La découverte. PAULINE, de son vrai nom Pauline Vasseur, jeune femme de 19 ans, venue du Nord-Pas-de-Calais, sort son premier album et connaît un véritable succès populaire en France grâce à son single "Allô le Monde". La pochette de son album du même nom est bien visible partout dans les magasins, son joli visage et un naturel gentil font rapidement la conquête de fans futurs fidèles. Une voix et un jeu de piano sur fond de musique pop langoureuse qui évoque l'Américaine Vanessa CARLTON. Le coup de foudre, vous connaissez bien mon attirance pour les demoiselles comme PAULINE, fines avec des cheveux longs bruns, raides ou ondulés qui tombent en cascade, et musicalement, ça suit.

Le choc. Dix ans plus tard, presque pile puisque l'album est sorti le 21 septembre 2007, on ne parle plus de PAULINE, délaissée par manque de tubes, elle n'en a plus fait depuis "Allô le Monde", le public n'a pas suivi, comme pour CARLTON depuis "A Thousand Miles". Seuls les fans lui restent. La région Nord-Pas-De-Calais, couplée avec la Picardie aujourd'hui, s'appelle Hauts-de-France ; il paraît que c'est mieux, il paraît... PAULINE va avoir 30 ans, moi aussi. J'étais célibataire à l'époque, ça n'a jamais changé.

Alors, "allô le monde, est-ce que tout va bien ?", on pourrait répondre "Ça pourrait aller mieux", avec l'éloquence débonnaire d'un Papet Soubeyran ou d'un Maître Cornille, origines provençales obligent (cette région là n'a pas bougé, c'est déjà ça), et parce qu'on se sent largué. "Allô le monde, je n'y comprends plus rien", "moi non plus, chère demoiselle". Ce qui paraissait simple et naïf l'est toujours, si l'on ne veut pas non plus du cynisme ni trop de la colère. Restent la tristesse et l'empathie. Dans la fougue de sa jeunesse enthousiaste et généreuse, PAULINE parlait de contexte socio-politique, de moral commun à la population et forcément, ça marque toujours actuellement. La musique pop élancée garnie de violons, la voix angélique font contrepoids au message sérieux de la chanson, elle avait vraiment de quoi marcher.

PAULINE était déjà cette lumière dans le brouillard, avec son caractère enfantin, ses chansons écrites depuis la pleine adolescence, notamment "Vie de Songes" à l'ambiance feutrée, garnie de Mellotron. C'est une formule idéale, une caresse musicale avec de longs cheveux de fée, comme le sourire. "Vie de songes, où tout est illusoire...", paroles fragiles, littérature d'une qualité relative peut-être, mais accessible, ce sont des choses qui nous touchent, même chez Jean-Jacques GOLDMAN. D'ailleurs, PAULINE lui "emprunte" son excellent batteur, Christophe Deschamps.

Il y a aussi en commun un goût pour la finesse dans les arrangements, au piano, aux claviers (Mellotron donc), aux cordes et à la rythmique. On apprécie "J'aime l'Ennui" autant que "Je Vis Ma Vie" pour leur caractère latino recouvert de mots romantiques, même quand ils révèlent ce besoin de liberté innocente, encore loin du je m'en-foutisme susmentionné. La belle demoiselle joue sur deux tableaux, entre un "C'est Pas Toi qui m'Auras" et le vers "Il faut à chacun sa chacune" qui termine le disque. Des considérations du point de vue d'une jeune femme plutôt grande en taille et qui n'a rien à cacher, même si son talent n'est pas complètement exploité.

PAULINE écrit ses chansons elle-même en grande majorité, parfois aidée par des auteurs réputés, François Welgryn, Martin Rappeneau et la chanteuse Lena KA. Cependant, si l'album s'écoute agréablement, il perd en flamboyance ce qu'il gagne en unité homogène. "Allô le Monde" est le seul tempo "rapide", un morceau porteur quand le reste paraît bien sage. Histoire de se contredire, et plutôt que les titres pop-folk ("Tous Pour Une", "Mon Côté Fragile") on reconnaît que les meilleurs moments sont ceux où PAULINE se rapproche de son piano et chante les mots les plus passionnés, avec "Il N'y a Que Toi", le magnifique "Ce N'était Pas Mon Jour", et le court "Chacun".