Décidément, le post-punk revient à la mode depuis quelques années. Une scène dite « post-punk revival » s’est même formée, au début des années 2000, principalement en Angleterre et à New-York, où des jeunes groupes se sont vite affirmés et dont la relève commence à sérieusement prendre de l’ampleur aujourd’hui. Personnellement, quasiment aucune de ces formations n’avait jusqu’à ce jour été d’un quelque intérêt à mes yeux. Trop de ressemblances entre elles, pas assez de personnalité, avec parfois cette détestable manie de se tremper dans la boue de compositions pop simplettes, n’ayant plus grand chose à voir avec l’influence post-punk des débuts. Ceci n’est que mon humble point de vue, ceux qui le souhaitent pourront me lapider en fin de chronique. D’ailleurs, j’exagère un peu, car en réalité cette scène possède quelques bons éléments, plus créatifs et plus intéressants que les autres. Pour ma part, je citerai par exemple Placebo et Interpol pour les plus anciens, et pour le plus récent, un tout jeune groupe londonien, formé en 2005, THE XX. Et ce dernier n’a pas perdu de temps en tergiversations puisqu’un premier album est sorti dès 2009, sous un titre aussi sobre que recherché : XX.

THE XX, c’est tout d’abord la simplicité incarnée. Partout, tout le temps. Pochette minimaliste, prestations live réservées, textes modestes et surtout une musique épurée, et tout simplement… simple. Les compositions sont réellement très dépouillées, mais il faut bien avouer qu’elles restent quand même bougrement efficaces. La musique de THE XX est légère, aérienne, voire parfois même atmosphérique, ce que symbolise d’ailleurs parfaitement l'« Intro », entrée en matière fantastique, amenant progressivement THE XX aux confins de plaines célestes pour le reste de son œuvre. Les rythmes sont très prenants, ainsi que certaines mélodies, qui trahissent un sens affirmé de la composition. Quelques claviers viennent de temps à autre suppléer guitare et basse, faisant ressortir les magnifiques chants désabusés d'Oliver Sim et Romy Croft. Mis à part sur les plus rythmées « Crystalised » et « Basic Space », les londoniens travaillent leur musique dans le sens du sentiment, donnant naissance à des compositions très expressives. Les guitares sont polies, exit de distorsion, complétées par des chants doux, mélancoliques et lointains. Sur « Fantasy », on aura même l’impression que la mélopée ambiante s’élève des abysses du plus profond des océans.

Le hic, c’est l’album en lui-même. Pris un par un, les morceaux sont tous très bons, mais au fil de l’écoute, XX se révèle très vite rébarbatif. THE XX peine à renouveler son style, et au final la grande majorité des morceaux de ce premier effort se ressemblent beaucoup trop. Même chant, même rythme, même ambiance… En même temps, en se voulant simple quoi qu’il arrive, le groupe a sans doute vite fait le tour. Autre défaut, THE XX a opté pour une boîte à rythme plutôt qu’une véritable batterie. Au premier abord, ça ne semble pas franchement poser de problèmes, mais elle devient quelquefois trop lourde, empêchant alors aux musiciens d’atteindre les cieux espérés.

En somme, XX est loin d’être un mauvais album, j’ai réellement passé un bon moment en l’écoutant. THE XX est un groupe talentueux et prometteur, et je suis sûr qu’en corrigeant les quelques défauts de son premier opus, il pourrait bien nous surprendre à l’accouchement de son deuxième album. Un groupe à suivre donc !

3,5/5