MOS DEF. Ahhhh, MOS DEF. Étant devenu un des plus grands novateurs du rap américain avec son Black On Both Sides, il paraît normal de suivre le reste de sa discographie, même si c'est un poil au-dessous de la claque reçue à l'écoute de son premier album solo. Très actif en tant qu'acteur aussi, le rappeur prend son temps pour sortir des nouvelles galettes. Après l'album ultra rock'n'rap nommé The New Danger, le boss revient avec True Magic.

Toujours pleins d'idées dans la tête, Dante Terrell Smith sort son nouvel album avec un concept bien spécial, qui veut que le disque soit simplement entouré d'une boîte plastique, sans jaquette, ni pistes, ni paroles. Juste le cd, juste la musique. Pour le reste, que les curieux aillent voir sur le site. En attendant quand on arrive dans le magasin et que l'on voit une pochette transparente avec aucun artifice, juste le cd, soit on est étonné et on prend, soit on se dit que le contenu sera tout aussi jetable que le plastique qui l'entoure et on passe son chemin. Mais autant le dire, ça serait dommage de passer son chemin quand on parle de MOS DEF.

Première surprise bien agréable : pas de duos. Le rappeur est livré à lui même, sa prestation étant la seule qui compte et la seule retenue. Franchement, ça fait plaisir, quand on voit tous ces albums de rap avec un featuring et un clip par chanson. Eh bien non, pas ici, on ne joue pas dans le commercial, on joue dans l'authentique.
Def on the speak, epic on the beat. Voilà comment s'ouvre l'album, sur le titre "True Magic", pourvu d'une instru qui ne manque pas de punch ni de caractère, rien de tel pour faire une entrée en matière parfaite sur un album. Dans la continuité parfaite, s’enchaîne l'ultra-puissant "Undeniable" qui dispose d'une instru où la guitare et la wah-wah font tout le travail, notre rappeur effectuant quant à lui son job à la perfection, son chant sur le refrain s'avérant fort appréciable aussi.

En effet, on ne peut pas nier que cet album est truffé de bons sons. L'intemporel "Crime & Medicine" volé au "Liquid Swords" de GZA est un pur chef-d'oeuvre où notre rappeur, dans son élément, gère chaque rime avec classe et professionnalisme, et tout ça avec un flow de malade. Que demande le peuple? Outre ce titre qui se démarque des autres car vraiment excellent, on peut retenir "Fake Bonanza" à l'instru épurée mais ne manquant pas de nous emmener dans le même voyage que notre rappeur, ou encore le magistral "Perfect Timing" à l'ambiance si spéciale, si unique. On peut aussi bien retenir le punchy "This Is A Drug", le grandiose "A Ha" qui rappelle un poil les productions de son album précédent, assez rock. Faisons comme MOS DEF et terminons sur "Lifetime" qui clôt l'album de façon calme et posée, le rappeur iii s'adonnant plus à un chant qu'autre chose, mais qu'importe, il fait ça bien et c'est le principal.

C'est un album indéniablement bon, qui regorge de bonnes surprises et d'idées fraîches, mais Dante Terrell Smith est quand même bien au-dessous de ses capacités. Bah oui, quand on fait l'erreur de sortir une pépite en premier album, on en paie les conséquences avec l'exigence de l'auditeur revue à la hausse. Notre rappeur nous prouve qu'il sait faire son taf encore un fois, mais il le fait avec beaucoup moins d'originalité que sur les précédents albums. On se contente donc ici d'un disque bon, mais pas transcendant, tout de même très loin des clichés actuels du rap américain, ce qui est un point sacrément positif.