1994 fut une année noire pour le rock alternatif français, qui venait tout juste de perdre un de ses plus importants représentants, la MANO NEGRA. Pire encore, le groupe s’est sabordé lui-même. La notoriété grandissante de Manu CHAO fut très mal acceptée par la plupart des membres du groupe, conduisant rapidement à un boudage général entre ceux qui souhaitaient coûte que coûte continuer l’aventure, et les autres, qui quittèrent rapidement le groupe. Après une ultime réunion chez Patchanka, les musiciens annoncèrent la fin du groupe, et retirèrent à CHAO le droit de se produire en utilisant le nom de la MANO NEGRA, à moins d’être accompagné de cinq musiciens du noyau original. Anéanti, le chanteur français déclara penser mettre un terme à sa carrière musicale, avant de se raviser et de rencontrer le succès que l’on sait.

C’est alors que le premier décembre 2005, un miracle se produit, lorsque Thomas Darnal, Daniel Jamet, Philippe Teboul et Jo Dahan, invités au Fou du Roi de notre bon Stéphane Bern, interprètent, sous le nom de la MANO NEGRA, trois morceaux, dont un inédit, intitulé « Manu Revient ». Quelques jours plus tard, le groupe se reforme, rejoint par leur ancien complice Pierre Gauthé et donne quelques concerts, toujours en l’absence de Manu CHAO. Ce dernier finira finalement par se montrer, et réintègre, pour son plus grand plaisir, le groupe qui l’avait rendu célèbre dix années auparavant. À l’époque, j’avais, comme bon nombre de fans, caressé l’espoir d’un retour triomphal du groupe parisien, avec au moins, un album à la clé. Malheureusement, cette réunion fut aussi brève qu’infructueuse. Un EP d’à peine 10 minutes, voilà tout ce qui en ressortira.

Putain 10 minutes, les gars, 10 minutes ! Ça aurait au moins pu être 10 minutes d’un plaisir intense, de folie furieuse, de MANO NEGRA quoi ! Et bien non, l’ensemble reste décevant. La nouvelle version d‘« Out of Time Man » est plutôt réussie, mais est loin d’égaler l’originale, et la sympathique-mais-sans-plus « Sally (She’s Got 3 Lovers) » seraient les seules attraits de cette Mini Negra. L’instrumental « Song for Jodie » ne mène nulle part, sauf peut-être dans la nullité, tandis que « When Good is One » s’étale dans un mélange foireux funk-rock des plus mauvais. Les compositions semblent bâclées, malgré une bonne production, et le tout s’avère très commun. Rien d’extraordinaire, pas de surprise, l’esprit MANO NEGRA est mort, point final. Même Manu CHAO semble éteint. Mini Negra passe pour le genre de disques sorti pour combler les attentes du public.

Bon alors une ou deux étoiles ? Dur, dur. C'est comme si on demandait à un gastronome de noter un repas excellent à l'entrée mais dégueulasse au dessert.
Néanmoins, une étoile me semble trop sévère, la MANO NEGRA a quand même fait l’effort de revenir, et après réflexion, « Out of Time Man » tient bien la route. Du moyen-mauvais dirons-nous. En mettant un point final à ma chronique, je me rends compte que l'aspect « histoire du groupe » dépasse largement l'aspect « musique »... Pour ma défense, je tiens à dire que si les 10 minutes de Mini Negra avait été plus riches et plus intéressantes, cette tendance aurait sans doute été inversée. Un disque plus que dispensable donc.