Croyez-le ou non, mais il fut un temps où GAROU était un très bon chanteur. Certes, il est impossible de le ranger au même rang que bon nombre de légendes de la chanson francophone, mais nier la qualité de ses premiers albums solo, c'était s'appuyer, pour ne pas dire s'écraser, sur des préjugés liés à la comédie musicale à laquelle il avait participé. Ses chansons étaient relativement bien faites, sa voix seyait parfaitement aux compos (sans compter qu'elle est encore bien jolie), et il n'y a qu'à écouter Reviens pour s'en convaincre. Bref, avant, GAROU, c'était le bien.

Mais ça, c'était avant.

Aujourd'hui, prononcer le nom de GAROU dans mon chez-moi revient à signer son acte de décès. Ou à la rigueur s'assurer de ne pas repartir le corps indemne. La raison d'une telle violence s'explique en cinq mots : Au Mileu de ma Vie, le dernier album en date du Québécois. Juste avant la première écoute, on pouvait s'attendre à écouter un joli album, surtout quand comme moi on a suivi la carrière de GAROU du coin de l'oeil. D'ailleurs, un premier signe encourageant clignotait, à savoir la pochette. Assez belle et mystérieuse, elle montre un Garou pensif et réfléchi, sans fioritures ni artifices.
Il convient de retenir cette pochette, surtout qu'il s'agit de la seule chose de réussie ici. Parce qu'au niveau des chansons, c'est l'horreur totale et absolue. Celle qui frappe quand on tombe par hasard sur une chaîne de la TNT le soir. Celle qui immobilise après une vision cauchemardesque. Celle qui vous étreint dans son morbide voile.

Les 14 chansons de l'album sont toutes nulles. Toutes, il n'y a pas d'exception de quelconque nature. Garou les interprète avec conviction et justesse, certes, mais ce n'est pas parce qu'on chante très bien qu'on peut se permettre de s'amuser à descendre aussi bas. Le pire, cependant, arrive quand on lit les crédits de l'album. Parce qu'il y a du lourd sur Au Milieu de ma Vie. Jugez plutôt : le duo Plamondon/Cocciante, Gérald de Palmas, et même Francis Cabrel... Deux solutions se posent alors au problème : soit ces hommes étaient en panne sèche d'inspiration pour le camarade de la Belle Province, soit ils ont écrit des chansons à l'arrache parce que c'est cool d'aider un collègue, mais le temps pour bien faire les choses manque.
Concrètement, cela donne quoi ? Il suffit par exemple d'écouter "Je Lui Pardonne". A la lecture du titre, il est possible par exemple de s'attendre à une chanson parlant de dissensions amoureuses. Bien vu, sauf qu'en résumé, la chanson dit que Garou pardonne à un homme de s'approcher de sa femme... parce qu'elle est trop belle. Plus sexiste tu meurs. Voir Cabrel et GAROU sortir une image aussi pathétique, cela laisse sans voix, surtout quand on connait les merveilles de chacun dédiées aux femmes. Mais le plus fort arrive cinq chansons plus tard, lorsque GAROU sort "Seule Une Femme". Rien que le titre annonce la couleur, et dans un certain sens, impossible d'être déçu : il s'agit tout simplement d'une apologie démagogique et sexiste, du genre à faire vomir. Ceci étant, la présence de Pascal Obispo aux crédits explique sans doute la... médiocrité de la chanson.

Au Milieu de ma Vie est un ratage complet, où rien ne surnage. Allez, avec en étant (très très très) indulgent, Le Blues dans le Sang, clichesque au possible, est tout de même acceptable, et Avec Elle offre un peu de pop-rock dans une orgie de variété à violons insupportable. En dehors de ça, Au Milieu de ma Vie possède toutes les qualifications requises pour obtenir le titre peu envié de pire album de l'année 2013. Bravo les mecs, c'est un vrai exploit, d'un certain point de vue.

Note réelle : une bulle