La virtuosité n'est pas une mince affaire. Elle se doit d'être considérée avec un immense respect dû à son rang. Élitiste ? Peut-être l'est-elle. Exigeante et sélective ? Elle l'est sûrement. Parler d'elle demande volonté et confiance en soi. Car la virtuosité ne supporte pas l'approximation, elle qui est en constante recherche de la perfection. La perfection, pour sa part, se trouve entre les doigts du flûtiste Écossais Calum Stewart (également membre du petit groupe de rock celtique qui monte Manran) et de son comparse breton Heikki Bourgault, guitariste de son état. Deux virtuoses de leurs instruments respectifs, qui décident de s'unir pour proposer une musique inédite. Deux musiciens effacés derrière leurs instruments, comme en atteste la pochette de leur album commun. Il nous faut donc reconnaître la virtuosité, parler de renforcement des basses, d'octaves, de clés, de techniques de doigté, de tonalités. Foutaises, la musique des deux artistes ne souhaite pas se faire analyser, elle veut simplement se laisser écouter.

L'album du duo a l'avantage non négligeable de ne pas s'adresser uniquement à un public d'esthètes. De part sa richesse mélodique, cet opus accroche l'oreille dès la première écoute et se laisse facilement apprivoiser. En atteste la composition « Retour au Ty Anna », qui se fait l'avatar de cette beauté accessible. La guitare de Heikki Bourgault constitue le tremplin parfait pour les envolées maîtrisées d'un Calum Stewart sur de son fait. Lorsque l'on sait que l'album a été enregistré dans les conditions du live, sans retouches ni artifices, le tour de force mérite le respect.

Cinquante minutes durant, compositions originales et réinterprétations de morceaux traditionnels (positionnés en fin d'album) se succèdent et se font suffisamment variés pour conserver l'attention de l'auditoire. Jigs, reels et autres kas a-barh parsèment un album riche en couleurs et en ambiances différentes. L'espièglerie printanière de « Yellow on the broom », la mélancolie de « One fine day... », la profondeur de « Final embrace » épousent littéralement l'auditeur sans provoquer une once d'ennui.

Bien entendu, si flûte traversière en bois et guitare classique vous repoussent au plus haut point, vous ne trouverez rien ici pour vous plaire. Dans le cas contraire, vous aurez le plaisir de découvrir un album convaincant, virtuose et technique, loin d'un élitisme et d'une pédanterie parfois inhérents à ce type de réalisation. Une initiation en douceur à ces deux instruments, qui s'expriment pleinement entre les mains des deux artistes.

Pour se faire une idée, rien de mieux qu'une écoute : http://www.calumheikki.com/musique.html