Casser NIRVANA, c'est un peu péter à la gueule de tous les morveux de 11 à 15 ans qui jonchent les forums de musique dite punk : "RIP Kurte Coubayne Tu nou Manke trow jmeu sens tro seuul sans twà :'( :'( :'(" est un commentaire typique trouvable sur le ouèbe au sujet du groupe de Seattle. En fait, NIRVANA aujourd'hui, c'est un peu le Justin Bieber des garçons. Sauf qu'aimer NIRVANA, c'est rebelle, c'est destroy, c'est dark!

Ben oui, le monsieur Cobain, c'était pas un enfant de choeur après tout, mais outre son addiction à l'héroine, son look dépravé, ses paroles suicidaires, sa mort prématurée qui ont fait de lui le symbole que l'on connaît, Kurt Cobain était tout de même un grand songwriter. Après un premier brouillon à l'eau de javel et un succès commercial gargantuesque (j’adore ce mot, on a rarement l’occasion de le placer dans une conversation), le chanteur se retrouve victime de son succès, chose qu'il ne désirait absolument pas. In Utero sort en 1993 alors que Kurt Cobain s'enfonce de plus en plus dans sa dépression et son addiction à l'héroine qu'il prend pour 'calmer ses maux d'estomac incessants'. Le contexte d'enregistrement du disque est en effet très important pour comprendre l'oeuvre. La naissance de sa fille Frances n'y peut rien : le disque est envahi du spleen de Cobain. Ce mal être existentiel le pousse à s'essayer au suicide (commercial), prônant la 'liberté artistique' et adressant de la même manière un gros doigt d'honneur à sa maison de disques. In Utero est un disque complexe, beaucoup plus difficile que Nevermind et, également, beaucoup moins bon.

Le son est moins propre et les guitares plus saturées. Parfois ça rend bien ("Radio Friendly Unit Shifter") mais, la plupart du temps, la bouillie qui en résulte est inaudible ("Milk It", "Tourettes"). Le chanteur crie comme un possédé en jouant des riffs pauvres et simplistes. Une bonne pelletée de morceaux souffre du même problème : une mélodie quasiment inexistante étouffée par des nappes de guitares distordues et des voix écorchées. L'immonde "Pennyroyal Tea" (sauvé par sa version acoustique sur l'Unplugged) côtoie l'insupportable "Frances Farmer Will Have Her Revenge On Seattle" dans un déluge de larsens.

Cependant, In Utero contient également sa part de bons morceaux, ne serait-ce que le premier : "Serve the Servants" alterne couplets noisy et refrains pop. "Radio Friendly Unit Shifter" se distingue par son refrain entraînant et sa frappe métronomique.
Même certains des meilleurs morceaux de NIRVANA : "Heart-Shaped Box" et "Rape Me", les titres les plus accessibles de l'album (tout en conservant une certaine noirceur) sont imparables. De plus, le groupe réitère ses folies acoustiques pour notre plus grande joie avec "Dumb" et "All Apologies" (vous avez dit acoustique? euh...).

En bref, In Utero est un album littéralement moyen, partagé entre d'excellents titres et des purées innommables. L'album n'est pas l'échec commercial attendu à sa sortie, mais bien un nouveau succès commercial, au grand dam du groupe.