Chaque génération de mélomane a son phare, son artiste, ou juste son album qui résonnera comme l'incontournable, le précieux dont l'oubli serait comparable au blasphème, le pinacle aimé et adoré du début jusqu'à la fin. Malheureusement, pour les années 2010, ça ne risque pas d'être MIKA, étant donné que les nouveaux canons de la musique mainstream populaire sont clairement plus orientés vers la pop putassière et inutile plutôt que la pop classe et bien fichue et que la plupart des médias leur lèchent les bottes, merci l'argent. Mais ceci est un autre débat, et puis à Forces Parallèles, on aime parler des artistes, des vrais. Mika, donc, nous fait le plaisir de sortir un nouvel album, The Origin Of Love, qui compte bien montrer que oui, il mérite sa place parmi les grands noms de la pop.

Et est-ce réussi ? Globalement, oui. Bon, il faut quand même noter que The Origin Of Love possède des caractérisiques qui peuvent être qualifiées de défauts comme la production un peu trop lisse, mais ceci est dans l'air du temps, et sans être fataliste, il n'y a qu'à se dire « tant pis ». Et aussi, MIKA reste MIKA, à savoir un jeune mec sympa et enthousiaste, mais qui tape trop haut dans les aigus de temps en temps, mais ça, c'est comme le cousin Sami qu'on aime bien malgré son haleine de chacal. Un gros premier défaut, n'empêche, c'est la pochette. Franchement, c'est cool d'avoir abandonné les pochettes psyché de mauvais goût, mais si c'est pour une photo artistique gâchée par des machins jaunes donnant la fausse impression d'une couronne d'épines...hum.

The Origin Of Love, donc, est un album qui montre un MIKA qui a évolué, et dans le bon sens, c'est-à-dire qu'il rend sa pop plus mature, plus travaillée, en un mot, meilleure. J'en veux pour preuve flagrante des titres comme Lola et sa gentille légèreté, "Make You Happy" et ses arrangements à tomber par terre même s'il sonne comme un air de déjà-vu ou encore "Step With Me", qui excelle dans son genre, sans compter son refrain (manque juste l'étape 7, à savoir « signons le divorce »). Et si le chanteur anglo-libanais se veut plus mature et réfléchi, ça ne l'empêche pas de délirer un peu avec "Love You When I'm Drunk", appelé à devenir un véritable hymne pour une partie de la jeunesse.

Mais rien n'est parfait, et encore moins The Origin Of Love, qui présente le gros défaut d'avoir du remplissage, voire un ventre creux. Ainsi, "Popular Song", en duo avec Priscilla RENEA, montre un MIKA dans un style r'n'b qui ne lui correspond pas du tout, tandis que "Emily", version internationale du tube "Elle Me Dit", déçoit franchement (en français c'était mieux) et "Heroes" est typiquement la pause acoustico-romantique à deux balles qui fait pschitt. Mais bon, "Celebrate", en duo avec Pharell WILLIAMS, sauve cette fin d'album, et pour les Français, il y a en rab "Elle Me Dit", ça fait toujours plaisir.

Pour un troisième album (réputé comme étant l'étape critique pour bon nombre d'artistes), The Origin Of Love est donc une vraie pépite pop, imparfaite vers la fin mais excellente quand même. MIKA peut raisonnablement être fier de ce qu'il a fait là, et tout le mal qu'on lui souhaite, c'est donc de continuer dans cette voie, et le plus loin possible.