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COUNTRY  |  STUDIO

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- Style : Chuck Ragan
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Austin LUCAS - A New Home In The Old World (2011)
Par GEGERS le 18 Avril 2011          Consultée 3333 fois

Des choses résonnent dans ma tête. Il y a cette statistique affolante, tout d'abord : chaque année dans le monde, trois millions et demi de personnes décèdent d'une carence en musique country. Un chiffre affolant, qui m'embrume l'esprit, et me rend soucieux. Les conseils de l'OMS sont flous, et par méfiance de l'Organisation ou par méconnaissance du fléau, nombre sont ceux qui favorisent l'auto-médication. Je fais partie de ces fous qui préfèrent s'en remettre à leur propre conscience pour tenter d'échapper au phénomène. Radios et télé éteintes, afin de résister au maximum à la propagande médiatique, voici donc le musicophile lambda face à ses démons, incertain quant à l'efficacité de ses remèdes sortis d'on ne sait où ? La came de mon fournisseur est-elle garantie sans OGM ?

La dope est américaine. Bon point. Non pas que la nationalité soit un gage de qualité, mais elle constitue plutôt un label, garantissant un minimum de savoir-faire et d'expérience en la matière. J'espère, je pense pouvoir me prémunir de tout manque en country avec ça. « Pas de problème », me dit mon dealer. Selon lui, c'est élevé en plein air. Rien que du pur instrument. Du violon, de la guitare, une voix qui transpire l'alcool, et un petit filet de chant féminin sur le dessus pour adoucir l'ensemble. Je tente. Après tout, quels risques ? Il faut dire que mon dealer inspire la confiance, avec ses airs de collègue de boulot lambda, un peu grassouillet (du genre à finir vos lasagnes à la cantoche lorsque vous avez le dos tourné). Le type qui a du se faire appeler bouboule plus d'une fois dans sa vie, sans en être pour autant traumatisé. Et puis, le bonhomme vient du punk, comme son pote Chuck Ragan. Voilà qui finit de me convaincre. Un type qui passe du punk à la country ne peut pas avoir mauvais fond.

D'ailleurs, il y a quelques résidus punk dans le produit. Un zest, un petit rien d'anti-conformisme qui souffle un air de liberté sur l'ensemble. On y décèle des pures constructions country, mais on ne se retrouve pas pour autant en train de siroter une Bud dans un pub du Texas. Non, la dope est parfaitement ancrée dans son temps et adaptée à ces lieux impersonnels et post-modernes qui nous ensevelissent quotidiennement. La came est à effet immédiat, et l'on grimpe bien vite au septième ciel. Plus que les ingrédients qui la composent, c'est leur fusion et leur mélange qui rend le trip totalement délectable. Il y a ces instruments acoustiques, et ce violon, qui se font tantôt dansants, tantôt d'une tristesse à faire pleurer les pierres. Il y a cette guitare électrique, qui intervient peu mais toujours de manière pertinente, et apporte sa touche rock à l'ensemble, et dont les gimmicks rappellent parfois Neil Young. Bordel de dieu, c'est bon ! « The grain », c'est du « Hey hey, my, my » en barres. Mais l'impression de s'être fait refourguer de la camelote est loin, bien loin. Elle n'effleure même pas l'esprit, tant la fusion des éléments constitue une country bariolée et novatrice qui devrait recharger les accus pour le reste de l'année.

Mon dealer voit bien que je prends mon pied, et le bougre en rajoute une couche : « tu entends cette voix n'est-ce pas ? Tu remarques, comme elle fait à la fois preuve d'une grande maîtrise mais aussi d'une sensibilité à fleur de peau ? Tu as presque envie de t'agenouiller devant tant de conviction, n'est-ce pas ? » Le fourbe m'achève. Je succombe et m'écroule, accablé par le poids du miracle thérapeutique qui est en train de se produire. La dope me parle de vie, de mort, d'amour et de bonheurs quotidiens, tandis que sa bande-son faite de country, de folk et de rock s'insinue dans mon corps par tous les pores.

J'achète. Fiable ou pas, j'achète. Sourire aux lèvres, je regarde mon dealer s'éloigner, tandis qu'entre mes mains fébriles subsiste un petit objet carré, coloré dans des tons beiges et orné d'un oiseau, une chouette, regardant dans ma direction. Finalement, ce n'est pas cher payé pour éviter la mort par carence en country. Le remède idéal ? En tout cas, un produit qui, s'il n'éloigne pas la mort, la rendra moins douloureuse. Toujours ça de pris.

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6. Sleep Well
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