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2013 Au Milieu De Ma Vie
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GAROU - Soul City (2019)
Par LE KINGBEE le 2 Mars 2024          Consultée 307 fois

Deux questions me viennent aussitôt à l’esprit dès la première écoute : comment en 2019 peut-on produire de telles daubes ? Seconde interrogation, par quel procédé miraculeux les canadiens ont-ils réussi à nous refourguer cet olibrius ?

Ancien chanteur dans le circuit des bars québécois, Pierre Garand se fait connaitre à la fin du siècle dernier en participant à Notre-Dame de Paris, comédie musicale de Luc Plamondon, un autre québécois auteur de Starmania. La pièce connait un succès retentissant et fera l’objet de plusieurs versions dans différentes langues.

Surfant sur le carton de la pièce qui fait guichet complet au Palais des Congrès, Pierre Garand devenu GAROU se lance dans une carrière solo en 2000 sous la houlette de René Angéli, mari et producteur de Céline DION, avec laquelle il connait le succès avec "Sous le vent", chantée en duo lors des NRJ Music Awards 2002. En deux décennies, ce chanteur à la voix puissante intègre les Enfoirés, vit une amourette de trois ans avec la chanteuse Lorie, devient jury à l’élection Miss France 2004. En 2012, le bonhomme participe dans un rôle de coach jury à la version française de The Voice en compagnie de JENIFER, PAGNY et BERTIGNAC, une belle brochette qui fait de l’audimat.
Parmi ses nombreuses accréditations on notera sa participation à l’élection Miss France 2014, diverses participations aux Enfoirés, à The Voice, devient présentateur de la Fête de la Musique en 2017. En 2018 il intègre Destination Eurovision, un show désignant le futur représentant français au concours de l’Eurovision. En moins de dix ans, le chanteur est devenu une figure quasi incontournable, collant au paysage audio-visuel du pays comme une chewing-gum Hollywood à notre semelle.

En 2019, Garou revenait sur le devant de la scène avec un dixième opus consacré au label Motown. Ce changement de registre n’est pas une première pour lui, Garou s’était déjà essayé au R&B et à la Soul en 2008 avec l’album Piece Of My Soul et en 2012 avec Rhythm And Blues, disque dans lequel il reprenait des standards de variété française et une poignée de classiques dédiés à la Soul, une liste sans queue ni tête.

Afin de fêter les 60 ans de la Motown de Berry Gordy, label spécialisé dans une Soul largement édulcorée à destination du public blanc de l’époque, Garou reprend ici treize tubes passés à la postérité. Avouons-le, certains risquent d’être surpris à l’écoute de "My Girl", une agréable mise en bouche popularisée par les TEMPTATIONS puis par Otis REDDING. Certes la présente version n’apporte strictement rien à cet intemporel mais a le mérite de respecter la chanson, l’orchestration et les arrangements ne font pas de vague et surtout le timbre n’est pas poussé à l’extrême. Une interprétation honnête et pour tout dire bien plus crédible que celles de Dolly PARTON, Glen CAMPBELL, Stevie WONDER*.

Les affaires se gâtent avec "You Can't Hurry Love", compo du prolifique trident Dozier/ Eddie et Brian Holland, popularisée par les SUPREMES. Le chant s’oriente vers un brouillamini entre crooner et boys band, deux registres incompatibles d’autant que l’orchestration se perd dans des schémas Pop insipides. Si la version d’origine inspirée de certains passages de "He’s Right On Time", un Gospel fifties de Dorothy Love Coastes perdait une partie de son âme, un comble pour un morceau de Soul, là c’est carrément la bérézina. A titre d’exemple, les Blind Boys Of Alabama viennent de reprendre le titre dans une version nettement plus dense dépourvue de tout artifice profane.
Si Alex Finkin, officie à la fois comme producteur et à la guitare, aux congas et au piano, il a pris soin d’amener l’un de ses anciens poulains avec l’américain Aloe BLACC présent comme guest sur "Money", popularisé par Barrett Strong en 59 et premier hit de l’écurie Motown. Si le titre a connu moult covers (STONES, BEATLES, DOORS) l’original n’a que rarement été égalé hormis la version en Live d’Etta JAMES. Là, alors que les arrangements et l’orchestration s’écartent d’une sonorité Soul pour s’orienter sur une Pop sans envergure, sans doute pour attirer le chaland, le canadien pousse inutilement sur sa voix, l’un de ses travers. Fort heureusement le titre ne s’éternise pas.
"Signed Sealed Delivered I’m Yours", un ancien Number 3 de Stevie WONDER, frôle la copie servie, sauf que tout est moins bien, du sitar au timbre trop poussé. Détail amusant, ce sont principalement des chanteuses qui se sont illustrées sur ce titre (Chaka KHAN, Gwen McCRAE, Rosetta Hightower).

