C’est comme un lendemain de cuite. 2004 n’aura pas été qualitativement une années musicale de référence… mais force est de constater que la quantité était là. Ce n’était pas spécialement bon mais ça remplissait l’estomac. On ne se souvient pas de tout ce qu’on a entendu (le syndrome des chef d’œuvres de l’instant) mais on est repus. Emplois kleenex, films kleenex, musique kleenex ?
Nous voici presque au mois n°6 et je commençais à désespérer. Merde, on ne va pas passer toute cette année à attendre des nouveaux Coldplay et Depeche Mode comme des messies, quand même ! Passés les pas de danse esquissés sur Moby et les Chemical Brothers, le Porcupine nouveau n’a pas été assez bon pour faire disparaître ce satané bourdon. Impossible d’imaginer dans cet état que la délivrance me vienne de Belgique… et en anglais dans le texte qui plus est !

En France, on catalogue. On aime bien ça. Ca rassure. Nous sommes le peuple de la révolution mais on aime bien quand c’est rangé. Mudflow, jolie carrière dans notre voisin pays et peu ou proue inconnu par chez nous fait de belles et longues chansons avec de la guitare, donc on dit que c’est du Pink Floyd. C’est triste donc c’est du Radiohead et comme en plus, ça a la bonne idée d’être mélodique, on a vite fait de lui coller un petit Coldplay (encore eux ?) sur la joue droite. Alors oui, c’est vrai, il y a pire comme référence, mais tout de même. Et comme j’aime faire le malin, je vais y aller de ma comparaison. Pour moi, le « A life on Standby » de Mudflow est les meilleur disque de pop rock mélodique depuis « Drop your Weapon » de Medal en 1999. Comme personne ne connaît ce disque, c’est plus facile.

Bon mais alors, Mudflow, c’est qui donc ? Vincent Liben (voix agréablement brisée, guitare parfaite), Charly De Croix (batterie juste) et Blazz (basse précise) compose se groupe belge qui sort en cette année son 3ième album sorti l’année dernière chez nos voisins walloniens et en mai dernier, décalage horaire oblige, chez nous. Fan de psyché, de rock et de pop, le trio, après s’être cherché un moment ces dernières années, propose un album de 11 titres qui semblent aujourd’hui leur correspondre. Chez Mudflow, l’heure n’est pas à la rigolade mais les zones d’ombre explorées par le groupe n’en sont pas moins fascinantes. Le doublé « the sense of me » et « chemicals » qui ouvre l’album met l’auditoire immédiatement à genoux.
Il sera impossible de se relever. « Today » et ses accents de Liverpool est une fausse invitation au répit, tout comme « Debbie and Charlie » au forts relents de Dave Stewart. C’est à se demander si Mudflow ne caresse pas la bête avant de l’achever. Parce qu’ensuite, c’est la salve destructrice. « Tribal Dance » et son beat menaçant, « how i got depressed and started a war » trop court et trop bon comme la dernière cigarette, « Unfinished Relief » et ses airs de chanson parfaite (jetez un coup d’œil au clip si vous avez le temps…), « Song 1 » bande son inespérée pour nos moments de solitude ou encore l’immense « New Eve » qui, du haut de ses 10 minutes, nous ballade lentement pour mieux nous fracasser contre les murs lors d’un final ahurissant.

Passionné, beau, lyrique, envoûtant, « a life on standby » est le meilleur album de l’année 2005 sorti en 2004 (ça aussi c’est facile…). Les amoureux de bonnes musiques (qu’ils aiment les étiquettes ou pas) ne peuvent qu’apprécier. L’avenir est à eux et ce n’est pas forcément une bonne nouvelle pour les petits français. Parce que si même les belges se mettent à faire de la meilleure musique que nous, que va-t-il nous rester ???