On peut dire ce que l'on veut de la variété française d'aujourd'hui, comme quoi on nous sert souvent des artistes qui ne feront pas date au bout de vingt, trente voire cinquante ans, mais force est de constater également que bien souvent on ne cherche pas beaucoup. Pour les chanteuses francophones, on a tendance à se référer (négativement) à celles qu'on appelle les "hurleuses", on oublie qu'il existe d'autres chanteuses-musiciennes de grand talent plus ou moins connues comme Jeanne Cherhal, Emilie Simon ou encore PAULINE.

De son vrai nom Pauline VASSEUR, cette jeune femme venue du nord du pays a été révélée en 2008 grâce au single "Allô le Monde" de son premier album éponyme. Un titre élancé dont beaucoup se sont vite moqués (y a même eu un pastiche, hum), et qui ne reflète en vérité qu'une partie de sa personnalité musicale. Car au-delà de ce genre de chanson pop bien appuyée de cordes classiques et qui font de PAULINE l'équivalent de la grande Vanessa Carlton à la française (en plus, elles jouent toutes les deux superbement bien du piano), c'est tout un univers que la chanteuse développe par le biais de ses textes et musiques le plus souvent simplistes, mais d'une sincérité que l'on aurait bien tort de remettre en question.

Lorsque l'on entend les premières notes du premier titre de ce nouvel album, on a vite l'impression que le style de musique dans lequel évolue Pauline n'a lui en revache pas évolué, pour ses tubes placés au début du moins. Pourtant dès qu'arrive le couplet, on se dit que ce petit rythme de caisse claire et ce riff de charango (entre mandoline et ukulélé) sont des bonnes idées, plutôt originalles aussi car mêlées avec cette power pop dont PAULINE est devenue maîtresse. Sur le même up-tempo arrive "Music Pop", guitare et basse en avant. On profite pleinement de ce côté enjoué et du fait que la jeune femme utilise quelques notes aiguës pendant les refrains, ce qui met sa belle voix en valeur. Seul petit regret, le choeur robotique pour lequel Jean-Luc Léonardon emploie un vocodeur. Ca peut prêter à sourire mais bon... Remarquez cela passe pas trop mal sur la petite partie "instrumentale" vers la fin. Histoire de continuer sur le même propos, à savoir une "music pop" vitaminée et contenant des accents classiques (notamment grâce au piano), "La Vie du Bon Côté" est également très réussie dans le style. Le up-tempo revient plus tard avec "Laisser Passer", toujours mené par la batterie efficace du beau Christophe Deschamps (Jean-Jacques Goldman, Laurent Voulzy... pour ceux qui ne le connaissent pas) et un refrain plutôt optimiste, musicalement du moins. Dernière chanson du genre et pas la moindre, "Sors-Nous De Là" se voit être enrichie de percussions, en plus de l'arrangement habituel (mais toujours réussi) de divers pianos, dont un CP-70 (miam !) En plus, pour une fois qu'un fade-out n'est pas frustrant...

"Dormons Mieux" marque le début d'une partie un peu plus "calme" parmi les douze chansons. Plus rock que pop, il met le piano, les cordes, ainsi que la guitare de Patrick Manouguian, bien en valeur et par cela illustre tout à fait bien la pochette du disque (Pauline couchée sur le couvercle brisé du piano). Les "On s'endort" sur lit de violons sont tout simples mais magnifiques. "A Mourir" adoucit encore plus le ton avec son teint vitreux formé grâce au son du piano. Les parties vocales du final sont particulièrement fortes. "Sauf ça" sonne très acoustique et l'arrangement est une fois de plus très joliment réalisé notamment grâce à la présence d'instruments comme l'autoharpe et le glockenspiel. L'ambiance feutrée de "Minuit" et de "Loin de Là" nous transporte littéralement au coeur de la nuit et des songes (ah, ces nappes de mellotron...) L'enchaînement avec "Loin de Là", bien que marqué par un léger blanc, est tout simplement parfait car l'atmopshère est la même. Le chant de Pauline est juste plus marqué sur la seconde et le refrain est déchirant. Mais les "cris" de "Je M'en Vais" et "Fais-Moi Danser" ne le sont pas moins, surtout la seconde qui finit, ou presque, l'album par un sublime piano-voix, tout en douceur... Presque car, choix curieux, on a ensuite droit pour titre caché à une réminiscence du refrain de "Music Pop", puis un petit clin d'oeil, de nouveau en piano-voix, aux auditeurs de la jeune fille. Très sympathique tout ça...

La Vie du Bon Côté ne souffre aucunement du syndrome du deuxième album, pour reprendre une expression de mon très estimé collègue Gegers. On peut même le dire franchement, si Allô le Monde, bien que prometteur, avait un peu de mal à se révéler tel un disque réellement captivant même au bout de plusieurs écoutes, La Vie du Bon Côté n'en réclamera pas plus de deux pour s'imposer comme l'un des disques francophones essentiels de cette première moitié de 2010, et l'un des meilleurs sortis depuis longtemps. De plus, avec le temps, il se bonifie encore. Bravo Pauline, nous te souhaitons bonne continuation pour la suite.