Seconde pioche chez le trident Dozier/Holland Brothers avec "Heat Wave" popularisé par MARTHA & The VANDELAS. Là Garou parvient à tirer les marrons du feu en partie grâce à la section cuivre efficace et des choristes qui l’entrainent sur le bon sillage, le chanteur n’en rajoutant pas trop, chose rare chez lui.
La formule duo s’est longtemps avéré une pratique prospère pour la Motown. Garou secondé par Marie-Mai, une chanteuse présentatrice canadienne s’attaque à "Ain’t No Mountain High Enough", seuls problèmes le chant de Garou manque cruellement de feeling et le tempo se révèle beaucoup trop rapide, à croire que les sidemen avaient envie d’en finir au plus vite. Une interprétation qui n’arrive pas à la cheville du duo d’origine Marvin GAYE/ Tammi Terrell, Marie-Mai, par sa douceur, se permet même de mettre son partenaire sous l’éteignoir. Bref Numéro Un des TEMPTATIONS dans les charts R&B en mai 66, "Ain’t To Proud To Beg" se retrouve lui aussi plombé par un chant trop véhément, sans la moindre once de délicatesse.

Les accompagnateurs français et canadiens venant tous d’horizons différents, cela débouche sur une absence de symbiose, ajoutons-y une production lourde et on se retrouve face à des écueils infranchissables. C’est ainsi que "Reach Out (I’ll Be There)", hit des FOUR TOPS, se retrouve gommé de toutes ses substances Psyché, tandis que la voix devient de plus en plus exaspérante. Sentiment similaire avec "I Heard It Through The Grapevine", compo de la paire Whitfield/Strong popularisée par Marvin GAYE puis le CCR de John FOGERTY. On ne voit pas trop l’intérêt de reprendre un tel titre surtout pour le transformer en une pièce hyper polluée
Depuis sa sortie durant l’été 64, "Dancing In The Street" a fait danser beaucoup de monde et connu un sacré paquet de mitonades, de VAN HALEN en passant par The WHO jusqu’au duo BOWIE/JAGGER qui tentait un opportuniste Disco Revival, le titre en aura connu des vertes et des pas mures. Là, alors que les cuivres tentent avantageusement de se différencier, Garou s’essaye à un rôle d’entertainer, statut pour lequel il n’est pas fait.

Ne noircissons pas le tableau plus que nécessaire, le québécois parvient à se tirer plus ou moins d’affaire avec "It’s The Same Old Song", hit des FOUR TOPS popularisé chez nous par Sylvie VARTAN et Claude FRANCOIS sous deux adaptations différentes. Quatrième incursion chez le trident Holland Frères & Dozier avec "This Old Heart Of Mine", tube immortalisé par The ISLEY BROTHERS. Là si ce n’est son intonation, Garou s’en sort sain et sauf, mais quel dommage de ne pas faire preuve d’une plus grande modération à l’image de Rod STEWART ou Bettye SWANN auteurs d’excellentes reprises. En guise de feux d’artifice, le groupe s’attaque à "Papa Was A Rolling Stone", œuvre de la paire Whitfield/Strong popularisée par The UNDISPUTED TRUTU et les TEMPTATIONS. On dira que la formation s’en sort haut la main surtout au vu d’un wagons de reprises discutables, seul bémol, le québécois croit encore que force et puissance prévalent sur feeling et la délicatesse.

En dehors d’un répertoire ultra rabâché constitué exclusivement de standards piochés dans le catalogue Motown, c’est le chant peu compatible avec la Soul qui frappe les esprits. Hormis de très brefs passages, Garou ne parvient que trop rarement à retenir l’attention. Le chant oscille entre l’insupportable et l’exaspération à tel point qu’on en regretterait que l’une de ses choristes n’ait pas pris le leadership. A ranger à coté de Going Back, album de Phil COLLINS.


*Ce ne sont que des exemples, nul doute qu’il doit y avoir pire.

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- Garou (chant)
- Aloe Blacc (chant 3)
- Marie-mai (chant 6)
- Alex Finkin (guitare, piano, sitar, congas)
- Jean Sébastien Chouinard (guitare)
- Benoît Clément (batterie, percussions)
- Patrick Lavergne (basse)
- Gabriel Ethier (piano, orgue)
- Alain Debiossat (saxophone)
- Antoine Berjeaut (trompette, bugle)
- Thomas Henning (trombone)
- Eun Ju Park (violoncelle)
- Frédéric Moreau (violon)
- Othar Melikichvili (violon)
- Claudine Christophe (violon)
- Kim Richardson (chœurs)
- Dorian Sherwood (chœurs)


1. My Girl
2. You Can't Hurry Love
3. Money
4. Signed Sealed Delivered
5. Heatwave
6. Ain't No Mountain High Enough
7. Ain't Too Proud To Beg
8. Reach Out (i'll Be There)
9. I Heard It Through The Grapevine
10. Dancing In The Street
11. It's The Same Old Song
12. This Old Heart Of Mine
13. Papa Was A Rollin' Stone/war



             



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