En 2007, après les faibles ventes du premier album et les nombreuses conneries de son chanteur, Babyshambles revient sur le devant de la scène avec ce nouveau disque, Shotter’s Nation, qui bénéficie d’un guitariste un peu plus stable et d’une meilleure cohérence musicale. Car il est vrai qu’avec le dernier des LIBERTINES et le premier des BABYSHAMBLES, on pouvait se demander si Pete Doherty savait faire autre chose qu’un bordel assumé. Alors on hésite, on place fébrilement cet album dans sa chaine hifi… Et on se prend une claque.

Pour les fans des plus célèbres libertins britanniques, ce disque est sublime. On y retrouve l’élégance du frontman, les morceaux de qualité et les divagations musicales qu’on avait un peu perdus de vue depuis Up the Bracket (premier album des LIBERTINES). Tout commence avec « Carry on up the morning », mon morceau préféré de la formation. Une introduction de guitare bien garage, suivie d’une mélodie géniale, simple et efficace ; ce mélange de rock et de pop se poursuit sur une bonne partie de l’album. Ainsi, on trouve l’« hymne » du disque, « Delivery », qui succède au « Fuck Forever » dans sa simplicité brute et son refrain léché qu’on ne sait pas enlever de la tête. Les bonnes surprises s’enchainent, parfois plus brit pop, comme sur « UnBilo Titled » et parfois plus punk et déjantées comme sur « Side of the Road », mais toujours avec une constance de qualité et sans jamais nous ennuyer.

Plus que jamais, on sent dans cet album que le côté brouillon étiqueté au dos du chanteur n’est que pur style et attitude tant le résultat montre une écriture précise et des musiciens talentueux. En témoigne « There She Goes », petit bijou inattendu du disque, où Drew McConnell troque la basse pour une contrebasse jazzy au service d’une composition sublime. Pete Doherty y chante comme jamais, met ses tripes dans cet oasis de jazz pop qui prouve une nouvelle fois la véritable qualité de songwriter de Doherty.

C’est parfois pas facile d’exprimer par des mots un ressenti tellement irrationnel que l’écoute d’un disque. Être chroniqueur, c’est juste essayer de mettre de l’ordre dans ses idées. Et c’est finalement ce qu’aura réussi à faire cette étonnante formation britannique. En deux ans, Pete Doherty et ses comparses ont mis ce qu’ils savaient faire de mieux en commun. En témoigne ce disque sans défauts, mélancolique, poétique, nerveux au début, carrément déprimant de beauté à la fin. Si vous voulez découvrir le rock britannique de Peter Doherty, ce disque est la meilleure première étape : moins punk qu’Up the Bracket, moins brouillon que l’album éponyme des Libertines, plus cohérent que Down in Albion, plus original que Sequel to the Prequel et bien plus intéressant que tous les papiers à ragots des journaux.

* Mon coup de cœur : Carry on up the Morning
* L’hymne de l’album : Delivery
* À écouter d’urgence : There She Goes