En 2000, Louise Attaque propose un deuxième album plus sombre, légèrement moins accessible et fédérateur que son successeur qui, s'il réalise tout de même une excellente performance dans les charts, laisse poindre quelques dissensions au sein d'un groupe que le succès a frappé comme par accident. Désireux de se mettre en retrait pour un temps, Gaëtan Roussel prend son acolyte Arnaud Samuel sous le bras (violoniste du groupe) et s'en va fonder TARMAC, une nouvelle entité aux velléités bien plus folk que leur groupe principal.

Sorti en 2001, L'Atelier présente ainsi un nouveau visage des deux Louise Attaque. Plus calme, plus apaisé, et porté par des influences folk renforcées, qui ne laissent qu'un faible espace d'expression au rock tel que les deux artistes en avaient proposé par le passé. Il n'y a guère en effet que "Ce sourire est pour moi" qui donne la part belle à la guitare électrique. L'ensemble se fait ainsi moins vindicatif (mais pas pour autant moins revendicatif) que Louise Attaque, et offre un espace d'expression décuplé aux mélodies et au violon d'Arnaud Samuel, qui propose bon nombre de mélodies savoureuses, à l'image de celle, à la fois sombre et tendre, qui permet au titre "Cher oubli" d'atteindre des sommets de puissance, tissant une toile simultanément inquiétante et délicate.

Les titres les plus évidents, à l'image du single "Dis-moi c'est quand" et sa rythmique entraînante, ne sont pas ainsi les réussites les plus indéniables de l'album. On leur préférera "Tordu tout du monde à deux", pièce piano-voix à la mélodie intrigante, "Inutil" et ses sonorités hispanisantes, "Tout un pan de moi" et son violon celtisant, mais aussi les deux instrumentaux fort bien exécutés que sont "L'atelier" et "Faustino Fatal", qui se voit agrémenté d'une délicieuse clarinette.

Les textes de Gaëtan Roussel, comme souvent peu évocateurs et solubles, participent eux-aussi à la réussite des morceaux. "Longtemps", "Cher oubli" s'installent ainsi comme des titres foisonnant d'idées qui témoignent d'une facette plus profonde du chanteur de Louise Attaque. Cerise sur le gâteau, le duo reprend dans une version malsaine et totalement remaniée la "Ballade des Gens qui sont nés quelque part" de Brassens, et offre à ce morceau un nouveau visage tout bonnement exceptionnel.

TARMAC ne tardera pas à donner un successeur à cet Atelier qui regorge de surprises et d'excellents moments et qui, sans décevoir le moins du monde les fans de Louise Attaque, leur ouvre une nouvelle perspective quant au talent combiné de Gaëtan Roussel et Arnaud Samuel. Du tout bon.