Dans le giron du folk néo-païen (qui reste, il est vrai, assez restreint même si la mondialisation galopante fait ressurgir des paganismes de tout poil, souvent faits de bric et de broc), OMNIA est une sommité. Le groupe néerlandais porte en effet, depuis sa formation en 1996, un message résolument peace & love et prône un amour inconsidéré de la nature. Loin d'être contemplatif et de se contenter de décrire dans ses textes des paysages enchanteurs, le groupe dénote par son côté revendicatif, en faveur d'une désobéissance civile et d'une démilitarisation totale, condition sine qua non pour que la nature nous accepte de nouveau en son sein. Utopie ? Peut-être. Il est, en tout cas, parfois bon de rêver.

Et le rêve, OMNIA en apporte. Par la variété de ses compositions tout d'abord, qui emmènent l'auditeur dans un voyage vers de vertes régions indéterminées mais se rapprochant de l'image que l'on se fait des contrées celtiques primordiales. A l'écoute de « Saltatio Vita », qui fait la part belle à la flûte, comment ne pas se sentir en effet embringué bon gré mal gré dans une danse chaloupée menée par une horde de facétieux korrigans ? En quelques notes, OMNIA parvient par le truchement de ses instruments affutés à évoquer moult paysages et ambiances gravés dans l'imaginaire de chacun mais enfouis au plus profond de notre enfance. Le groupe réussit à faire ressurgir, pendant quelques instants, l'enfant qui sommeille en nous. Le groupe joue d'ailleurs de son côté enfantin, n'hésitant pas à évoquer, grâce à ses mélodies « simplistes », le son de ces boîtes à musique qui amusaient autrefois les bambins. « Toys in the Attic », dont le thème au piano et la combinaison de voix masculines et féminines rappellent également l'enfance, est symptomatique de ce tour de force. Le trader redevient merdeux en couches-culottes, l'avocat vomit dans son bavoir... Cette délectable régression n'est pas gratuite, et semble avoir pour but de nous faire revenir aux origines, aux choses essentielles : l'amour, la nature.

Parfaitement huilé, le plan d'OMNIA réussit en quelques écoutes à peine. Premier hip-hop folk de l'histoire de la musique, « Dance Until We Die » constitue un pamphlet païen (ou seulement humaniste ?) qui d'emblée rend l'auditeur prêt à entendre le message du groupe :

« Si vous avez besoin de la permission de quelqu'un
Pour vivre votre vie comme vous l'entendez
Je vous la donne, ici et maintenant »

Donnant tantôt l'impression d'avoir consommé des champignons hallucinogènes (« Love in the Forest », « Shamaniac » et ses didgeridoos), tantôt celle d'être enfermé sous une chape de mélancolie (« Teachers », « Wheel of Time », « Wolf Song »), la musique d'OMNIA, variée et prenante, fait mouche aisément. Et si l'on peut regretter l'absence de poème épique (le groupe avait superbement mis en musique le poème « The Raven » d'Edgar Allan Poe sur son précédent album), on ne peut rester de marbre à la sensibilité sincère et touchante développée par le groupe.

Un peu fourre-tout, varié et riche en ambiances et en évocations, Wolf Love est un album à tiroirs vers lequel on se sent irrésistiblement attiré et où l'on picore de nouveaux éléments à chaque écoute. Nul besoin de se revendiquer ou se sentir païen pour apprécier la musique d'OMNIA, être humain suffit...