Stan BUSH, c'est un peu l'ami que l'on voit peu mais que l'on prend énormément de plaisir à retrouver régulièrement, tous les deux ou trois ans. Non pas que l'on ne prenne jamais le temps de se passer un petit coup de fil, mais tout de même, la rencontre a ce quelque chose de savoureux que ne pourraient remplacer tous les combinés téléphoniques et écrans d'ordinateurs du monde. Ce bon vieux Stan, il n'a pas pris une ride ! Un peu d'embonpoint certes, mais le bonhomme a touché quelques royalties suite à sa participation à la B.O de Transformers, ceci expliquant sans doute cela.

Ce que j'aime chez Stan, c'est que c'est un mec entier. Pas de faux-semblants ni de demi-mesure, le gars vit pleinement et a toujours plein de trucs à raconter ! Chaque rencontre revêt le caractère si particulier qui en fait sa richesse. Déjà, il y a 3 ans, en 2007, le gars m'avait laissé sur le cul par la beauté de ses propos, de ses croyances et de ses convictions. Oh, Stan n'est pas dupe, il sait bien que ses idées ne sont pas les plus novatrices, mais il se veut l'incarnation du passé qui brûle encore en lui. Du coup, j'avoue avoir été un peu déçu lorsqu'on s'est attablé, comme de coutume, pour échanger nos dernières impressions sur la vie et le monde. Comme un étrange sentiment de déjà-vécu, j'ai l'impression que Stan me ressort des propos identiques à ceux de la dernière fois ! Ce bon vieux Stan aurait-il chopé cette saloperie d'Alzheimer? Perdu la richesse des propos qui était la sienne? Décontenancé et attristé, je l'écoute débiter ses "Never Look Back", "I'm Still Here", "Don't Give Up On Love" et "Two Hearts" en me demandant bien ce qui a pu flancher dans l'esprit du bonhomme. Je me dis que quelque chose est cassé, que rien ne sera plus comme avant.

Mais, alors que je m'apprête à quitter ces lieux pour noyer mon chagrin dans l'alcool, Stan me retient par le bras. 'Attends", me dit-il, 'Je n'ai pas terminé de raconter mon histoire'. Et c'est alors qu'une étincelle s'allume de nouveau dans ses yeux. Le bonhomme se met alors à parler d'amour ("In My Life"), des écueils de l'existence ("If This Is All There Is"), bref de la vie avec l'envie et la conviction qui lui faisaient alors défaut. Le reste de la soirée se passe en un clin d'œil. Fasciné, je bois les paroles de Stan, comme happé dans son univers duquel je refuse de m'extirper. L'univers est mélancolique, riche et enivrant ("Dream the Dream"), ou développe carrément une énergie positive qui donne envie de mordre dans la vie à pleines dents ("More Than A Miracle", "Your Time"). Et puis, Stan me prouve qu'il n'est pas si démodé que cela puisque, juste avant de s'effacer dans la nuit, il me sort une dernière histoire, moderne et très ancrée dans son époque, qui me laisse sur un nuage ("Sam's Theme").

Stan est parti. Oh, je sais que je l'aurai rapidement au téléphone, pour qu'il me raconte à nouveau les histoires qu'il est le seul à connaître et que je prends à chaque fois plaisir à entendre. La peur du début a fait place à une admiration sans borne. Après tout, nul ne peut être toujours au top. Stan reste en tout cas un ami rare et cher, à conserver précieusement.