La vague des reformations de groupes déchus semble loin d’être terminée en cette début de décennie. C’est au tour de GANG OF FOUR de rejoindre le triste panthéon des groupes tentés par l’argent facile que provoquerait un tel événement. Mais n’exagérons rien, qui se soucie d’eux encore aujourd’hui et surtout, qui les connaît vraiment (surtout en France) ? Leur reprocher cette reformation est peut être dur de ma part, surtout que des groupe de la mouvance post-punk et compagnie ont déjà fait des retours triomphaux comme NEW ORDER ou encore KILLING JOKE.

Un dernier détail qui enfonce le clou, personne ne semblait intéressé de s’occuper de cette dernière nouveauté dans la rédaction de Forces Parallèles. Et comme j’avais crié mon amour pour leur premier album, le terrible Entertainment!, qui se charge d’écrire une chronique là-dessus ? C’est bibi. Je m’interroge sur ma légitimité d’écrire sur eux. Ne connaissant absolument pas ce qui a suivi leur premier disque, je me lance totalement dans l’inconnu pour juger ce dernier jet. Je vais me rassurer en disant que je n’aurais pas cette fâcheuse habitude (et pourtant nécessaire la plupart du temps) de comparer ce dernier disque à ses prédécesseurs.

Le retour du gang des 4 avec un vrai nouvel album donc (le précédent n’était qu’un réenregistrement de leurs anciens succès), qui y a-t-il de nouveau sous le soleil ? Ça va rassurer les indécrottables nostalgiques, il n’y a rien du tout d’inédit. Si ce n’est une production ultra moderne que je qualifierais de sans âme car aseptisée. Pas grave, les compositions sont sans doute très bonnes, on parle du groupe qui nous a sorti des hymnes tels que « At Home He's a Tourist » et « To Hell With Poverty » quand même !

C’est justement le gros problème de ce disque, il est d’une platitude effrayante. Malgré une basse omniprésente et une section rythmique sec et funky à souhait, difficile de sauter sur place en écoutant cette dernière offrande. Le chant beaucoup moins hargneux que dans le passé (ce qui est normal me direz vous), ne manque pourtant pas de conviction, mais on regrette que ses refrains scandés ne restent pas dans nos têtes comme auparavant, à l’exception peut être de « I Party All the Time » mais rien de bien folichon.

Seule véritable surprise de ce Content, « It Was Never Gonna Turn Out Too Good », plus électronique que le reste et accompagné d’un vocoder. Mais ce titre est peut être encore moins intéressant que les autres morceaux même accompagné d’un gadget sonore inédit.

Grosse sortie de route de GANG OF FOUR qui loupe totalement son retour en ne voulant pas dérouter ses anciens fans. Sur live, le quatuor réussit encore à enflammer la scène mais sur disque, leurs compositions prévisibles ne rendent pas justice à l’incroyable énergie qui réside encore dans ses papys inventeurs du dance-punk.

Tant pis, car si on se rend compte qu’ils ont influencé tous les groupes revival post-punk des années 2000 comme BLOC PARTY, ils ne se donnent pas les moyens de les surpasser et paraissent bien vieux jeu malgré l’emballage moderne de la musique.

Seule évolution par rapport à leurs débuts: après avoir inventé le post-punk funky ou dance-punk, GANG OF FOUR vient d’accoucher du dance-punk mou et lassant. Il fallait bien que quelqu’un le fasse un jour, ils l'ont fait.