Ce disque je l’attendais depuis quatre longues années, et j’avais fini par croire qu’entre la crise des membres du groupe qui a failli les mener à la rupture, et les incessants retards de sortie, qu'il ne verrait jamais le jour.
Alors, forcément, lorsque enfin il sort, les fans n’en peuvent plus, c’est le grand come-back de Garbage, mais aussi des guitares qui nous avait sauvagement lâché sur Beautiful Garbage… ajoutez à cela de bonnes critiques dans l’ensemble, et il n’en fallait pas plus pour que moi-même je ne m’inquiète pas de la qualité de cet album…

Toutefois, au moment même où je croyais que ce disque allait provoquer un large sourire de satisfaction, je me retrouve à faire une moue dubitative et sceptique…
Pourtant le groupe a mis les petits plats dans les grands: les guitares sont là, les refrains mémorisables en un instant, tout devrait être fait pour me plaire, moi qui n’avait pas très bien accepté le changement d’orientation sur le troisième album…mais non ce qui me manque c’est LA flamme, c’est mou du ballon, Shirley semble chanter pour chanter, ça joue gentillet sans trop de conviction, histoire de dire « mais non, nous ne sommes pas un groupe mort ».

Je pourrai très bien arrêter ma chronique ici, en vous laissant penser que je n’ai pas aimé ce disque, mais une fois la déception passée, je l’ai écouté une fois, deux fois, trois fois…et par chance, un déclic s’est produit…
Ce « Bleed Like Me » a tout du disque qui se prend comme il vient, sans arrière pensée, les tubes s’enchaînant dans un flot de guitares puissantes et rageuses. Il n'y a d'ailleurs presque plus d'expérimentations, Garbage semble se revendiquer comme un groupe de scène, rentre-dedans et le premier single « Why do you love me » apporte la confirmation de cette nouvelle orientation plus simple et directe.
Les compositions flirtent toujours avec la pop quelques peu aguicheuse des premiers disques, et quelques éléments électroniques parcourent encore le disque, mais de manière plus discrète, plus subtil, parfois servant juste de mise en bouche avant que les guitares ne prennent le relais et déversent leurs déflagrations sonores comme sur les excellentissimes « Metal Heart » ou « Boys Wanna Fight ».
Mais là où le groupe s’est montré particulièrement inspiré c’est pour les ballades, un registre qui n’a pas été toujours été leur point fort. La meilleure étant très certainement « Happy Home », qui comporte une montée en puissance finale transcendante, et d’une sensibilité qui fend complètement le cœur.

En fin de compte, ce quatrième effort révèle un groupe plus spontané, qui se contente simplement de ne pas faire dans le compliqué. Riffs saccadés, refrains démentiels, compositions accrocheuses et sensibilité guident ce « Bleed Like Me », qui représente une synthèse entre la mélancolie et colère.

Ne vous laissez pas à avoir à la première écoute, sinon vous risquez fort de passer à côté de ce disque!