La remise en route de la machine BIG COUNTRY l'année passée avec Mike Peters au chant avait laissé entrevoir un futur prometteur pour la formation écossaise, espoirs confirmés par la sortie du formidable single « Another Country » à l'été 2011. Sauf que, cette nouvelle mouture du groupe ne semble pas pressée de se remettre au travail et proposer un nouvel album. Comme à son habitude, le groupe collectionne les sorties (plus de 26 depuis le début des années 2000, compilations, DVD et albums de raretés inclus). Celles-ci trouvent facilement preneurs malgré leur intérêt parfois très limité, BIG COUNTRY ayant la chance de disposer d'une fan-base fournie et résolument acquise à sa cause. Ce début d'année 2012 voit donc la parution d'une version « deluxe » (c'est à la mode...) de son premier album, l'indispensable The Crossing. Une sortie-bâtarde, trop tard pour célébrer les 30 ans du groupe (c'était l'année passée), trop tôt pour fêter les 30 ans de cet album (ce sera l'année prochaine). Au final, et comme cela devient son habitude, BIG COUNTRY est la montagne qui accouche d'une souris...

Bien sûr, si vous ne possédez pas dans votre discothèque The Crossing, sa version augmentée constitue un achat indispensable. Quoi que... Bénéficiant d'un son à peine rafraichi, l'album original ne se voit pas particulièrement mis en valeur. La production, en manque de puissance, se fait même inférieure à celle de la version remasterisée de l'album parue en 1996. Un combe, et l'illustration d'un foutage de gueule qui commence à se faire pesant. L'intérêt réside donc principalement dans la tracklist : un double-album, pour deux heures et demi de musique. Le premier reprend l'album original dans son intégralité, et y ajoute 7 titres sortis à l'époque en tant que b-sides. Bien entendu, tous ces titres sont déjà connus des fans. Et il faut bien reconnaître qu'à l'exception de « Flag of the nations », sympathique instrumental mettant en valeur le jeu de basse de Tony Butler, « Angle park », qui aurait mérité de figurer sur l'album originale, et l'épique « The crossing », l'ensemble ne casse pas des briques, le summum de l'ennui revenant à « Balcony », lourde et pataude au possible.

Le deuxième cd présente pour sa part 17 démos, dont 10 jamais éditées auparavant. Si l'intérêt grandit, il faut reconnaître qu'à l'exception du fan acharné, peu nombreux sont ceux qui prendront plaisir à écouter ces titres approximatifs, au son cradingue et daté. Pour l'Histoire, on appréciera de découvrir les versions embryonnaires de « Lost patrol », « Fields of fire » ou « 1000 stars », qui s'avèrent étonnamment proches de leurs versions finalisées, preuve que le groupe du regretté Stuart Adamson maîtrisait déjà son sujet et savait quelle direction prendre. Allez, reconnaissons également que l'écoute du titre « Ring out bells », jusqu'à présent disponible uniquement sur le n°4 de la série des « Rarities », se fait un moment de pur bonheur, tant ce morceau enlevé et enjoué se fait convaincant. L'entraînant « Big city », lui-aussi écarté du tracklisting final de The Crossing, permet également de retirer une couche de futilité à l'ensemble.

Reste que, en proposant une version non-remasterisée de son album culte et en proposant des titres présentés comme inédits mais déjà connus de quiconque a suivi un tant soit peu la carrière du groupe écossais, BIG COUNTRY tente de capitaliser une nouvelle fois sur son glorieux passé, sans doute pour faire oublier son inactivité présente. Si Stuart Adamson, disparu en 2001, aurait sans doute souhaité que le groupe poursuive sa carrière sans lui, peut-être n'aurait-il pas apprécié la publication à la pelle d'albums à but purement mercantile. Difficile en tout cas de goûter pleinement à la plaisanterie, tant cette sortie manque de panache et d'intérêt. Pour novices uniquement.