec l’inévitable « Patchanka », que je n’ai jamais vraiment aimé, mais qui jouit du statut de classique de la Mano.

Deux petites pépites méconnus ponctuent également les ultimes moments de l’album : « Voodoo », blues déjanté aux saveurs africaines et « Roger Cageot », dont le contraste entre ses paroles humoristiques, son thème inspiré d'une histoire vraie, et ses mélodies fines et retenues, reste un pur bonheur. Enfin, puisque Patchanka se terminait par du flamenco, il n’y a pas de raison pour Puta’s Fever ne se termine pas par de la valse … c’est chose faite avec la très courte, mais très belle « El Sur ».

Mes amis, quel album ce Puta’s Fever. Je n’hésite pas un instant, au risque de me faire lyncher, à lui donner le statut d’album de référence du milieu alternatif français des 90’s. Ses quelques défauts viennent à peine entacher le résultat final, dont je recommande l’écoute à tous. Sans aucun doute le meilleur album de la MANO NEGRA. Pas forcément le plus abouti, mais le plus jouissif c’est certain.

4,5/5

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- Manu Chao Dit Oscar Tramor (chant/guitare/claviers)
- Antoine Chao Dit Tonio Del Borño (trompette/chant)
- Santiago 'el Aguila' Casagerio (batterie/chant)
- Daniel Jamet Dit Roger Cageot (guitare/chant)
- Jo Dahan (basse/chant)
- Philippe Teboul Dit Garbancito (percussions/chant)
- Thomas Darnal Dit Helmut Krumar (claviers/chant/guitare)
- Pierre Gauthé Dit Krøpöl 1er (trombonne)
- Guests :
- Anouk Kelifa Dit Mme Oscar (chant)
- Napo 'chihuaha' Romero (chant)
- Alain Wampas Dit L'enclume De Choisy (contrebasse)
- Zofia (chant)


1. Mano Negra
2. Rock 'n' Roll Band
3. King Kong Five
4. Soledad
5. Sidi 'h Bibi
6. The Rebel Spell
7. Peligro
8. Pas Assez De Toi
9. Magic Dice
10. Mad House
11. Guayaquil City
12. Voodoo
13. Patchanka
14. La Rançon Du Succès
15. The Devil's Call
16. Roger Cageot
17. El Sur
18. Patchuko Hop



             



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