BARDIC aurait pu, après la sortie de son premier album, trouver bien vite les limites de sa formule. Car si le duo permet de mettre en exergue l'alchimie présente entre les deux protagonistes, celui-ci est également limité par son essence-même, interdisant tout ajout d'élément supplémentaire pouvant apporter une nouvelle richesse à l'ensemble. The Roadsmell After the Rain le confirme : BARDIC est et reste un duo décidé à construire son univers musical folk autour de la guitare d’Eddie Arndt, du violon de Sarah Himmelsbach et des voix combinées des deux protagonistes. Le duo allemand évolue néanmoins, puisqu'il propose, en plus de traditionnels écossais et irlandais, une série de compositions personnelles lui permettant de faire preuve d'une réelle viabilité artistique et créatrice.

Ces compositions personnelles reposent, tout naturellement, sur une base acoustique et le chant profond et grave d’Eddie Arndt. Le violon et la voix de sa compagne viennent se greffer par touches plus ou moins discrètes, prenant la parole dès les premières mesures de « But All the Girls. Sur « All Song Is Sung », le morceau le plus réussi de l’album, leur apparition se fait plus tardive. Avec ses couplets séduisants et son refrain imparable, auquel s'ajoute un violon tour à tour espiègle ou très mélodique, ce titre confirme la pertinence de la formule duo et le savoir-faire de BARDIC. Autre moment fort de l'album, « Blood All on the Grass », dont la solennité et la rythmique marquée illustrent parfaitement ce titre tantôt lourd, tantôt céleste et flamboyant. La ballade « Man in the Iron Mask » ou la plus sombre « Vagabonds » nous font regretter que BARDIC n'ait pas eu suffisamment de matière pour proposer un album constitué uniquement de compositions originales.

Car les reprises de titres traditionnels issus des folklores irlandais et écossais restent majoritaires. Les amateurs retrouveront ainsi les très connues « Leis a Lurrighan », « William Taylor », « Ye Jacobites by Name » ou « Follow me Up to Carlow » qui se font sympathiques à défaut d'être délectables. Plus audacieuse, « The Yearning Remains » et sa flûte, « Step it Out Mary », petite pièce sautillante, ou « Near Banbridge Town » (adaptation de « Star of the County Dawn ») participent à la réussite de l'album.

Sans faire sauter les auditeurs au plafond, BARDIC confirme donc son potentiel avec ce Roadsmell After the Rain, qui souffre néanmoins de la présence d'un trop grand nombre de traditionnels, que l'on aurait bien vu remplacés par quelques compositions originales supplémentaires. Un sympathique album de folk celtique néanmoins.