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2013 Re:trix
 

- Style : Alain Caron

TRIX - Re:trix (2013)
Par TEEMO le 5 Avril 2014          Consultée 1471 fois

On parle souvent de j-pop ou de j-rock, le « j » informant l'auditeur qu'il s'agit de musique japonaise et suggérant a fortiori une ambiance, une sonorité qui lui est propre. Or, on parle moins souvent de « j-jazz ». Pourtant, la scène jazz japonaise est bien présente et n'est pas à négliger. Il y a toujours cette distance (de langage, notamment) qui sépare l'occident du continent nippon, rendant la promotion culturelle parfois difficile. Pourtant, on est immanquablement amenés, consciemment ou inconsciemment, à avoir à faire à cette culture si prolixe, par le biais d'un art ou d'un autre. Si on peut aisément citer un jeu, un livre, une musique issus du monde japonais, il est plus délicat d'en citer l'auteur ou les contributeurs. Pourtant Shigeru Miyamoto, Hayao Miyazaki, Satoshi Tajiri, sont autant d'artistes qui ont contribué à ériger un paysage culturel dont le rayon s'étend bien au-delà du continent asiatique.

En creusant la culture musicale japonaise, et plus particulièrement le jazz, on peut tomber sur des artistes au talent incroyable. Chez certains, comme Hiromi, la nationalité ne transparaît pas dans le jeu (d'autant que le jazz, même s'il puise ses racines aux États-Unis, est plutôt un genre dont l'origine n'est pas évidente à la simple écoute). Chez d'autres, comme pour le groupe Trix, elle est explicite et affirmée. Elle se traduit généralement par l'usage en quantité plus ou moins mesurée de sonorités synthétiques et électroniques.

Originaire de Tokyo, le groupe propose du jazz fusion dans ce qu'il y a de plus envoûtant, susceptible de plaire à tous les fans de musique de jeux-vidéo japonais type « Sonic », mais également à ceux qui n'ont pas d'affinité particulière pour ce type d'univers. Par contre, rien n'est garanti pour ceux pour qui cela provoque une aversion épidermique.

« Double Up » annonce la couleur : claviers très marqués par les années 80 avec toujours le risque d'être un peu kitsch. Cela peut provoquer une réaction expéditive mais, mis à part ces synthé qui peuvent parfois sembler has-been (le meilleur exemple serait « Fire », voire le latino « Smile »), il faut souligner la qualité des cordes. Une guitare au son rond qui vient enrober les mélodies et surtout une basse dont la présence est bien mise en valeur (cf. サムライ), une constante dans le jazz fusion. On peut penser, de prime abord, qu'il s'agit de j-rock trivial, exclusivement dédié à un usage vidéo-ludique. Mais, c'est sans compter la suite des morceaux qui dérivent rapidement en improvisations jazz endiablées.

À l'écoute de « Good Luck » on se voit transporté à la place du célèbre hérisson bleu de Satoshi Tajiri, à serpenter à toute vitesse les chemins sinueux, parsemés d’embûches et bariolés de couleurs vives. C'est un morceau vivifiant et tonifiant dont les touches de synthétiseur rappellent immédiatement la BO du jeu Sonic Heroes sorti en 2003. Le pont musical funky, vers la moitié du morceau, est vraiment un des meilleurs moments de l'album, malgré sa courte durée. Un titre comme « Jungle Circuit » ne peut que laisser supposer une volonté de rendre hommage. Avec ces cliquetis de synthé, cette basse dodelinante qui apporte tout le rythme au morceau, et cet aspect très carré et posé, on se croirait cette fois dans un Sonic premier du nom à courir après les « rings », tournoyant sans cesse.
Certains morceaux sont très marqués par le rock comme « Recollection », dont les riffs et mélodies ne sont pas sans rappeler le style sans fioriture de Satriani. Un des moments de gloire de Komoguchi et un plaisir pour l'auditeur.
Parmi les morceaux les plus fortement influencés par le jazz fusion, on peut citer l'étrange « Malaga », avec ses effets robotiques discrets mais non dénués d'intérêt, son thème ambigu, sa ligne de basse d'une régularité presque mécanique et ses improvisations Hancockesque souvent « out ». Il y a aussi « Christmas Flower » dont le thème jouasse nous plonge une fois de plus au beau milieu d'un jeu vidéo, et qui, par la suite, nous gâte des soli jazzy inspirés enrichis pas des substitutions d'accords qui marquent le passage d'un genre à un autre.

Nous avions parlé de l'aspect carré de certains morceaux et il est vrai que l'on peut reprocher à l'ensemble d'être un peu convenu, on avouera aussi que certains thèmes sont un peu naïfs et que le côté fusion empiète un peu trop sur le terrain du jazz (bien qu'il soit toujours difficile d'établir des frontières radicales entre les genres). Mais l'énergie qui s'en dégage nous fait oublier bien vite ces quelques détails.
Il ne serait pas judicieux de conseiller « Re:Trix » à n'importe quel auditeur, même manifestant quelques sympathies pour le jazz. L'esthétique de l'album est, en effet, tellement particulière et son attrait japonisant plus qu'évident, car c'est ce qui sert de support à chacune des compositions et ce qui justifie l'appellation « Fusion ». Au final, ce qui est intéressant, c'est la manière qu'a Trix de passer le jazz à la moulinette de cet univers.

Note réelle : 3,5 en étant un peu sévère.

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   TEEMO

 
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- Yuya Komoguchi (guitare)
- Noriaki Kumagai (batterie)
- Hiroshi Kubota (clavier)
- Mitsuru Sutoh (basse)


1. Double Up
2. Recollection
3. サムライ
4. Fire
5. Malaga
6. Jungle Circuit
7. Puma
8. Passion
9. Christmas Flower
10. Smile
11. Good Luck
12. 敦煌



             



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