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2005 Viaticum
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- Style : Tingvall Trio

ESBJÖRN SVENSSON TRIO - Viaticum (2005)
Par MARCO STIVELL le 3 Janvier 2011          Consultée 3541 fois

Dans l'immense famille du jazz, il y a, entre autres ceux qui sont sans cesse en train de repousser les frontières de la musique, dans le genre mais surtout dans sa construction, et ceux qui tentent de rendre cette musique plutôt accessible. E.S.T. fait partie de ces derniers. Formation resserrée à trois éléments menée par Esbjörn Svensson (d'où le nom du groupe : Esbjörn Svensson Trio), E.S.T pratique un jazz non-amateur mais qui est assez accessible pour des amateurs. Il faut être doué à l'instrument dont on a choisi de jouer pour se faire une place dans la famille jazz, aussi bien pour la technique que pour le feeling, le tout étant amené à faire ses preuves dans le monde très strict de l'improvisation.

Mais il y a aussi des musiciens qui arrivent à faire de l'improvisation quelque chose loin de la pure virtuosité, quelque chose de raffiné et d'accessible pour les simples amateurs voire les non-connaisseurs. Les trois membres d'E.S.T. sont de ceux-là, pour tout vous dire ils arrivent même à ne pas "surjouer" de leur talent instrumental, et au lieu de longues improvisations déroutantes (mais pas moins jouissives pour ceux qui aiment), nous proposent de subtiles interventions de thèmes minimalistes à travers un ensemble (presque) en constante progression.

Nous ne sommes pas dans le "smooth jazz" à proprement parler car il n'y a pas de synthés ou d'instrument qui cherche à réellement dominer les autres avec soli à l'appui, ni même de "formatage" des morceaux qui irait dans le sens de la pop par exemple. Le jazz que nous propose E.S.T. sur Viaticum n'est pas servi dans un format chansons mais il n'est pas impossible de faire le lien de temps en temps, notamment sur le morceau-titre qui comporte un thème récurrent assez accrocheur au milieu de mini-développements musicaux, le tout pour sept minutes de bonheur. J'ai eu la joie d'entendre pas plus tard que tout à l'heure dans la voiture mon professeur d'écoute s'extasier en entendant le morceau et en me disant qu'il avait mis trois jours pour le "relever" comme on dit dans notre jargon musical (Jean, si tu me lis) !

Et la plupart des morceaux sont construits de la même manière. Rien que les trois premiers sont assez conformes par la volonté d'amener des thèmes, puis de créer des ambiances autour, en jouant parfois avec une certaine technique, mais sans jamais tomber dans des soli vertigineux et interminables, loin de là. Le meilleur reste "Eighty-Eight Days in my Veins" car par rapport au premier ("Tide of Trepidation"), il dispose d'un crescendo plus marqué, et donc plus facilement appréciable. Il convient d'ailleurs de dire que la durée des morceaux n'est ni trop courte ni trop longue pour ce genre d'exercice, on peut ainsi le savourer à sa juste valeur. De même, d'une vue d'ensemble cette fois, ne prenez pas peur face aux durées indiquées sur la jaquette... ou non : votre lecteur de CD risque, pour "What Though the Way May Be Long" de vous indiquer 20 minutes, mais en fait il y a un titre caché, et donc il ne dure bien "que" six minutes. Autrement, le disque n'est pas très long.

Remarque, ce qu'il y a de bien avec un disque de jazz comme celui-ci c'est que, pour le féru ou toute autre personne, tout est fait pour permettre d'apprécier la musique plus facilement que si vous deviez écouter une bonne vieille galette de hardbop ou du free à la Coltrane. Avec tout le respect que j'ai pour ces musiciens et genres-là, E.S.T. à côté, c'est de la petite douceur, le genre de confiserie dont on se baffre à loisir, avec toujours le même plaisir. Il y a bien sûr le versant très soft, mais les quelques moments où la musique "s'énerve" sont tout aussi régalants, merci au batteur Magnus Oström qui vient un peu pimenter le goût (déjà excellent) de "Letter From the Leviathan" et surtout "The Unstable Table & the Infamous Fable" qui deviennent ainsi très intenses. "Letter From the Leviathan" forme une suite avec "In the Tail of her Eye" et on ne voit, encore une fois, vraiment pas le temps passer, ni la transition d'un morceau à l'autre. Une bonne partie de la magie de ce disque réside dans la beauté de certains moments comme cette transition, jouant le rôle d'accalmies, qui peuvent sembler très creuses au premier abord mais se révèlent vite essentielles. Un peu comme la grande majorité des morceaux du disque. Citons encore "What Though the Way May Be Long" qui conclue le tout de fort belle manière, presque au niveau d'une belle ballade, en n'oubliant pas de mettre un peu en avant la contrebasse.

Il n'y a qu'un seul détail qui chiffonne, c'est le fait d'entendre de temps en temps des sons d'instruments comme la guitare ou des nappes de synthés alors que seuls le piano, la contrebasse et la batterie sont crédités. Hum, mystère... Quoiqu'il en soit, pour les néophytes qui voudraient aborder le jazz façon "à la coule douce", ce disque E.S.T. représente une belle porte d'entrée.

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   MARCO STIVELL

 
  N/A



- Esbjörn Svensson (piano)
- Dan Berglund (contrebasse)
- Magnus Oström (batterie)


1. Tide Of Trepidation
2. Eighty-eight Days In My Veins
3. The Well-wisher
4. The Unstable Table & The Infamous Fable
5. Viaticum
6. In The Tail Of Her Eye
7. Letter From The Leviathan
8. A Picture Of Doris Travelling With Boris
9. What Though The Way May Be Long



             



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