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UNKLE - Never, Never Land (2003)
Par DARK PANDA le 8 Octobre 2010          Consultée 3825 fois

Le voilà, le chef-d'oeuvre d'UNKLE. L'album majestueux, irrésistible, porté de la première à la dernière note par une grâce à en pleurer. Cinq ans - quand même - après leur premier essai d'électro/trip-hop Psyence Fiction, déjà porteur d'un son aussi riche que viscéral, James Lavelle et ses - nouveaux - compagnons de route sortent en 2003 ce Never, Never Land, une ode cette fois purement électronique parcourue d'une musique froide et robotisée, sur laquelle se couchent des mélodies célestes et les chants envoûtés d'invités de marque - comme l'improbable leader des Queens of the Stone Age, Josh Homme. Mais comment décrire une telle œuvre ? Comment prouver au lecteur l'aspect incontournable et ultime de cette pièce d'orfèvrerie, composée par les dieux et interprétée par de véritables héros antiques ? Comment, enfin, coucher par les mots une perfection qui ne prend son sens qu'à travers les émotions intraduisibles de l'esprit ? Ma réponse à ces trois questions peut paraître tragique : tout cela est impossible. Dans un sens, aussi impossible que le fait de créer un album si incroyablement beau. Aux mélodies si justes. Au rythme si intelligent. Aux chants si travaillés. Et à la pureté si triste. On ne peut décemment pas parler de hasard - car il ne fait jamais aussi bien les choses -, alors de quoi ? De génie ? Le mot est faible, mais conservons-le pour les besoins de cette chronique. Never, Never Land est l'aboutissement d'un travail écervelé et diablement maîtrisé, qui voit d'une part l'explosion du talent de composition de James Lavelle - puisque DJ Shadow avait endossé ce rôle sur Psyence Fiction, malgré l'apport essentiel de James - et, de l'autre, la profondeur et la justesse, tant vocales que littéraires, du chant des collaborateurs appelés par l'instigateur du collectif UNKLE. L'album possède beaucoup moins de samples que son prédécesseur - avec tout de même des extraits de THX 1138, Joy Division et... Black Sabbath - et une cohérence entre les morceaux enfin trouvée, qui manquait quelque peu à Psyence Fiction.
Par mon statut d'avorton humain n'ayant fait que découvrir et apprécier une perle rare tombée de l'Olympe, je ne prendrai pas le risque d'analyser exhaustivement Never, Never Land dans cette chronique. Je m'efforcerai simplement d'aiguiller l'auditeur - c'est à dire vous - vers la plus limpide compréhension de cette œuvre, à travers ses caractéristiques majeures et une ébauche de voie à suivre.

La première information qu'il faut connaître, afin d'apprécier Never, Never Land à sa juste valeur, est la suivante : les onze pièces qui le composent, bien que capables d'être écoutées séparément, forment un tout indissociable. Ce qui est finalement l'objectif d'un album, pour ceux qui en douteraient encore. Ici, ce tout est à découvrir pas à pas. Les premières écoutes - forcément au calme et l'esprit tranquille - permettent de cerner la bête, peut-être à travers une mélodie accrocheuse, un rythme incisif ou un chant cristallin, mais nullement de l'apprivoiser. Certains morceaux peuvent vous paraître immédiats, d'autres plus ésotériques, et enfin certains repoussants, mais oubliez immédiatement et méticuleusement chacun de ces a priori. Car Never, Never Land n'est pas une créature facile, c'est une chimère tentaculaire qui cache en elle ses plus précieux atouts. Ainsi, il faudra chercher et trouver vous-même la subtilité unique de ce rythme techno sur "In a State", décortiquer seul(e) la mécanique transcendantale que déploie "Safe in Mind", patienter longuement avant de comprendre que si le morceau "Glow" ne semble jamais décoller, c'est parce qu'il est déjà haut dans le ciel et constitue un paroxysme à lui tout seul.

