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KRAUTROCK/EXPERIMENTAL  |  STUDIO

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1971 1 Neu!
1973 1 Neu! 2
1975 Neu!'75
2010 Neu!'86

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1996 Neu! '72 Live In Düsseldorf
 

- Style : Minami Deutsch, Föllakzoid, Agitation Free, Camera, Beak>
- Membre : Kraftwerk, Faust, La DÜsseldorf, Harmonia
- Style + Membre : Guru Guru, Thomas Dinger , Klaus Dinger , Michael Rother , Hallogallo 2010

NEU! - Neu! 2 (1973)
Par JOVIAL le 8 Mai 2011          Consultée 5118 fois

Lorsque le premier album de NEU! sort en 1971, personne, pas même Klaus Dinger et Michael Rother, n’avait prévu qu’il rencontrerait un succès aussi important. Succès relatif bien sûr, mais important dans la mesure où il incarne pour l’époque le disque anti-commercial par excellence. Pas de chant, une esthétique unique (et très en avance sur son temps), des expérimentations nombreuses ainsi qu’une musique certes novatrice mais difficilement appréhendable au premier abord. Neu! se vend pourtant à environ 30 000 exemplaires. Un chiffre, vous vous en doutez, plus qu’encourageant pour le groupe qui ne tarde d’ailleurs pas à songer à l’écriture d’un second disque. Neu! 2 est donc enregistré en janvier 1973, toujours avec un matériel de fortune, Brain Records refusant toujours une avance d’argent assez conséquente pour que les deux musiciens l’investissent dans l’achat de nouveaux matériels.

Neu! 2 fut souvent décrié par la presse musicale comme un disque médiocre dans la discographie du groupe allemand. Je ne suis pas aussi radical bien sûr, l’album en lui-même possédant à mon avis autant, sinon plus, de qualités que de défauts et n’étant absolument pas à éviter. La raison de ce rejet est simple : NEU! pratique ici une musique plus expérimentale, sale, sauvage, parfois glauque, parfois abrasive, et au final bien peu accessible. Autant vous dire que vos premières écoutes ne seront pas placées sous l’égide de l’émerveillement, mais plutôt sous celui du dégoût. À première vue, l’album part un peu dans tous les sens, et il faut un certain temps pour réussir à y déceler une once de musique pleinement appréciable.

Le classique "Fur Immer (Forever)" se perçoit comme une réponse ironique à l'introductif "Hallogallo" du premier album. Dans une continuité de style presque parfaite, ses effets restent cependant nettement plus narcotiques et filent un incroyable tournis au malheureux qui ose s’y essayer. La recette semble pourtant simple : batterie en motorik continu, guitares répétitives et aériennes, psychédélisme poussé à l‘extrême… mais on rencontre toujours ce petit ingrédient qui vous donne la nausée, vous renverse telle une poignée de champignons hallucinogènes dans une innocente soupe de légumes. Dans la même veine psychotrope, "Lila Engel (Lilac Angel )" nous replonge dans une nausée encore plus prononcée, avec ses riffs noisy, d’une crasse électrique, et le chant d’un freaks névrosé dansant autour de son micro dans un inquiétant rituel de percussions. Ça rebute peut-être certains comme ça, mais putain, ce que j’aime ces deux morceaux !

Plus minimaliste et plus sombre, l’ambient occupe cette fois une place moindre, ce qui est véritablement regrettable à entendre "Spitzenqualität" et "Gedenkminute (Für A+K)", à mon goût bien trop courtes. NEU! est alors bien loin du calme ambient apaisant de son premier album et dévoile son visage torturé qui ne sera malheureusement pas exploité plus en détail, ni sur cet album, ni sur les suivants. Nos deux Allemands ouvrent d’ailleurs de nombreuses brèches dans lesquelles ils auront cependant la politesse de laisser divers autres artistes postérieurs s’engouffrer. S’il faut reconnaître que le disque en lui-même n’est pas franchement le meilleur que NEU! ait pu écrire dans sa courte carrière, ses apports et son influence sont énormes dans le monde musical. Alors que le groupe est en panne d’inspiration pour terminer Neu! 2, il décide d’entreprendre une idée complètement inconcevable (et très provocatrice) pour l’époque, celle de reprendre ses morceaux et de les remixer en studio, soit en les accélérant ("Neuschnee 78", "Super 78"), soit en les ralentissant ("Super 16", "Hallo Excentrico!"), soit en les massacrant totalement ("Cassetto"). Aujourd’hui que ces procédés sont désormais utilisés sans complexe, cela peut nous paraître un peu désuet, mais dans le contexte de l’époque, NEU! faisait sans aucun doute partie des pionniers en ce domaine ! Bon, il faut cependant relativiser car, à l’exception de l’étonnante "Super 16" (que Quentin Tarantino reprendra dans sa B.O. de Kill Bill), les trois autres 'remixes', bien que ce terme ne soit pas vraiment approprié à l’époque, sont au contraire dispensables : la nonchalante "Hallo Excentrico!" tourne en rond au bout de 30 secondes, et les accélérées "Neuschnee 78" et "Super 78", si elles ont au moins le mérite de faire sourire, sont aussi ridicules qu’un morceau joué par l’orchestre de Donald sous amphétamines. "Cassetto" en revanche reste un mystère complet, une sorte de rythme techno primitif et grossier, au milieu des 70s’ !

Neu! 2 se termine enfin par un titre plus énervé, "Super", préfigurant le proto-punk de Neu!’75, sympathique dans un premier temps, puis rapidement gonflant à la longue. Sa version ralentie, "Super 16", évoquée plus haut, est nettement plus intéressante car vous avez en face de vous l’un des premiers morceaux de musique industrielle. Certes, cela reste expérimental, très poisseux aussi. Mais que NEU! l’ait fait exprès ou non, il tient là une formule que de nombreuses formations d’indus, telles LAIBACH, reprendront plus tard, à savoir des rythmiques martiales, une mélodie lourde et répétitive. Enfin, s’étaler sur les nombreux groupes que cet album peut avoir influencés (zut, j’ai oublié de citer SONIC YOUTH …) serait bien trop long pour le lecteur, donc j’abrège ici les souffrances. Si Neu! 2 est le moins bon, le moins attractif des trois albums de NEU!, il ne faut, et c’est certain, ne pas en faire l’impasse. Il faut l’écouter et en ressortir, satisfait ou non, en se disant que Klaus Dinger et Michael Rother étaient quand même des putains de pionniers à l’image de toute la bande des Allemands farfelus, placés par gentille méprise sous la triste bannière du krautrock.

3,5/5

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   (2 chroniques)



- Michael Rother (guitare/basse/claviers/cithare/percussions/effets/)
- Klaus Dinger (banjo/guitare/batterie/percussions/farfisa/chant)


1. Fur Immer (forever)
2. Spitzenqualität
3. Gedenkminute (für A+k)
4. Lila Engel (lilac Angel)
5. Neuschnee 78
6. Super 16
7. Neuschnee
8. Cassetto
9. Super 78
10. Hallo Excentrico!
11. Super



             



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