En 2003, après un passage en prison et l’enregistrement du deuxième album des LIBERTINES, sobrement nommé « Libertines », Pete Doherty est dégagé du groupe suite à ses excès en tout genre. Il lance donc une nouvelle formation pour y interpréter quelques morceaux déjà composés et lancer un nouveau projet. Les Babyshambles sont nés, et en 2005 sort Down in Albion.

Disons le tout de suite, cet album est un bordel sans nom, qui part dans tous les sens, autant dans le bon que dans le mauvais. Si vous avez aimé le dernier LIBERTINES pas de doute sur la marchandise, on y trouve une atmosphère comparable : une sorte de pop sale influencée par le punk british. Au niveau des brûlots énervés, on a le classique « Fuck Forever », un hymne pour les fans du frontman, « Pipedown » ou encore « 8 Dead Boys » et son riff nerveux. Le reste oscillera entre la britpop, le folk et un étrange morceau affreux nommé « Pentonville » interprété par un collègue de prison de Peter Doherty (sympathique n’est-ce pas ?).

L’album ne manque certainement pas de bons moments, grâce au talent de compositeur du leader, et à sa voix si caractéristique (et charismatique), pas toujours juste, même parfois volontairement fausse. « La belle et la bête » est une composition originale et excellente, servie par une belle ligne de basse, un riff mystérieux et une mélodie très prenante chantée en duo avec sa fiancée Kate Moss ; la belle et la bête, Kate Moss et Pete Doherty, la métaphore est vite faite. Les bons morceaux se succèdent, presque comme un sans-faute jusqu’à la moitié du disque. Mais ça se gâte avec « Pentonville », plus indigeste qu’un kebab en petit déjeuner qui annonce une seconde moitié de disque plus ternie, gonflée de morceaux trop longs et fades. Même le producteur semble s’emmerder et la mollesse des compositions s’additionne à une sorte de paresse des musiciens. Heureusement, la présence d’ « Albion », un vieux morceau, écrit à la base pour les LIBERTINES vient sauver ces quelques défauts ; c’est un vrai délice, une sucrerie musicale comme on l’entend rarement, doux et prenant, poétique même.

Finalement, Down in Albion se définit par lui-même : il commence avec un morceau parfait et se clôt avec le bruit de Pete Doherty qui, peut-être sous l’influence de quelque substance, chute de sa chaise. Et c’est tout l’album qui dégringole progressivement, à l’image du leader, sans cesse confronté à ses propres démons. La tentation de comparer ce disque aux LIBERTINES est grande, tant l’instru et l’atmosphère est similaire, mais pour réellement le comprendre, il faut réussir à distinguer les deux formations. Avec Babyshambles, Doherty fera évoluer sa musique jusqu’à arriver à la pop teintée de folk et de jazz actuelle.
Ce premier album est donc l’album des confusions, des questions et des erreurs : le témoignage d’un Pete Doherty abonné aux tabloïds, victime de son mode de vie nihiliste, victime de sa relation amoureuse chaotique, de ses plongées dans les drogues et de ses séjours en prison. Down in Albion est donc on ne peut plus cohérent pour ce disque de Pete Doherty avant qu’il ne devienne Peter.

* Mon coup de cœur : La Belle et la Bête
* Le tube de l’album : Fuck Forever
* Mon coup de gueule : Pentonville

Note réelle : 3,5/5