Ne comptez pas les lectures de l'album et imprégnez-vous en le plus profondément possible, jusqu'au moment où votre esprit, soudain, s'illuminera et vous forcera à admettre de vive voix : "ça y est. Je vois enfin."
A ce moment précis, où l'unité du disque et son foisonnement vous seront dévoilés, vous l'aurez apprivoisé. Une fois cette tâche - qui, ne nous y trompons pas, est un réel plaisir - accomplie, vous aimerez Never, Never Land d'une force incommensurable. Parce qu'il ne vous décevra jamais : ses écoutes addictives, contrairement à celles d'autres albums, se révèleront chaque fois meilleures car gorgées de nouveautés. Son son est d'une formidable richesse, comme l'était en 1998 celui de Psyence Fiction. Mais l'électronique a désormais pris le dessus sur le trip-hop, inexistant sur la nouvelle galette. James Lavelle, accompagné du musicien et producteur Richard File, a composé la totalité de l'album - parfois avec l'aide des chanteurs - et donné naissance à une musique électronique fortement progressive, dotée d'une volonté d'expérimentation omniprésente et jamais rassasiée.
Toute la grâce de ce Never, Never Land réside d'ailleurs dans son enchevêtrement sublime d'influences et de styles : des percussions agressives et des guitares distordues teintées de rock ("Eye for an Eye", "Safe in Mind"), des nappes de synthétiseur angoissantes et du piano qui l'est tout autant ("In a State", "Panic Attack"), une multitude de sonorités électroniques et futuristes aux consonances bruitistes ("I need something stronger"), des plages solaires de transe/techno parcourues de cordes et d'autres outils féeriques ("In a State", "What are you to me ?"), d'improbables rythmiques partant de machines et débouchant sur des hymnes de volupté ("Panic Attack"), tout cela recouvert d'un travail symphonique de tous les instants (les violons épiques de "Reign") et de chants à humidifier les yeux les plus arides (les chœurs célestes qui terminent "Panic Attack", la voix vaporeuse de Joel Cadbury sur "Glow" ou celle, à la fois forte et murmurée, de 3D, leader de Massive Attack, entre les notes d'"Invasion").

Tout cela pour vous montrer l'aspect à la fois churrigueresque et harmonieux de cet ensemble de onze morceaux qu'est Never, Never Land, débuté par quelques pièces impétueuses ("Eye for an Eye", "Safe in Mind") et clôturé par deux merveilles de charme et de délicatesse (l'envoûté "Glow", le chant frappé de divinité d'"Inside"). Mais là encore, ces adjectifs sont inefficaces et inappropriés, face à la valeur proprement abstraite de ces morceaux.
Arrivé là, une question doit se poser : à quoi peut donc servir cette chronique totalement orientée, qui pourrait même apparaître frustrante pour celui qui ne comprendrait ou ne serait pas d'accord avec le portrait que je tisse du second album d'UNKLE ? Une nouvelle fois, je n'ai pas de réponse correcte pour cette interrogation. Simplement une pensée, par définition personnelle : il est des groupes et des albums qui transcendent les genres et les goûts sur lesquels chacun d'entre-nous aime à s'arc-bouter. Et non seulement Never, Never Land en fait partie, mais les opus suivants d'UNKLE lui emboîteront le pas, eux aussi.
Pourquoi, me demanderez-vous ? Et cette fois, j'ai la réponse : parce que James Lavelle est un dieu. Et lorsqu'on a la possibilité de rencontrer l'une de ses créations, il est de notre devoir d'aller vers elle, humblement mais sûrement. Car le seul risque de cette aventure est d'être touché par la grâce.

Note : 7/5

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   DARK PANDA

 
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- James Lavelle (programmation, machinerie)
- Richard File (programmation, chant, guitare )
- Graham Gouldman, Josh Homme, Joel Cadbur (chant)
- Richard Flack (programmation)
- Damian Taylor (programmation)
- Antony Genn (guitare électrique, basse, claviers)
- Shawn Lee (percussions)
- Philip Sheppard (violon électrique, violon acoustique)
- Lucy Wakeford (harpe)
- Alisdair Molloy (waterphone, glassharmonica)
- Richard Matthews (glockenspiel)
- London Session Orchestra (orchestration symphonique)


1. Back And Forth
2. Eye For An Eye
3. In A State - Avec Graham Gouldman
4. Safe In Mind (please Get This Gun...)
5. I Need Something Stronger - Avec Brian Eno Et Jarv
6. What Are You To Me ? - Avec Joel Cadbury
7. Panic Attack
8. Invasion - Avec 3d
9. Reign - Avec Ian Brown Et Mani
10. Glow - Avec Joel Cadbury
11. Inside - Avec Grant Nicholas



             



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