Deux ans après la sortie de leur premier album, THE CESARIANS sont de retour cette fois-ci avec I'm With God, court EP de seulement 5 titres, mais intervenant néanmoins à point nommé pour ma part, juste au moment où je commençais sérieusement à m'impatienter. Cesarians I avait été magistral, et j'espérais vraiment beaucoup de ce mini-album, peut-être trop. Et je savais pourtant bien que je devais au contraire ne pas trop en attendre. Non pas que je pressentais que THE CESARIANS n'était pas capable de réitérer le même exploit qu'en 2009, mais plutôt que, comme tous groupe, leur musique allait évoluer, et peut-être me déplaire. Je le savais bien oui, mais je n'ai pas pu m'empêcher, en fin d'écoute, de m'écrier tel un sauvage : « Ha les traîtres ! ». Car oui, Charlie Finke et ses romantiques comparses sont des traîtres, pour nous, mais aussi pour eux. Alors qu'ils s'étaient formellement juré de bannir toutes guitares ou basses de leurs compositions, nos Anglais reviennent sur leur serment en intégrant (argh) un bassiste, en la personne Budge Magraw, déjà connu pour son travail avec Gretschen Hofner.

Forcément, un certain changement se fait ressentir dans la musique des CESARIANS, qui cependant ne s'éloignent pas tant que ça de leurs compositions précédentes. Les morceaux « I'm With God » et « Schoolyard » sont en effet très proches d'un « Ratz » ou d'un « Sour Ink » sur Cesarians I, mais n'atteignent cependant pas leurs qualités. Très agréables j'en conviens, même assez splendide pour « I'm With God », mais cela manque un peu de mordant, d'envie, et demeure peut-être un peu bateau pour la mélancolique « Schoolyard ». Du mordant au contraire, on rencontre beaucoup plus sur la surprenante « In Your House », où la basse de Magraw intervient alors pour la première fois. Du rock'n roll pur et dur, un Charlie Finke déchaîné, une rythmique basse/piano à se cogner la tête contre un mur, voici sans doute la grosse réussite de cet EP, qui me prouve que l'arrivée de Bugde Magraw n'était pas nécessairement à regretter. Sur « Worst Thing », THE CESARIANS remettent ça, avec une chanson tout aussi rock, où une guitare électrique se fait d'ailleurs entendre, preuve que nos Londoniens persistent et signent ici sans complexe, malgré tout ce que l'on pourra en dire. Néanmoins, malgré un refrain très accrocheur, « Worst Thing » me plaît moins que sa demi-soeur d'« In Your House », car parfois un peu trop fouillie, un peu trop « électrique » à mon goût. Jan Noble cogne comme un sourd sur sa batterie, sans aucune subtilité, gâchant ainsi l'ensemble, que sauve néanmoins mon cher Finke, qui décidément se montre toujours autant à son avantage. Enfin, on finira par la désormais traditionnelle poésie du même Jan Noble, qui récite cette fois-ci en italien, dont je n'ai malheureusement pas encore trouvé la traduction, et dont je ne sais pas trop encore quoi penser. À chacun, il me semble, de l'apprécier à sa manière.

Il est clair qu'avec I'm With God Charlie Finke a voulu rapprocher THE CESARIANS du son plus « hard » qu'il avait déjà expérimenté avec son ancien groupe, Penthouse. Le résultat est beaucoup plus soft bien sûr, piano et cuivres sont encore (et heureusement) omniprésents, et ne remet pas encore en cause le style du premier album. THE CESARIANS font évoluer leur musique, il faut l'accepter, même si le résultat n'est pas aussi excellent que l'on aurait pu l'espérer. Un bon moment cependant, un peu court, mais que je conseille à ceux qui auraient déjà aimé Cesarians 1.