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1971 Electric Warrior
1972 The Slider
 

- Style : Wizzard

T.REX - Electric Warrior (1971)
Par K-ZEN le 9 Juillet 2023          Consultée 859 fois

Mes mains tremblent légèrement au moment de me placer derrière ma machine à écrire.

J’avais au préalable déjà chroniqué du lourd via ma somme toute jeune carrière dans Forces Parallèles, à savoir les EAGLES, mais "seulement" The Long Run, ultime album avant une première séparation temporaire, un enregistrement bon mais pas autant emblématique que ne l’étaient certains précédents directs. C’est la première fois que je me frotte à si iconique, un de ces albums qui marquent tant qu’on en garde une trace à jamais, anecdote ou image en fil rouge, instant fugace d’absolu où les premières notes composant "Mambo Sun" pénètrent des tympans vierges.

Reconnaissable entre mille, cette pochette noire sur laquelle on devine à juste titre un Marc BOLAN armé d’une guitare positionnée dans la continuité de sa jambe droite, posant près d’un ampli, le tout comme entouré d’un mystérieux halo. Apparition divine ? Basée sur une photo prise par Kieron Spud Murphy lors d’un concert, la création est signée Hipgnosis, une relative surprise en comparaison aux autres productions qu’on lui connaît, plus curieuses voire ésotériques.

La métamorphose est ainsi double. Le tyrannosaure a troqué une partie de son corps pour un intitulé plus compact, apparaissant en tête de gondole bien centrée. Son maître a, quant à lui, fait évoluer son image de troubadour hippie assis en tailleur dans l’herbe. Quand il n’est pas debout sur scène et envoyant des riffs à présent électriques, on l’aperçoit siégeant sur un rocking-chair, chemise en jean ouverte, un faux air incroyable de Syd BARRETT.

Le point de bascule se situe en 1971.

Un concert à Sheffield Town le 2 janvier où apparurent à sa conclusion, en loge, des jeunes filles entonnant les chansons interprétées par T.REX convainquit BP Fallon, journaliste qui suivait BOLAN, que le groupe était sur le point d’exploser. Chris Welch, journaliste au Melody Maker, pensait peu ou prou la même chose après avoir assisté à un spectacle trois semaines plus tard au Lyceum, salle située à Londres. Il écrivit ainsi : Marc BOLAN devint une star et T.REX un supergroupe lundi dernier.

Quelque chose d’autre avait changé. Le public était désormais à l’affût du moindre de ses mouvements et ce, parce qu’après cinq ans de tâtonnements, BOLAN réussit à sortir un single à succès, le catalyseur selon son célèbre producteur Tony Visconti. Malgré son intitulé encore psychédélique, le conte électrisé "Ride a White Swan" sortait des sentiers battus, surtout pour un public habitué à la pop. BOLAN avait ainsi trouvé la recette et il ne tarderait pas à remettre le couvert avec un autre hit : "Hot Love" qui se vendra à un million d’exemplaires. On y retrouverait Mark VOLMAN et Howard KAYLAN aux chœurs, alias FLO & EDDIE depuis la fin des TURTLES – auparavant croisés lors d’une tournée américaine – ainsi que deux musiciens faisant leur entrée remarquée dans la troupe Bolanienne : le bassiste Steve CURRIE et le batteur Bill FIFIELD que BOLAN insistera pour nommer LEGEND. Son compère historique Mickey FINN demeurera, plus pour son look que pour son jeu.

