Les artistes américains sont polyvalents. On pense notamment à Hugh Laurie, qui a su faire acteur dans Dr House, écrivain et chanteur. Quel chantier ! Mais bien avant lui, il y en a déjà eu une paire, des artistes qui ont voulu prouver leur polyvalence et leur maîtrise parfaite de tous les genres au peuple. On compte beaucoup de rappeurs parmi eux. On peut citer brièvement DMX, 50 CENT ou MOS DEF, même EMINEM s'y est adonné pour son film autobiographique.
Mais là, on s'attaque à une légende du cinéma, Will SMITH. Ce mec a normalement su faire vibrer chaque génération par ses rôles plus excellents les uns que les autres. Pour les gars, ça commence avec Le Prince de Bel-Air et ça n'en fini plus, tandis que les filles aiment certains films magiques comme A la Recherche du Bonheur. Bref, point cinéma/télé passé, notre acteur a en premier lieu débuté avec le rap au milieu des années 80. Il a évolué, continué en solo. Ça donne un album (parmi d'autres, hein) : Big Willie Style.

L'album n'a pas de mal à être vendu, en effet, il compte un titre de la B.O de Men In Black dans ses rangs. Ça aide, le film a eu un succès inconsidéré. Et impossible de nier que le rappeur a une certaine aisance pour ce métier, il gère le micro tout comme il gère les costumes et le jeu d'acteur. « Men in Black », qui se révèle comme être le titre phare de l'album – mais pas le plus méritant – fut la principale raison des 9 millions d'exemplaires vendus.
L'autre titre ayant un succès non négligeable sur cet album, c'est bien entendu le célèbre « Miami » que tout le monde adore pour sa fraîcheur – merci le bon vieux sample de funk ! N'empêche que Will SMITH contrôle son sujet, les entraînements sur le générique du Prince de Bel-Air auront portés leur fruit.

Dès qu'on a entendu ces deux titres, il reste quoi ? Un gros mix de plusieurs influences, on retrouve principalement du G-funk à la SNOOP DOGG – en moins camé, pour sûr. Mais un mix assurément maîtrisé. Les basses de « Yes Yes Y'all » résonnent dans nos oreilles comme étant réussies, le boogie de « Gettin' Jiggy Wit It » assure une pêche à l'album, qui n'en manque clairement pas. Encore un petit sample de « Rapper's Delight » sur « It's All Good », qui est exploité version g-funk, plus calme et plus posé, pas forcément à l'avantage de l'instru magique du morceau des SUGARHILL GANG. Notre acteur reconverti s'essaye même à faire le gentleman sur « I Loved You », comptine des amours perdus.
On retient « Chasing Forever » comme étant l'un des meilleurs titres de l'album, ayant parfaitement joué sur la complémentarité entre l'instru et le flow de Will Smith. « Just The Two of Us » reprend des instrus à la 2PAC dans ses plus belles années, pour proposer un titre vraiment correct.

La conclusion de ce Big Willie Style, c'est qu'il est un bon album, très peu de titres sont à jeter. Cependant, aucune innovation. Dans chaque titre on reconnaît l'influence d'un grand nom qui a déjà usé le genre. Mais qu'importe, la plupart des gens attendent Will Smith en tant qu'acteur, ici il gère le micro avec une dextérité presque agaçante. Le petit génie se ballade dans tous les genres, et même si cet album n'est pas un must-have dans une discographie de rap, il n'en reste pas moins un élément correct qui compte quelques titres excellents et classiques.