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ARNO - Brussld (2010)
Par DARK PANDA le 28 Mars 2011          Consultée 4100 fois

« Dans mes chansons [...] j’essaie d’exprimer mes sentiments avec une larme et un sourire ». Arno n'aurait pas pu mieux définir sa musique. Comme sa phrase, son art est paradoxal, partagé entre la joie et la tristesse. Un tube rock enthousiaste qui met la banane, suivi d'une ballade au chant déchiré qui éparpille le cœur en mille morceaux. Le crooner belge sait décortiquer l'existence avec tact, transformer d'universelles émotions en pièces musicales intimistes. Exemple sur « Ça monte » : « Les mecs ils pleurent lorsqu'ils sont malheureux, les femmes elles pleurent lorsqu'elles sont heureuses, c'est dur, c'est dur d'être un chien, c'est dur d'être... un être humain ». Peut-être que ça n'a l'air de rien, comme ça. Mais chanté avec une voix brisée de lyrisme et accompagné d’un rythme frénétique de guitare orientale, ça broie les tripes.
Après quarante ans de services musicaux, Arno n'a rien perdu de sa fougue. Et de son hyper-existence. Sur son dix-huitième album, intitulé "Brussld", il continue d'inspirer la souffrance et de respirer le rock. Un rock adroit car millimétré, jouissif car créatif, brûlant car authentique.

Qu'apporte donc cette énième galette au sein de l'œuvre boursouflée d'Arno ? Déjà, une pléthore de tubes comme « Black dog day », « Brussels » ou encore « Pop star ». Le chanteur belge pose sa voix accidentée sur le rythme d’un rock rude, où électro, guitares et batterie s’entrechoquent avec rage, dramatisme et délicatesse. Rien d’original, me direz-vous, puisqu’Arno a habitué ses auditeurs à ce genre de tubes bien rôdés, composés de mélodies puissantes et tourmentées. Mais a-t-on encore besoin d’originalité lorsqu’on détient, après 18 albums, la même rage d’exister et une justesse musicale toujours plus aboutie ? Non.
« Brussels », la chanson éponyme, illustre sûrement le mieux cette capacité à la qualité : chant rageur et épique, guitares distordues, écho électro en toile de fond, la musique traduit un équilibre parfait, entre conformisme jouissif et créativité débridée. Mélodies, éclats de notes éparpillés et modulations vocales sonnent comme une évidence. Et semblent en même temps arrachés des méandres d’un esprit excentrique.

L’aspect exalté, voir halluciné des compositions apparaît encore plus distinctement sur les morceaux calmes de la galette. « God save the kiss », porté par les pincements névrosés d’une guitare presque psychédélique, déploie une rythmique entêtante de redondance. Maladive dans ses harmonies torturées, lourde dans sa profusion de sonorités, elle rejoint le climat sombre et menaçant de « How are you ». Ici encore, la grandeur de la pièce s’impose avec une guitare sèche et un piano aux rengaines assourdissantes, doublés d’un chant clairsemé et habité.
Ce même chant qui transforme « Quelqu’un a touché à ma femme » et « Elle pense quand elle danse » en chefs d’œuvre tragiques. Les paroles sont bouleversantes, la musique minimaliste et millimétrée, la voix d’Arno pénétrante de profondeur et de mélancolie.
Cette beauté triste, à la fois miracle d’existence et broyeuse d’esprit, trouve son paroxysme dans « Get up, stand up », reprise de Bob Marley. Habitué à honorer la musique de ses confrères, le chanteur belge y décompose presque entièrement le titre original : l’enthousiasme et la légèreté du reggae se métamorphosent en marche funèbre, sous les notes d’un piano fantomatique et d’un chant foudroyant d’angoisse. Une claque crépusculaire, celle d’un vieux crooner que l’avancée musicale rapproche toujours plus de l’irrémédiable et ultime voyage. Aussi de l’éternité.

Aux tubes rock et aux ballades romantiques, « Brussld » mêle aussi quelques bijoux de diversité musicale. Et en profite pour illustrer ses compositions de décors dépaysants : fanfare lugubre et hantée sur « Mademoiselle », ambiance effervescente de pub irlandais – ou d’estaminet belge – à travers les polyphonies cuivrées de « Le lundi on reste au lit », pérégrinations « bout du mondesques » grâce aux guitares orientales de « Ça monte ».

A 62 ans, Arno rit, pleure et enrage donc toujours. Ce qui fait de lui un être humain. Mais en couchant ces émotions avec justesse et pureté sur un dix-huitième album de rock acerbe, l’auteur-compositeur belge prouve qu’il est un être humain exceptionnel. Car il y conserve tout son intégrité musicale : puissance rock des instruments, variété et élégance des compositions, paroles et voix déchirantes de finesse, d’intelligence et de sincérité. Un nouveau miracle dans l’œuvre fastueuse du chanteur, dont on attend désormais plus qu’une chose : la prochaine création. Avec, espérons-le, toujours autant de sentiments, de larmes et de sourires.

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   DARK PANDA

 
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Non disponible


1. Black Dog Day
2. Quelqu'un A Touché Ma Femme
3. God Save The Kiss
4. Mademoiselle
5. Brussels
6. How Are You
7. Le Lundi On Reste Au Lit
8. Elle Pense Quand Elle Danse
9. Get Up, Stand Up
10. Pop Star
11. Ginger Red
12. Ça Monte
13. Monday



             



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