Superficie : 26m²
Hauteur : 3m
Habitants : 0

Nous ne parlons pas d'un appartement à louer, mais de l’îlot de Skerryvore, situé quelques encablures à l'ouest de l'île de Tiree, dans les Hébrides. C'est petit, très petit, bien trop petit pour que le groupe SKERRYVORE, qui tire son nom de ce petit bout de caillou, puisse s'y épanouir et faire vivre son rock-folk celtique inspiré par RUNRIG et SEVEN NATIONS. Voyez plutôt, pour son troisième album, le groupe fondé en 2010 part même à la poursuite de ses rêves, traduction approximative de l'expression "Chasing the Sun" qui constitue le titre de ce nouvel opus. Son rêve principal semble être, on s'en doute assez rapidement, de rencontrer le même succès artistique et populaire que ses deux glorieux aînés, ce que devrait permettre cette splendide offrande au rock calédonien.

SKERRYVORE a tout pour séduire : un chanteur à la voix chaude, à la fois délicate et puissante. Une section rythmique parfaitement en place et des instrumentistes virtuoses (accordéoniste, violoniste, joueur de cornemuse...) qui apportent leur lot de mélodies tour à tour marquantes et entraînantes sur des compositions d'obédience folk, d'une efficacité ébouriffante. "Can you hear us ?" se pose en carte de visite de luxe. L'alchimie est évidente entre les musiciens, qui parviennent à proposer un titre proche de l'univers de Coast ou Manran, deux autres groupes de sa génération promis à un bel avenir.

Il y a comme une aura bienveillante qui entoure la musique des Ecossais. Porté par un mélange réussi entre piano et guitares, "You don't know" s'approche en effet de la perfection en la matière. La mélodie, d'une beauté limpide, est agrémentée d'un refrain immédiatement séduisant. Et le texte égale la musique. Apologie du droit au doute, dans une société où l'être humain n'a que peu le temps de se poser et de réfléchir à sa situation, ce morceau donne envie de hurler à la face du monde "Laissez-moi le temps, je ne sais pas". Un titre qui fait un bien fou.

Dans un autre registre, la réflexive ballade "You were my friend", dédiée à un ami trop tôt perdu, en l'enjoué "Walk with me", porté par une flûte sautillante, permettent au groupe de montrer les nombreuses facettes de son talent. Là où les instrumentaux constituent un point faible, SKERRYVORE parvient à proposer des titres sans paroles de très grande qualité : "The rut", prétexte à une démonstration de la cornemuse et de la guitare électrique, se fait un mid-tempo fort appréciable, tout comme l'énergique "Oblique blend", qui se pose en référence directe aux titres instrumentaux de RUNRIG. Doté d'une mélodie poignante, évoquant le "Ride On" de Christie MOORE, "Watchower" se fait néanmoins le plus puissant de ces morceaux, dégageant une intensité portée par l'intimité provoquée par un mélange réussi entre violon et guitare acoustique.

Une démonstration de maîtrise et de savoir-faire, de la part d'un groupe qui fait ici preuve d'une véritable maturité, voici ce qu'est Chasing The Sun. Varié et riche en mélodies splendides, ce troisième album de SKERRYVORE est un must-have pour tous les amateurs de folk-rock celtique. Un coup de maître de la part d'un groupe qui n'a désormais plus rien à prouver.

Pour savoir à quelle sauce vous allez être mangés : https://www.youtube.com/watch?v=3HmWvTP0EqY