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FILM NOIR & DARK JAZZ  |  STUDIO

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1995 Gore Motel
2000 Sunset Mission
2002 1 Black Earth
2008 Dolores
 

- Style : The Lovecraft Sextet , Senketsu No Night Club
 

 Site Officiel (936)

BOHREN UND DER CLUB OF GORE - Black Earth (2002)
Par STREETCLEANER le 4 Février 2013          Consultée 4408 fois

Si le précédent Sunset Mission flottait dans des atmosphères crépusculaires de film noir, Black Earth symbolise le renoncement à toute lumière, fût-elle celle aux teintes orangées du soleil couchant. Black Earth c’est une nuit noire qui emprisonne littéralement l’auditeur, ses ténèbres s’insinuent dans ses veines comme une drogue qui le plonge dans une dimension comateuse dont il est d’autant plus difficile de s’extraire qu’elle est transportée par une substance infectieuse et pernicieuse aux effets lents mais irréversibles : celle de la lourdeur, de la lenteur léthargique du doom couplée à l’hypnotique molécule du minimalisme extrême.

Si Sunset Mission pouvait poser le décor le soir dans le bureau d’un privé, on pourrait donner une indication de l’ambiance encore plus ténébreuse de Black Earth : le décor est ici celui des ruelles sombres, des docks désertés, des immeubles dont les imposantes silhouettes ne font que se deviner au travers des lumières vives et crues des mobiliers urbains, des squats taggués jonchés de détritus, des territoires inquiétants balayés par les courants d’air mordants qu’engendre un urbanisme inhumain où quelques junkies en manque errent sans autre but que celui de leur prochain fix. Il n’y a donc aucun étonnement à avoir lorsque les atmosphères de « Skeletal Remains » ou de « The Art of Coffins » rejoignent celles du jeu vidéo Max Payne, dont le second épisode sous-titrera « A Film Noir Love Story ».

La musique du quartet n’est pas à proprement parler porteuse d’action. Si elle est indéniablement visuelle, elle correspond plus à l’idée d’images statiques ou de travellings lents. Les acteurs, quant à eux, sont plutôt immobiles, ou tapis dans l’ombre. On rencontre plus une sensation de contemplation, d’introspection, de réflexion que de mouvement. Visiblement, l’ensemble privilégie un renforcement des images en cinemascope, et le quartet ne joue pas autant la carte des mélodies que sur Sunset Mission, même s’il reste quelques titres aux superbes images en noir et blanc, feutrées, enfumées, et sensuelles à souhait (« Constant Fear » notamment avec une superbe intervention du saxophone).

Les lentes et régulières pulsations de la batterie invitent à l’endormissement (« Crimson Ways », « Grave Wisdom »). Et le Fender Rhodes crée lui-même une atmosphère propice à l’assoupissement avec ses notes tombant en un dripping cristallin, répétitif et délicat porté par de longs effets d’échos « Crimson Ways ». Les boucles fantomatiques du mellotron portent des visions vraiment peu rassurantes sur lesquelles le piano Rhodes tisse une douce et nocturne ballade jazzy. Il y a là création d’un oxymore parfaitement dosé entre la sensualité et le désir charnel du saxophone, toutefois moins présent que sur Sunset Mission, et l’insouciance inquiétante des pianos « Maximum Black ». Parfois l’atmosphère se fait moins dark, moins tendue, et rejoint alors celle de Sunset Mission, c’est notamment le cas sur « Destroying Angels », typique ballade jazz qui empêche l’opus de sombrer définitivement dans un précipice trop obscur d’irrésistible perdition. Mais c’est sans compter sur les cymbales qui, à chacune de leurs apparitions, relancent une immarcescible angoisse nocturne « Grave Wisdom ».

Plus minimaliste que Sunset Mission, s'enfonçant plus profondément encore dans les ténèbres d'une mégapole en pleine déchéance, Black Earth s'avère être, lui aussi, une parfaite mise en image de l'envers du décor d'une grande cité, de son visage nocturne et dangereux, celui des intrigues, du danger, du sexe mais aussi de la mort. Une expérience aussi visuelle qu'addictive.

Note réelle : 4.5/5.

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   STREETCLEANER

 
   MR. AMEFORGEE

 
   (2 chroniques)



- Morten Gass (piano, mellotron, piano fender rhodes)
- Robin Rodenberg (contrebasse)
- Thorsten Benning (batterie)
- Christoph Clöser (saxophone, piano fender rhodes)


1. Midnight Black Earth
2. Crimson Ways
3. Maximum Black
4. Vigilante Crusade
5. Destroying Angels
6. Grave Wisdom
7. Constant Fear
8. Skeletal Remains
9. The Art Of Coffins



             



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