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MUSIQUE BAROQUE  |  OEUVRE

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- Style : Johann Sebastian Bach , Antonio Lotti

Jan Dismas ZELENKA - Il Serpente Di Bronzo Zwv 61 (viktora) (1730)
Par CHIPSTOUILLE le 21 Août 2013          Consultée 3384 fois

Lorsque l’on évoque le haut-baroque en musique, on pense avant tout à l’Italie, puis rapidement à l’Allemagne voire à la France. Il subsiste tout de même quelques exceptions notoires. En effet, HÄNDEL vécu la majeure partie de sa vie en Angleterre. Domenico SCARLATTI, quant à lui, s’émigra en Espagne. Sa musique si particulière doit en effet tout et à cet "isolement" et à la tradition ibérique. Mais, ne soyons pas dupes, le premier est allemand et voyagea en Italie dont il fut très fortement imprégné par le style. Le second au même titre que LULLY qui s'émigrait en France avant lui, est italien. ZELENKA, en revanche, ne fait partie d’aucune des nations couramment citées, puisque d’origine tchèque. Si le pays va enfanter d’une garde d’artistes renommés au XIXe siècle (DVORAK, SMETANA...), au début du XVIIIe, ZELENKA se singularise de par ses origines.

C’est pourtant à Dresde, en Saxe, bien que Prague fût loin d’être désintéressée des choses musicales, qu’il vécu. Elève tour à tour de FUX puis de LOTTI, il se fera ravir la place de maître de chapelle par HASSE. Pour les lecteurs qui n’auraient pas suivi, je viens en une phrase de relier d’un trait trois compositeurs totalement méconnus déjà présents sur Forces Parallèles, chose dont je ne suis pas peu fier… D’un point de vue musical, on le rapprochera donc bien sûr de ses professeurs, plus que de son rival. On pourra évoquer ses amitiés avec TELEMANN, mais c’est surtout avec Jean Sebastien BACH qu’il faut établir le rapprochement. Les deux compositeurs sont en effet reconnus pour leur maîtrise du contrepoint, leur technicité et leur côté quelque peu rétrograde. Reconnaissons à ZELENKA que ce trait n’est pas systématique chez lui. Sur d'autres oeuvres, on peut même le rapprocher du préclassicisme italien. Ce n’est pas le cas ici.

La cantate « Il serpente di bronzo » n'est pas une œuvre d’avant-garde, et c’est bien à BACH que l’on pense avant tout. Elle fut composée en 1730, alors que le tchèque espérait encore le poste précité tant convoité. Rigueur technique instrumentale, émerveillement dans l’usage des voix, basse continue insistante, sens du rythme, ZELENKA n’a rien à envier à son contemporain allemand. Là où les deux compositeurs sont légèrement contrastés, c’est sur le côté religieux. BACH en effet est emprunt d’une austérité protestante. A contrario, la musique de ZELENKA est enjolivée de quelques fantaisies et ornementations, signe des fastes de la contre-réforme (1). En effet la cantate s’ouvre et se termine sur des chœurs qui ne permettent pas cette association directe avec le cantor de Leipzig. Là où BACH use volontiers de méthode française, cors pétaradants à l’appui, ZELENKA est tout à fait étranger à l’hexagone. Sa base d’inspiration allemande se ressource plutôt dans des vieilleries italiennes. Cherchez du côté de MONTEVERDI (1567-1643), voire même, osons-le, de ce vieux crouton de PALESTRINA (1525?-1594).

En dehors de ses influences, des amitiés et inimitiés ou de ses caractéristiques techniques, attardons-nous sur quelques mouvements. Le 7e, un air donnant la parole à Dieu (carrément), est l’un des traits d’originalité de cette cantate. D’une part du fait de la personnification de l’objet du culte, chose assez rare. D’une autre part d'un point de vue musical. En effet, un ténor seul y déclame des phrasés très théâtraux avec une fougue remarquable, le tout accompagné par des cordes enflammées évoquant la colère divine. C’est le néérlandais Peter Kooij (Kooy) que l’on retrouve d’ailleurs dans ce rôle ici, habitué du collegium vocale de Philippe Herreweghe, dont on ne pense ici que du bien. L’autre air que nous évoquerons, 9e mouvement, vous fera comprendre immédiatement le rapprochement à établir avec BACH. Justifiant à lui seul que l’on pose une oreille attentive sur cette cantate, il s'agit d'un sommet de mélancolie. ZELENKA prouve ici que l’allemand n’est pas seul maître à bord. C’est bien une affaire de quantité qui fait que Jean-Sebastien est aujourd’hui plus (re)connu, et non de qualité.

Quantité en effet, car pour le reste, entre les récitatifs un peu longuets et quelques airs moins remarquables, l'oeuvre ne s’impose pas comme un chef d’œuvre. Si vous hésitez à vous resservir en cantate allemande pour la 10ième fois, l’exotisme méridional d’Il serpente di bronzo devrait vous séduire par ses contrastes. Ne vous laissez pas non plus duper par la sobriété de la pochette aussi enthousiasmante qu’un précis de mathématique, l’interprétation y est superbe. Ce qui est fort heureux, car le choix n’existe pas.

(1) D'un point de vue exclusivement musical, car chanter une messe en italien en 1730, et non en latin, n'a rien de très catholique.

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   CHIPSTOUILLE

 
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- Hana Blažíková (egla)
- Petra Noskaiová (namuel)
- Peter Kooij (dio)
- Alex Potter (azaria)
- Jaroslav Březina (mosè)
- Ensemble Inégal
- Adam Viktora (direction)


1. Coro
2. Recitativo (azaria, Namuel)
3. Aria (namuel)
4. Recitativo (egla)
5. Aria (egla)
6. Recitativo Accompagnato (dio)
7. Aria (dio)
8. Recitativo (azaria, Egla, Namuel)
9. Aria (azaria)
10. Recitativo (egla, Namuel)
11. Aria A Due (egla, Namuel)
12. Recitativo (mosè)
13. Aria (mosè)
14. Recitativo Accompagnato (dio)
15. Recitativo (egla)
16. Arietta Con Recitativo (egla, Azaria)
17. Aria (azaria)
18. Recitativo (modè)
19. Coro



             



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