Dans la masse de groupes punk-rock celtique qui émergent depuis le début des années 2000 (l'aspect irrévérencieux et « fun » du style semble attirer nombre de musiciens), se forger une identité propre et suffisamment attractive pour sortir du lot n'est pas forcément chose aisée. C'est pourtant ce que s'échine à faire FLATFOOT 56 depuis sa formation en 2000 (justement !). Originaire de Chicago, ce groupe familial (les trois frères Bawinkel sont à l'origine de la formation) propose en effet un cinquième album qui, avec un peu de chance, devrait lui permettre de s'extirper du moule et faire un peu parler de lui.

Dans la lignée d'un Flogging Molly, FLATFOOT 56 propose un punk celtique agressif et rapide, mais détone néanmoins du groupe précité par des ambiances plus sombres, à l'image de la pochette de cet album, montrant un marin bourru visiblement très agacé par la présence d'un rat sur son navire. L'intro, inquiétante, est symptomatique de la noirceur qui parsème l'ensemble. Dans la lignée du prologue le morceau-titre « Black thorn » vient, malgré la présence d'une guitare acoustique, confirmer ce sentiment. FLATFOOT 56 est là pour en découdre, et veut faire des dégâts dans le circle pit ! La grosse voix de Tobin Bawinkel constitue une proue parfaite pour le navire et offre la percussion nécessaire à un morceau dont le refrain vient s'insinuer dans l'esprit de l'auditeur.

Totalement dans le même style « Born for this » nous laisse à penser que nous allons avoir affaire à un groupe de punk celtique « de plus », agréable mais loin d'être impérissable. Ce serait sans compter sur les talents d'un groupe multi-facettes, qui non content de pratiquer un punk percutant, va parvenir à varier son propos pour présenter des titres folk et rock de grande qualité. C'est ainsi le cas du très mélodique « Courage », imparable de bout en bout et qui vient offrir à l'album une hétérogénéité bienvenue. Riffs plaqués et une mandoline bien placée constituent un titre tout en énergie, à la fois rageur dans sa construction et délicat dans son interprétation. Laissant la part belle à la guitare acoustique, « Shiny eyes » constitue pour sa part une ballade folk, avec choeurs féminins, absolument irrésistible, tout comme « Son of shame », faux-punk semi-coustique dont les cornemuses lointaines rappellent certains morceaux des Real McKenzies.

Et si l'on revient régulièrement à un punk-rock basique, la qualité n'est pas en reste. « We grow stronger », mélange d'Offspring (pour les choeurs gonflés et l'immédiateté du morceau) et de Flogging Molly, s'impose rapidement comme un des meilleurs moments de l'opus. Et même si certains titres sont en-deçà du reste en matière de composition, FLATFOOT 56 prend garde de ne jamais tomber dans la redite, et parvient à maintenir l'intérêt de son auditoire jusqu'au bout des 37 minutes de musique que compte l'album.

Au final, si FLATFOOT 56 est loin de réinventer le punk-rock celtique, il s'en fait un porte-drapeau de qualité, qui satisfera à la fois les amateurs du genre à la recherche d'un nouveau groupe à défendre et les novices, qui trouveront ici une porte d'entrée idéale dans cet univers fascinant.