Maintenant structuré en vrai collectif, T.REX entre en studio le 17 avril 1970 pour réaliser deux nouvelles démos : un "Cosmic Dancer" électrisé et un "Mambo Sun" particulièrement stoner. Conçues pour sortir en single, les chansons sont momentanément mises de côté au profit d’un autre projet : un voyage aux États-Unis pour présenter le nouveau T.REX via concerts, sessions radios et interviews. Tony Visconti ne fut pas invité mais il ne s’en laissa pas compter si facilement et rejoignit son poulain et l’Amérique à son tour. Une partie conséquente du matériel composant Electric Warrior fut ainsi conçue entre New York et Los Angeles (où le groupe en profita pour prendre du bon temps à la piscine avec FLO & EDDIE) : l’imparable ode au sexe et à Chuck BERRY "Get It On", "Lean Woman Blues", élégant revival du blues boom britannique ou un "Jeepster" radicalement transformé, dont la première version acoustique avait été auparavant enregistrée à Londres. Empruntant autant à Howlin’ WOLF qu’à Elvis PRESLEY, BOLAN parvenait ici à canaliser vingt ans de musique populaire.

Mais déjà, la parenthèse dorée s’achevait. Après un flirt avec une jeune femme rencontrée dans la Grande Pomme lors d’une lecture du mystique indien Krishnamurti qui se prolongerait quelque temps encore (le tristounet et autobiographique "Life’s a Gas" relate cet évènement), le retour en Angleterre est planifié pour mai 1971. Visconti et BOLAN s’attellent alors à peaufiner les bandes empilées aux States en y adjoignant des musiciens additionnels : Rick WAKEMAN au piano, Ian McDONALD au saxophone ainsi que sections de cordes rappelant la pop du début des années 60.

BOLAN sentit cependant que le disque avait besoin d’un ultime titre supplémentaire. Il grava ainsi rapidement le saignant "Rip Off", chanson faite avec une autre partie du cerveau. Et pour cause, l’humeur y est totalement différente, la voix de BOLAN s’y fait plus incisive, son final cacophonique puis dronesque menaçant, gorgé de feedback et de saxophone torturé, faisant songer à Fun House gravé par les STOOGES au même instant.

La sortie de "Get It On" en single provoqua une véritable frénésie. Le parallèle avec les BEATLES fut immédiatement fait malgré quelques voix dissonantes. Peu conquis, John Peel refusa de jouer la piste, provoquant la fin d’une amitié longue de quatre ans. Electric Warrior sortit finalement le 24 septembre 1971, son intitulé faisant certainement référence à Jimi HENDRIX, et passa six mois dans le Top 30 britannique.

Le résultat est un vrai album de rock’n’roll entre les BEATLES, les BEACH BOYS et Chuck BERRY dixit Visconti. Un classique du glam rock où l’on croise aussi gospel ("Monolith"), mantra voodoo ("Mambo Sun") et imageries fantasmagoriques ("Planet Queen" relate des soucoupes volantes et des têtes de dragon, le magnifique et atmosphérique "Cosmic Dancer" s’intéresse à la réincarnation). Le document d’une période enchantée, mais fugitif, une certaine nostalgie affleurant parfois déjà, via moments plus obscurs ("Girl" ou "The Motivator", lettre d’amour adressée à sa femme).

La réédition de 2011 – fêtant ainsi le quarantième anniversaire de la sortie du disque – propose des singles en bonus dont "The King of The Mountain Cometh", réminiscence folk de l’ancien TYRANNOSAURUS REX ainsi que quantité de chutes de studio et démos compilées dans un second disque.

Electric Warrior, un mélange unique mixant pop orchestrale, rock et blues regardant tout autant dans le rétroviseur que droit devant. Il représente ainsi un passage obligatoire pour tout mélomane curieux qui se respecte.

4.5/5

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- Marc Bolan (chant, guitares)
- Micky Finn (percussions, chant)
- Steve Currie (basse)
- Bill Legend (batterie)
- Blue Weaver (piano)
- Ian Mcdonald (saxophone)
- Mark Volman (choeurs)
- Howard Kaylan (choeurs)
- Burt Collins (flugelhorn)


1. Mambo Sun
2. Cosmic Dancer
3. Jeepster
4. Monolith
5. Lean Woman Blues
6. Get It On
7. Planet Queen
8. Girl
9. The Motivator
10. Life’s A Gas
11. Rip Off
12. Bonus (8)



             



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