On peut se creuser la tête, chercher des termes alambiqués ou des métaphores pompeuses, un seul adjectif convient pour qualifier la teneur de ce nouvel album (le sixième) des FLATFOOT 56 : fun ! Le groupe américain, que les « spécialistes » de punk celtique tentent souvent d'opposer aux Dropkick Murphys, du fait de leur parcours similaire, livre avec Toil ce qui s'annonce être sa meilleure réalisation à ce jour. Si le groupe des trois frères Bawinkel n'a pas eu la chance de bénéficier du succès de ses soit-disant concurrents, il ne fait nul doute qu'en matière de renouvellement et d'efficacité, c'est bien lui qui tire la couverture à son avantage. Malgré un planning de tournées chargé, les jobs de chacun et la vie de famille, les FLATFOOT 56 trouvent encore les capacités de pondre un album varié, frais et innovant.

Si Black Thorn ne cassait pas des briques, la faute à des compositions manquant de variété et dotées d'une agressivité latente, d'une influence hardcore qui ne servait en rien le propos du groupe, Toil se fait à la fois plus léger et audacieux, se recentrant sur un punk « traditionnel » à la Flogging Molly, mais prenant cette fois le parti de renforcer la présence des instruments traditionnels ; le violon, les cornemuses et surtout la mandoline, qui se voit dotée d'un rôle de premier plan, identique à celui des guitares électriques, déchaînées et omniprésentes. Comme pour accentuer ce renouveau, le groupe prend le parti de donner à l'album le nom du morceau le plus folk de l'ensemble. « Toil », working-song folk-rock à la Springsteen, est en effet le délectable ovni de cet album, tellement différent de l'ambiance générale de l'opus qu'il en devient finalement le porte-parole et le morceau le plus représentatif. Car il règne sur Toil, l'album, comme une ambiance de révolte, de rébellion des petites mains contre les puissants, des cols bleus contre les cols blancs. Si le terme « toil » signifie « labeur », il se traduit également par « peine », et c'est bien ce travail en tant que sacerdoce qui intéresse les FLATFOOT 56 sur cet album : « The rich, the strong and the poor », « Live or die trying », « Work for them » ou encore « Strong men » sont autant de titres significatifs. L'abrutissement des masses par le travail, le groupe s'y refuse et le clame haut et fort par le biais d'un punk inspiré et fédérateur.

Les chœurs virils sont bien sûr de la partie, et font de « Brother brother », « I believe it » ou « Work for them » de très sympathiques brûlots punk bien supérieurs à n'importe quel morceau de Black Thorn. Néanmoins, il faut plutôt chercher du côté de « Strong man » et de « 6'10 » pour écouter et se délecter de l'alchimie entre punk et influences folk. Cerise sur la gâteau, le « riff » de piano de « Winter in Chicago », entraînant au possible et témoignant d'un groupe osant varier son propos. Reste que, avec ou sans eau dans son vin, FLATFOOT 56 propose une bonne rasade de titres imparables qui, s'ils peuvent commencer à s’essouffler pour certains au bout d'une dizaine d'écoutes, donnent néanmoins une grande valeur à un album qui file la pêche, malgré ses thématiques souvent sérieuses. Une excellente surprise.

Écoutez le single « I believe it » : http://www.youtube.com/watch?v=0Zq5EHO7yTw&feature=related