En ce début de décennie 2010, Nik Turner, l'ancien saxophoniste/flûtiste excentrique de HAWKWIND, ne cesse d'accumuler les projets en tous genres : groupe "solo" (le NIK TURNER BAND), divers groupes de reprises de HAWKWIND (SPACE RITUAL, NIK TURNER'S HAWKWIND...), tout un tas d'autres projets fumeux dont les noms invraisemblables m'échappent et bien entendu, des apparitions en guest sur d'autres groupes formés par d'anciens membres de HAWKWIND (citons notamment les "nouveaux" HAWKLORDS formés par Harvey Bainbridge)...
Dans tout ce magma cosmique constitué de formations space rock tous plus instables les uns que les autres, un seul nom revient, et vous l'avez évidemment déjà remarqué : HAWKWIND.
Si Dave Brock, guitariste et chanteur historique du Hawk', demeure en 2013 le pilier inébranlable de notre vaisseau spatial favori, Nik Turner ne cesse depuis le début des années 2000 de contester cette réalité en revendiquant périodiquement sa part d'héritage au travers d'une tripotée de formations aux noms explicites. Sans parler de quelques procès bien pathétiques de temps en temps...

Mais si Turner semble multiplier à l'infini d'innombrables line-ups aux noms interchangeables lors de ses tournées, il n'en est pas de même en studio, puisque la majeure partie de sa discographie récente n'a été publiée que sous son simple nom. Et franchement, il n'y a pas besoin d'en rajouter, car le seul nom de Nik Turner est déjà riche de sens pour un amateur de space rock. En 2013, le saxophoniste fou, tout de même âgé de 72 ans, revient donc aux affaires avec un énième album, Space Gypsy.
Cet album se veut un hommage total et évident au son des vieux albums de HAWKWIND de la période 1970-1975. La pochette de Space Gypsy, parodie assez réussie de la pochette du mythique live Space Ritual de 1973, annonce bien la couleur : nous allons avoir droit à du space rock rétro, dans la plus pure tradition de ce que Nik Turner nous délivrait dans les années 1970 lorsqu'il officiait encore au sein de l'équipage du vaisseau britannique. Signalons par ailleurs la participation à l'album de Simon House, autre ancien du groupe, aux claviers et au violon, ce qui n'est pas non plus innocent.

Du début à la fin, cet album charmera incontestablement l'amateur de space rock de base : les morceaux sont efficaces, bien relevés, et dans la plus pure tradition HAWKWIND.
"Fallen Angel STS-51-L", avec ses guitares hard rock élégantes et son chant éthéré, commence l'album de fort belle manière. "Space Joker" rappellera également bien des souvenirs aux amateurs de la première période de HAWKWIND, et le titre se veut dans la continuité logique des meilleurs extraits planants de l'album Doremi Fasol Latido (1972). Les guitares hypnotiques et orientalisantes de "Time Crypt" distillent pour leur part une belle atmosphère étrange et inquiétante, qui incite au voyage vers l'infini et l'au-delà...
D'autres titres rappellent en revanche les influences punk de Turner, tels que "We Ride The Timewinds" ou bien le titre de fin "Something's Not Right"... Les moments de relaxation spatiale ne sont heureusement pas oubliés, en témoignent "Eternity" ou encore "Anti-Matter", là encore dans la plus pure veine des instants de grâce du HAWKWIND de la grande époque...
Du début à la fin, Space Gypsy est donc un véritable concentré de psychédélisme punk, de stoner spatial agressif mais néanmoins très classieux, qui se révèle vraiment savoureux sur le long terme.

Quelques points négatifs à relever ? Oh, pas vraiment, si ce n'est que comme de bien entendu, Nik Turner ne réinventera pas le genre avec ce nouvel album solo. Et bien que Space Gypsy soit largement meilleur que les grosses bouses cosmiques sorties par le groupe de Dave Brock ces dernières années, ce n'est pas non plus un album exceptionnel. Mais si vous êtes un inconditionnel du son HAWKWIND des origines et que vous adorez les voyages rock interminables dans les cieux infinis de l'Espace, cet album aura tout pour vous plaire, et il saura figurer en bonne position dans votre collection.

Voici donc en fait un album qui n'aurait pas dépareillé dans la discographie de HAWKWIND.
Allez, n'ayons même pas peur des mots : cet album, c'est un peu l'album de HAWKWIND que nous aurions rêvé d'écouter en 2013. C'est quand même un comble.

Prends en de la graine, Dave Brock...

Note réelle : 4,5/5