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AMON DÜÜL II - Tanz Der Lemminge (1971)
Par JOVIAL le 27 Novembre 2012          Consultée 4756 fois

Sortir consécutivement deux doubles L.P est un cas bien rare dans l'histoire du rock. Sortir un second double L.P presque aussi excellent que le premier doit l'être encore plus. Et le faire qui plus est lorsqu'on vient de perdre deux musiciens, ça, il ne doit y avoir qu'AMON DÜÜL II pour en être capable.

En 1971, nos Allemands essuient de plein fouet les départs presque inexpliqués du vocaliste/violoniste Christian "Shrat" Thierfeld, élément important dans la composition des deux premiers albums, et du bassiste Dave Anderson qui a préféré s'en aller voir du côté des Anglais d'HAWKWIND – tragique erreur de parcours pourront dire dès l'année suivante ses anciens camarades*. Shrat n'est pas remplacé et Anderson laisse donc sa place à Lothar Meid qui a notamment collaboré avec EMBRYO Et tout ce petit monde se retrouve bientôt en studio pour ainsi sortir la même année le troisième volet des aventures lysergiques d'AMON DÜÜL II, une bien étrange danse de lemmings nous révélant bientôt un groupe qui n'a malgré tout rien perdu de sa superbe.

Je ne serai sans doute pas très original en vous disant, comme beaucoup d'autres avant moi, que Tanz Der Lemminge reste très proche de son prédécesseur, Yeti. Si celui-ci est sans doute plus alambiqué, moins direct et plus expérimental que son grand-frère, les ambiances et les procédés d'écriture utilisés s'avèrent quasiment identiques. AMON DÜÜL II laisse encore la part belle aux pièces musicales en plusieurs actes avec les deux immenses "Syntelman's March Of The Roaring Seventies" et "Restless Skylight-Transistor-Child", aussi étendues que leurs titres, ou encore à l'improvisation sur "The Marylin Monroe-Memorial-Church". Comme à son habitude, le groupe complète le tout par de plus courts morceaux : le sympathique hard-krautrock instrumental du "Chewinggum Telegram", assez conventionnel mais tout à fait efficace, ainsi que le diptyque cosmique et lancinant "Stumbling Over Melted Moonlight"/"Toxicological Whispering", deux champignons vénéneux difficiles à digérer au départ mais d'un goût sublime après quelques écoutes : à peine dix minutes au compteur et déjà la tête commence à nous tourner.

Les deux premiers morceaux de l'album sont d'ailleurs eux aussi indigestes lors des premiers contacts. Le petit moins par rapport à Yeti, c'est qu'ils sont plus décousus. AMON DÜÜL II part un peu dans tous les sens, empruntant des chemins pas forcément des plus évidents, alors qu'au contraire auparavant les transitions de "Soap Shop Rock" ne nous prenaient jamais brutalement au dépourvu, comme c'est ici le cas plus particulièrement sur "Restless Skylight-Transistor-Child". N'exagérons pas non plus, ce défaut n'est toutefois pas un obstacle majeur à la pleine appréciation de ce morceau où s'enchaînent pour notre plus grand plaisir ballade indienne, délires électriques, pianos flamboyants et autres courtes incursions autrement plus inattendues qu'il serait dommage de vous déflorer par de simples mots.

"Syntelman's March Of The Roaring Seventies", sorte de long folk psychédélique complètement halluciné et théâtral, se montre quant à lui encore meilleur, rappelant une nouvelle fois tout le génie de la formation munichoise, excellant néanmoins de manière encore plus prononcée dans un autre domaine dont j'ai vaguement fait la mention plus haut, celui de l'improvisation. Le morceau qui retient toute notre attention et mérite certainement d'être le plus mis en lumière reste à mes yeux l'incroyable "The Marylin Monroe-Memorial-Church", qui voit AMON DÜÜL II évoluer dans un registre auquel il nous avait peu habitués, avec cette improvisation ainsi très sombre, mystérieuse, tribale voire macabre. Pouvant certes être facilement rapprochée de l'univers du morceau "Aumgn" de CAN, il s'agit sans doute là d'une des plus fabuleuses improvisations que l'avant-garde allemande ait jamais été capable de donner. Montez le son à fond, fermez rideaux et volets, fermez les yeux et allongez-vous, vous n'en sortirez sans doute pas indemne. AMON DÜÜL II apporte par ailleurs là sa petite pierre à l'édifice d'un ambient naissant dont le krautrock reste l'un des principaux géniteurs.

Tanz Der Lemminge est ainsi un album d'une excellente facture, bien que les quelques défauts énoncés plus haut et le fait qu'il soit plus difficile d'accès que ces prédécesseurs m'empêchent de lui attribuer une note aussi élevée que pour Yeti. Il complète cependant bien une trilogie d'albums que le groupe lui-même ne parviendra jamais à égaler par la suite. Créatif, sauvagement délirant et éthéré, ce troisième disque devrait ravir sans problème les amateurs du genre auxquels je conseille de passer d'abord par Phallus Dei et Yeti, plus évidents.

*Dès 1972, Dave Anderson se voit poussé vers la sortie au profit d'un certain Lemmy Kilmister.

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- Chris Karrer (guitares/violon/chant)
- John Weinzierl (guitares/piano)
- Falk Rogner (claviers)
- Lothar Meid (basse/chant)
- Peter Leopold (batterie/percussions)
- Renate Knaup-krötenschwanz (chant)
- Guests :
- Jimmy Jackson (claviers)
- Al Gromer (sitar)
- Rolf Zacher (chant)


1. Syntelman's March Of The Roaring Seventies
2. Restless Skylight-transistor-child
3. The Marylin Monroe-memorial-church
4. Chewinggum Telegram
5. Stumbling Over Melted Moonlight
6. Toxicological Whispering



             



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